L’entreprise de Samuel Eto’o est loin d’avoir comblé les attentes des milliers d’abonnés qui l’avaient rapidement adoptée.
«Set mobile dont vous parlez existe même encore ? Donc ça existe toujours ? » Le conducteur de moto qui nous transporte en cette mi journée de lundi est tout étonné de savoir que nous nous rendons au siège de l’entreprise créée en 2011 par Samuel Eto’o Fils, le génial footballeur camerounais. Notre ami s’interroge comme beaucoup d’autres personnes qui n’entendent plus parler de promotions, ne voient presque plus de points de vente ou de vendeurs. Le point de vente jadis très fréquenté du lieu-dit Sacré-Coeur à Douala ne fonctionne plus. Il est fermé depuis un moment déjà.
Mais l’on peut retrouver un point de vente au siège de Set Mobile, situé au quartier Koumassi. Est ce là que s’approvisionnent les responsables de la radio Rsi ? Ils sont en tout cas parmi ceux, de plus en plus rares, qui utilisent encore la puce « Set Mobile ». Ce n’est plus le cas pour cet homme de média. « J’ai eu juste le temps de dépenser les mille francs de crédit qu’il y avait dedans », dit-il. Un expert a vite fait son diagnostic : « ça ne marche pas. Ça fonctionne au ralenti. Le business n’est pas florissant.
L’engouement du début n’est pas le même aujourd’hui ». Mais que se passe-t-il donc ? Qu’arrive-t-il à Set ? Le Jour a voulu entendre les dirigeants de la nouvelle structure de télécommunications. Pas moyen de faire réagir quiconque. L’on fait dire au reporter maintenu à la guérite que « le directeur général n’est pas là ». C’est une dame, celle que le vigile en poste présente comme la directrice générale adjointe, qui peut répondre à nos questions. Dans un premier temps, il nous fait dire qu’elle nous propose de revenir dans quelques jours.
Plus tard, après que nous ayons insisté, elle répond qu’elle ne peut pas parler de tout et qu’il vaut mieux attendre le retour du Dg pour lui poser nos questions. Mais en attendant les réponses, il ne serait pas moins intéressant de revenir sur quelques événements qui ont marqué la vie de cette jeune entreprise ces dernières années. Des moments pas toujours glorieux.
Le « premier opérateur virtuel au Cameroun » (mobile virtual network operator -MVNO-) a connu deux mouvements d’humeur en 2012, l’année du lancement officiel de ses activités. Pour n’être pas rentrés dans les frais après avoir déboursé 210 millions au titre de l’investissement, ils avaient organisé des marches de protestation devant le siège à Douala et en face de la représentation Centre-Sud et Est, à Yaoundé. Des employés aussi réclament leurs salaires. Ce qui fait déchanter les admirateurs de ce nouveau venu qui espérait atteindre les 3% de parts de marché à l’horizon 2014 et un chiffre d’affaires de près de 20 millions d’euros.
Des spécialistes relèvent plusieurs erreurs commises par les gestionnaires de Set Mobile. D’abord la minute de communication qui dès le départ est revenue plus chère que le tarif proposé par les concurrents Mtn et Orange. 70 francs Cfa contre les 50 et 60 francs pratiqués par les autres. Et cela va durer un an. L’on reproche au produit d’Eto’o Telecom de ne s’être pas réduit à séduire certaines catégories comme les jeunes et les ethnies. L’entreprise de l’ancien capitaine des Lions indomptables devait de l’argent à son partenaire Orange. La dette de 300 millions a plombé les négociations devant aboutir à l’évolution du partenariat.
Set Mobile qui s’est appuyée sur les installations techniques d’Orange Cameroun a aussi connu des turbulences en interne. Courant mars 2013, l’on apprend que le directeur des affaires financières, la responsable des ressources humaines sont licenciés pour « trafics de services divers et distraction de fonds ». Avant eux, c’est Georges Dooh-Collins, l’ex- directeur général adjoint de l’entreprise, qui passait à la trappe. Plus tôt, c’est l’administrateur directeur général Charles Gueret qui avait été limogé en septembre 2012 à cause des mauvaises performances de la compagnie de Samuel Eto’o Fils. On ne peut pas dire que les premiers pas du bébé du goleador des Lions indomptables du Cameroun se soient faits dans la sérénité.