Sur l’inefficacité du « Budget-programme » de l’Etat du Cameroun
Le « budget-programme », économiquement inefficace, est le fruit d’un calcul politique et conforme aux exigences d’extraversion de l’économie camerounaise prônée par les « Partenaires au développement ».
« Une Loi des Finances qui boostera l’émergence du Cameroun à l’horizon 2035 ». Ce commentaire, diffusé par les autorités camerounaises, essaie de cacher l’inutilité du Changement de dénomination que le budget du Cameroun vient de Subir. Parce qu’il s’agit bien d’un simple jeu sémantique sur l’appellation de ce que l’Etat entend faire de l’argent qu’il percevra et dépensera au cours de l’année 2013.
La nouvelle dénomination implique, sur le plan de la gouvernance, l’extension du gaspillage des ressources publiques sur trois ans. Engager des dépenses sur trois ans, c’est d’abord les rendre toujours davantage colossales, donc à la dimension des entreprises de grandes tailles, qui se recrutent principalement parmi les multinationales.
C’est une réponse directe aux attentes des Institutions de Brettons Wood. Les PME-PMI nationales verront leurs chances s’amenuiser, car les marchés, désormais surdimensionnés, leur seront refusés pour défaut d’expertise, de capital…
Des arguments qui ont jusqu’ici bien fonctionné et qui prendront un coup d’accélérateur. La conséquence directe, c’est l’affaiblissement du fleuron entrepreneurial national, la fuite des devises, le chômage. Sur trois ans, c’est également le pouvoir de contrôle des parlementaires, de l’opposition et de la société civile qui va pâtir. Il leur sera difficile de procéder à des contrôle longs, dépensiers et nécessitant une haute expertise dont ils ne disposent pas. Les subterfuges des responsables de Projets s’en trouveront multipliés.
Enfin, le budget-programme est une caricature des plans quinquennaux d’Ahidjo. En effet, les plans quinquennaux amenaient à encourager les investisseurs locaux, à subventionner certains secteurs sensibles (l’agriculture par exemple), et à réguler efficacement l’ensemble de l’économie. Sous le diktat des « Partenaires au Développement », et faute de souveraineté, ces paramètres sont minorés. C’est le règne de la débrouillardise chez les privés nationaux, alors que, au même moment, et ce depuis les évènements de février 2008, ce sont les importations qui sont subventionnées. Une façon ouverte de soutenir les producteurs d’ailleurs et de fragiliser les initiatives locales.
Rien qu’un tâtonnement supplémentaire …qui a
assurément coûté cher (réunions, symposium, séminaires de vulgarisation,
de sensibilisation et de renforcement de capacité, élaboration du
document, frais de mission divers…).Une brouille budgétaire pour faire
rêver le camerounais lambda ! Les enjeux sont plus politiques
qu’économiques. Le sens de l’effort ne doit pas pour autant s’estomper.
Au contraire, à force de braver les errances économiques des autorités
camerounaises, on acquiert une solide expérience dans les affaires, où
point où, lorsque le climat s’éclaircira, l’envol vers la vraie
émergence ne sera qu’un détail.