Terrorisme: 60 véhicules camerounais saisis au Nigeria
Douala, 21 mai 2013
© Salomon KANKILI | Le Messager
L’insécurité s’est emparée du Nord-Nigeria. Afin de contrer la menace terroriste persistante, et le Boko Haram en l’occurrence, le président Goodluck Jonathan a dû décréter l’Etat d’urgence dans les Etats de l’Adamawa, Borno et Yobo. Problème : la décision étatique semble avoir plombé davantage les échanges commerciaux avec le Cameroun. Même que le discrédit est jeté sur les cargaisons en transit vers le Cameroun. Plus que par le passé, tous les trafiquants et autres commerçants camerounais sont sommés de présenter pattes blanches sous peine d’être taxés de terroristes. Abdoul Hakim, un commerçant basé à Maroua raconte. «Nous sommes bien fouillés jusqu’au sous-vêtement parce que les policiers croient que nous sommes armés. Toutes nos marchandises sont également fouillées, les raisons qu’on nous avance c’est que des bombes peuvent être cachées là-dedans». Aux dires de Hamza, un autre commerçant camerounais à Ngaoundéré, «il faut montrer maintenant un passeport en règle avant d’entrer au Nigeria. Avant ce n’était pas comme ça, on pouvait entrer et sortir sans passeport. Si vous n’avez pas de passeport on vous arrête parce que tout le monde est suspecté».
Comme Hamza et Abdul Hakim, des centaines de commerçants camerounais disent enregistrer des pertes énormes du fait de ces contrôles nigérians. Dorénavant, le transport des cargaisons est effectué sur des voies de contournement. Mais c’est sans compter sur les transitaires qui en profitent pour tirer les prix de transport vers le haut. Quoiqu’il en soit, la police nigériane veille au grain.
Manu militari
Le dernier coup de force en date remonte au 6 février 2013. Soixante (60) véhicules camerounais sont saisis en même temps que cinquante (50) de nos compatriotes, convoyeurs de ladite cargaison en provenance de l’Afrique de l’Ouest. L’arrestation a lieu dans l’Etat de Jigawa, précisément à Doutse, la capitale de l’Etat nigérian en question. Conduits manu militari dans un poste de police, les trafiquants camerounais vont être gardés en geôle avant d’être remis en liberté le 11 février 2013, suite à l’intervention persistante de l’ambassadeur camerounais au Nigeria, Salahedine Abbas Ibrahim. Le diplomate camerounais peine jusqu’à ce jour à faire fléchir le chef de la police nigériane, lequel s’est interdit de restituer les véhicules saisis aux camerounais. Le hic, si l’on en croit un transitaire joint au téléphone, c’est que les documents présentés aux forces nigérianes indiquent une double destination : Tchad et Cameroun. Il s’agirait selon toute vraisemblance d’une trajectoire jugée suspecte en matière de livraison d’armes à la secte islamique Boko Haram. Le Messager n’a pas pu recueillir directement les explications de l’ambassadeur du Cameroun au Nigeria. Selon une source policière dans l’Extrême-Nord, «nous n’avons pas qualité d’intervenir au Nigeria ? C’est une affaire diplomatique».
Pourquoi la police nigériane s’obstine-t-elle à garder les véhicules depuis plus de trois (3) mois ? Ces engins contenaient-elle des armes de guerre lors de la saisie ? Autrefois accusé de servir de base arrière à Boko Haram, le Cameroun est-il considéré comme une réelle menace terroriste ? Le flou persiste sur les motivations de la police nigériane. Au regard de l’actualité brûlante au Nigeria marquée par l’Etat d’urgence décrété par le président Goodluck Jonathan, la fin du calvaire pour les trafiquants camerounais n’est pas pour demain.
Salomon KANKILI
© Salomon KANKILI | Le Messager
Les
engins en transit au pays de Goodluck Jonathan sont suspectés de
transporter des bombes et des armes appartenant à la secte islamique
Boko Haram.
L’insécurité s’est emparée du Nord-Nigeria. Afin de contrer la menace terroriste persistante, et le Boko Haram en l’occurrence, le président Goodluck Jonathan a dû décréter l’Etat d’urgence dans les Etats de l’Adamawa, Borno et Yobo. Problème : la décision étatique semble avoir plombé davantage les échanges commerciaux avec le Cameroun. Même que le discrédit est jeté sur les cargaisons en transit vers le Cameroun. Plus que par le passé, tous les trafiquants et autres commerçants camerounais sont sommés de présenter pattes blanches sous peine d’être taxés de terroristes. Abdoul Hakim, un commerçant basé à Maroua raconte. «Nous sommes bien fouillés jusqu’au sous-vêtement parce que les policiers croient que nous sommes armés. Toutes nos marchandises sont également fouillées, les raisons qu’on nous avance c’est que des bombes peuvent être cachées là-dedans». Aux dires de Hamza, un autre commerçant camerounais à Ngaoundéré, «il faut montrer maintenant un passeport en règle avant d’entrer au Nigeria. Avant ce n’était pas comme ça, on pouvait entrer et sortir sans passeport. Si vous n’avez pas de passeport on vous arrête parce que tout le monde est suspecté».
Comme Hamza et Abdul Hakim, des centaines de commerçants camerounais disent enregistrer des pertes énormes du fait de ces contrôles nigérians. Dorénavant, le transport des cargaisons est effectué sur des voies de contournement. Mais c’est sans compter sur les transitaires qui en profitent pour tirer les prix de transport vers le haut. Quoiqu’il en soit, la police nigériane veille au grain.
Manu militari
Le dernier coup de force en date remonte au 6 février 2013. Soixante (60) véhicules camerounais sont saisis en même temps que cinquante (50) de nos compatriotes, convoyeurs de ladite cargaison en provenance de l’Afrique de l’Ouest. L’arrestation a lieu dans l’Etat de Jigawa, précisément à Doutse, la capitale de l’Etat nigérian en question. Conduits manu militari dans un poste de police, les trafiquants camerounais vont être gardés en geôle avant d’être remis en liberté le 11 février 2013, suite à l’intervention persistante de l’ambassadeur camerounais au Nigeria, Salahedine Abbas Ibrahim. Le diplomate camerounais peine jusqu’à ce jour à faire fléchir le chef de la police nigériane, lequel s’est interdit de restituer les véhicules saisis aux camerounais. Le hic, si l’on en croit un transitaire joint au téléphone, c’est que les documents présentés aux forces nigérianes indiquent une double destination : Tchad et Cameroun. Il s’agirait selon toute vraisemblance d’une trajectoire jugée suspecte en matière de livraison d’armes à la secte islamique Boko Haram. Le Messager n’a pas pu recueillir directement les explications de l’ambassadeur du Cameroun au Nigeria. Selon une source policière dans l’Extrême-Nord, «nous n’avons pas qualité d’intervenir au Nigeria ? C’est une affaire diplomatique».
Pourquoi la police nigériane s’obstine-t-elle à garder les véhicules depuis plus de trois (3) mois ? Ces engins contenaient-elle des armes de guerre lors de la saisie ? Autrefois accusé de servir de base arrière à Boko Haram, le Cameroun est-il considéré comme une réelle menace terroriste ? Le flou persiste sur les motivations de la police nigériane. Au regard de l’actualité brûlante au Nigeria marquée par l’Etat d’urgence décrété par le président Goodluck Jonathan, la fin du calvaire pour les trafiquants camerounais n’est pas pour demain.
Salomon KANKILI