Tchad: l’Assemblée Nationale dépénalise les délits de presse.
Tchad: l’Assemblée Nationale dépénalise les délits de presse.
Préserver la liberté de la presse, tout en responsabilisant les journalistes. C’est l’objectif visé par la nouvelle loi sur les délits de presse votée le 18 août 2010 par l'Assemblée nationale tchadienne.Cette dernière a adopté mercredi dernier une nouvelle loi sur la presse jugée moins répressive que les mesures prises après une tentative de renversement du régime en 2008 et qui dépénalise les délits de presse. La loi a été votée par 82 voix contre 2, l'opposition (11 voix) s'abstenant. Néanmoins, des peines d’emprisonnement de 6 mois à un an, des amendes de 100 000 à 1 million de francs CFA (150 à 1 500 euros) ainsi que des suspensions de parution de six mois sont introduites pour des "crimes" comme l'incitation à la haine raciale ou ethnique et l'apologie de la violence.
Selon Reporters Sans Frontière (RSF) dans un communiqué rendu public hier, "Personne n'est dupe, les autorités tchadiennes prétendent avoir effectué une avancée majeure en proposant la dépénalisation des délits de presse mais les peines de prison pour les journalistes n'ont pas disparu puisqu'elles sont supprimées d'un côté et réintroduites de l'autre. S'il entre en vigueur après promulgation par le chef de l'Etat, ce texte placera une épée de Damoclès sur la tête des journalistes et des médias tchadiens. Le gouvernement reprend d'un côté ce qu'il donne de l'autre", a déclaré l'organisation
Les députés de l'opposition affirment quant à eux que les peines prévues poussent la presse tchadienne à disparaître. Le député Ali Golhor a trouvé que plusieurs articles constituent une épée de Damoclès suspendues sur la tête des journalistes. Pour sa part, le député Saleh Kebzabo le trouve illogique et anachronique. Comme son collègue Golhor il en appelle à la suppression de toutes les sanctions
Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Kedalla Younous Hamid, estime pour sa part que la nouvelle loi est "équilibrée". "Elle dépénalise les délits de presse et responsabilise en même temps les journalistes. C'est une avancée pour la démocratie", a-t-il commenté.
En juin, l'Assemblée nationale avait rejeté le texte en première lecture le jugeant trop sévère
Une avancée tout de même en Afrique
L'on se rappelle que le 4 juin dernier, a junte militaire au pouvoir au Niger avait adopté un texte qui dépénalise les délits de presse. Au Niger, Le journaliste condamné pour délit de presse n'est plus envoyé en prison mais écope d'une amende, avait précisé M. Diallo, soulignant que "la dépénalisation ne signifie cependant pas une carte blanche aux journalistes pour en faire à leur tête".
Le secrétaire général de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Abdou Diouf, avait exhorté,au début du mois dernier à Dakar, les pays de l'espace francophone à dépénaliser les délits de presse et appelé les journalistes à s'armer de responsabilité. L'on espère que cet exemple Nigerien, Tchadien pourra servir d'exemple au voisin le plus proche au sud du Tchad qui laisse mourir les journalistes en prison sans même être jugés.