Sûreté Nationale : Des policiers ripoux prennent le commandement

Cameroun - Sûreté Nationale : Des policiers ripoux prennent le commandementMartin Mbarga Nguélé, le chef de ce corps de commandement et d’administration, est l’otage de deux officiers de Police de 2è grade qui exercent dans son cabinet.

Leurs agissements répréhensibles ont fini par consacrer l’unanimité contre eux. Le nommé Meva, attaché au cabinet du Délégué général à la Sûreté nationale, et le bien nommé Isidore Nguélé Medza, secrétaire particulier du patron de la Police, n’auraient pas leur pendant dans les autres administrations. Les deux officiers de Police de deuxième grade paraissent s’être insidieusement substitués à Martin Mbarga Nguélé, le chef de ce corps de commandement et d’administration placé sous l’autorité du Président de la République auprès de qui il rempli une mission permanente d’information et de renseignement, pour le fourvoyer.

Si on accorde du crédit à certaines indiscrétions entendues au sein de la police, la délation est leur arme principale. Elle est redoutable et opère manifestement, et malheureusement son charme morbide sur le garant de cette force régulière chargée d’assurer le respect, la protection des institutions, des libertés publiques, des personnes et de leurs biens. Les deux comparses, selon des sources internes à la Dgsn, ont volontiers fait siens le crédo de la lutte contre la corruption dont ils en ont une interprétation et une considération très particulières. C’est par ce truchement qu’ils auraient entrepris de procéder à des règlements de comptes. Leurs victimes ne se compteraient plus. Les cibles de ces deux officiers de police qui passeraient eux-mêmes pour être des grands corrompus, selon divers témoignages à la Dgsn, sont tous grades confondus, des fonctionnaires de ce corps qui concourt à la défense nationale et à l’exercice de la police administrative et de la police judiciaire.

Une enquête et un sondage discrètement menés à la Dgsn ont permis de mesurer la cote d’impopularité de ces policiers qui ne jouissent spécialement pas de la considération de leurs camarades, lesquels malheureusement, n’ont pas leurs privilèges. Cette situation navrante dont ne s’empressent pas de dissimuler les auteurs qui n’éprouvent aucun scrupule, a fini par délier les langues des lésés pour compte.

Traitrise

Aussi, des actes de concussion sont révélés ci et là qui impliquent jusqu’au cou les deux comparses, qui savent pouvoir indéfiniment bénéficier de la confiance absolue de leur patron. Des morceaux choisis de leurs hauts faits, on apprend de source policière, que récemment, l’officier de police Isidore Nguélé Medza aurait fait obligation à un prestataire de services qui sollicitait un marché pour la confection et la livraison d’uniformes à la Police, de lui offrir un bien immeuble, notamment une villa au quartier Mélen à Yaoundé. La transaction avait été honorée. Des faits qui remontent à quelques années, il ressort que cet officier de Police, indexé comme faisant partie de la fine fleur des fonctionnaires ripoux de ce corps qui se veut pourtant noble et digne, aurait extorqué une somme de 20 millions de F Cfa à un fonctionnaire des régies financières. Il aurait promis au gogo le mirifique strapontin de Sous-directeur des Finances et du budget à la Dgsn.

Ces prouesses n’auraient, hélas, jamais été sanctionnées par la hiérarchie où trône son oncle. Le patron de la Police aurait, fait très spécial, également fermé les yeux sur le fâcheux incident qui avait délesté son neveu de son arme de poing. Le pistolet automatique (Pa) de l’officier de police avait été arraché par des malfrats aux tréfonds d’un quartier malfamé de Yaoundé. Plus récemment, le sieur Isidore Nguélé Medza s’est encore négativement illustré dans une affaire qui impliquait un camarade. L’arrestation par ses soins de l’officier de Police Ndoma Nguini du Groupement spécial opérationnel (Gso) dans des conditions troubles, a fait du bruit dans les cercles des policiers. Le malheureux officier de police ne voulait autre chose que d’apporter son aide à une dame du côté du lieu dit « deux chevaux », à Yaoundé éplorée par l’assassinat de sa fille.

Le policier outillé pour ce genre de cas, avait sollicité de la famille affligée une mobilisation financière, comme ce serait un usage au sein de tous les corps de sécurité pour éviter les lenteurs et tracasseries administratives, qui font inutilement perdre le temps compte tenu de l’urgence, afin de mettre une équipe en mission pour Bamenda où ses sources l’avaient briefé sur le point de chute des malfaiteurs. Malheureusement, il semble que pour des considérations libidineuses compliquées qui auraient eu cours au cours de ces préparatifs, l’armurier du Gso se retrouvera au coeur de sérieux ennuis. Un homme d’église, proche d’Isidore Nguélé Medza, aurait été à la manette du tracas de l’officier de police du Gso. Le Secrétaire particulier ne se serait pas fait prier pour aller « charger » son camarade chez le Délégué général de la Sûreté Nationale qui lui a tout naturellement confié la mission, lesté de moyens conséquents de mettre la main sur l’Op Ndoma Nguini après qu’une souricière mal élaborée lui ait été tendue par des camarades ripoux. Dans le cadre de la délivrance d’un passeport à un compatriote résidant dans la péninsule Ibérique, dans une situation de double et d’usurpation d’identité, un Commissaire de police principal en jupons aurait requis les services de l’officier de police Isidore Nguélé Medza. Elle comparait ces temps derniers devant le Parquet des tribunaux de Yaoundé pour corruption. L’officier de police avait pourtant assuré son chef crédule et imprudent, de sa disponibilité à lui rendre ce service. Contre espèces sonnantes et trébuchantes. 600.000 FCfa, selon nos informations auraient permis de conclure l’affaire. Il n’ya pas de corrupteur sans corrompu. 

Gombo

Le nommé Meva, officier de police de 2è grade, est dans le même répertoire que son comparse où ils jouent des partitions insanes. Son hobby consiste à traquer les pseudos policiers corrompus. Il userait de procédures peu orthodoxes qui défient l’éthique et la déontologie des procédures judiciaires. Par ce canal nauséabond, il aurait fait écrouer, sans véritables preuves, sans plaignants, une bonne brochette de fonctionnaires de Police tous grades confondus, soupçonnés d’appartenir à des réseaux de facilitation d’obtention  du passeport. « Quel policier, pour ce qui est de ce cas, jurerait n’avoir jamais aidé personne au cours de sa carrière ? », clame un fonctionnaire de Police. Il semble qu’il serait imprudent pour un policier de détenir aux heures de service, de l’argent, même dans les tiroirs de son bureau au risque de se voir dénoncé et conduit devant le Procureur de la République après un séjour involontaire dans les cellules d’une unité de Police.

Le propriétaire du Grand Vitara Suzuki de couleur grise (Ce 649 Ae), dont le domicile sis à Mvan ne désemplirait pas, rançonnerait également ceux qui se trouvent dans une situation de faiblesse, ou de détresse. Un inspecteur de Police, pour tenter de se sortir d’une situation bien embarrassante, s’est vu extorquer de l’argent. C’est à la faveur d’une affaire dans laquelle s’est empêtré un gardien de la paix principal présumé appartenir à un réseau tapi au sein de la Police des Frontières (Dpf). Le répertoire téléphonique du subalterne, maladroitement exploité par l’officier de police Meva qui s’est borné à n’y relever que les adresses de policiers ayant ou non un rapport avec la Dpf. Ces infortunés croupissent pour faits non établis, à la prison centrale de Kondengui à Yaoundé.

Le Courrier a appris d’une source carcérale, qu’un quartier spécial a même été crée au sein de cette institution pénitentiaire par son Régisseur qui n’a de cesse au quotidien de recevoir des policiers. Un internement qui interpelle forcément, quand on sait que le siège des institutions républicaines est devenu depuis quelque temps le terreau d’individus interlopes, qui laissent libre cours à leurs pulsions meurtrières faute d’opposition et de dissuasion. Joints au téléphone, les deux officiers de Police n’ont pas daigné décrocher. Ces deux comparses que l’Histoire jugera, faute d’être jugés par leur conscience, gagneraient, et ce n’est pas tard, à proposer à leur patron un peu fébrile et quelque peu susceptible, (compréhensible pour son âge), des stratégies à même de donner une autre image à ce corps chargé d’assurer la protection des biens et des personnes.

© Le Courrier : David Bebey Moukoury


19/03/2013
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