La
peur s’est installée dans le pénitencier alors que cinq gardiens de
prison sont gardés à vue, et que deux bâtiments dédiés aux femmes ont
été incendiés.
Au lendemain de l’interpellation, mardi le 30 avril dernier des gardiens de prison, Joseph Amougou, Mme Bilong et l'intendant Akoa, absents de leur poste de travail et leur détention à la gendarmerie de Kondengui, l’ambiance sent le souffre à la prison centrale de Kondengui. Ces gardiens de prison sont en effet soupçonnés d’avoir joué un rôle dans l’évasion, dimanche, de trois détenus : Pascal Elanga, Biwolé et Ekodo.
Au lendemain de l'interpellation des gardiens de prison, plusieurs de leurs condisciples se disent prêts à demander des affectations dans d’autres pénitenciers. ce d'autant qu'il y a quelques jours, le gardien Wopiwo a été déféré au parquet mercredi dernier, après 10 jours de dtention à la PJ. Il est soupçonné d'avoir aidé une détenu, Baba Ousmane. «Dès qu’il y a évasion, on nous montre du doigt. C’est toujours nous qui sommes accusés de complicité. Si les responsables le font, c’est tout simplement parce qu’eux-mêmes savent que les conditions dans lesquelles nous travaillons ne sont pas bonnes.», rapporte un gardien de prison sous anonymat.
Et les gardiens de prison se sentent d’autant sous pression que, affirment-ils, « en moins d’un mois, 10 d’entre nous ont été interpellés : 5 après l’évasion de dimanche dernier, 3 avant et 2 autres pour l’évasion d’un faux policier » continue notre source selon qui, « c’est le manque de solidarité entre gardiens de prison qui fait à ce que jusqu’à ce jour, il n’y a pas de grève. Nos rations sont réduites. Sur une population d’environ 4500 prisonniers pour moins de 1000 condamnés, nous ne faisons pas le poids. Les chefs le savent et, au lieu de voir ce qui fait problème, ils nous accusent d’aider les prisonniers à s’évader. Ceci alors qu’ils savent très bien que les infrastructures de la prison gagneraient à être revues», fulmine-t-il.
Une alerte d’autant plus difficile à passer que, le bâtiment se fermant de l’extérieur, il devenait difficile de faire sortir les femmes. Il a ensuite fallu chercher le « seul by Text-Enhance">extincteur » de la prison avant de se résoudre à appeler les sapeurs pompiers qui sont venus à la rescousse sans pour autant parvenir à sauver les deux bâtiments ainsi envahis par les flammes. Une situation qui a été à l’origine d’un branle-bas général dans cette partie de la prison où, malgré les tentatives de recasement des femmes détenues, une trentaine a dû passer la nuit à la belle étoile, déboussolées et ayant tout perdu dans l’incendie.
Et ce n’est pas la décente sur les lieux du Secrétaire d’Etat à la défense (Sed), Jean Baptiste Bokam et Le secrétaire d'Etat au ministère de la Justice chargé de l'Administration pénitentiaire, Emmanuel Ngafesson, qui a permis de rassurer les victimes de ce sinistre. M. Ngafesson a en effet, instruit le régisseur d’autofinancer la réfection du local des femmes. Une sortie pour le moins surprenante qui inquiète les détenus qui y voient la porte ouverte à toutes sortes d’arnaques et de racket de la part de leur bourreau pour satisfaire aux exigences de son chef. C’est dire que les beaux jours ne sont pas près de s’annoncer au sein de cette prison.