Supercherie - Gratuité de l'école primaire: Le Chef de l'Etat persiste à bluffer les Camerounais

Douala, 13 Février 2013
© Linda Mbiapa | Aurore Plus

Dans son discours prononcé dimanche le 10 février 2013 à l'occasion de la Fête de la jeunesse, Son Excellence Paul Biya a une fois de plus affirmé que l'école primaire est gratuite au Cameroun. Un mirage!

Son costume noir et avec une fière allure, le Chef de l'Etat Paul Biya; s’est adressé à la jeunesse dimanche le 10 février 2013 comme à l'accoutumée. Il s'est adressé d'abord à la jeunesse encadrée, c'est-à-dire à celle qui fréquente l'école, le collège, le lycée, l'université ou les grandes écoles. Tout en reconnaissant que l'Etat et leurs parents consentent de grands sacrifices pour assurer leurs progénitures, le Président de la République brandit fièrement avec grande assurance: «les budgets des départements ministériels concernés comptent parmi les plus importants de la République grâce à ces dotations qui représentent plus de 15 % du budget global, des établissements ont pu être construits, des enseignants recrutés et la gratuité appliquée dans le primaire. Ces jeunes doivent être conscients des efforts qui sont faits pour eux par la communauté nationale et de l’obligation de réussite qui en découle». De quelle gratuité appliqué, dans le primaire parle-t-il?

De quels efforts faits par la communauté nationale parle t-on quand de l'éducation de base aux enseignements secondaires, le phénomène d'arnaque, d'escroquerie ou de mendicité semble se généraliser? L'école primaire publique au Cameroun a toujours été payante. Des frais alloués aux évaluations de fins de séquences dans les écoles primaires font l'objet de toutes sortes de spéculations visant à enrichir les différents maillons de la chaîne des intervenants. Les frais d'Apee gonflent au fur et à mesure que l'on avance dans le temps. Alors de quelle gratuité appliquée dans le primaire se vante le Président de la République?, s'interrogent de nombreux géniteurs et même enseignants rencontrés au cours de notre descente dans les écoles. «C'est avec consternation que j’ai écouté le Chef de l’Etat s’exprimer dimanche dernier. Je suis institutrice et parfois dépassée par les frais injustifiés que la Directrice de l’école où j’office exigent aux parents», s'indigne Gertrude Leudeu, Maîtresse dans une école de la métropole économique.

A l'école publique de la Cité Sic Groupe I, les parents après l'inscription de leurs progénitures doivent payer les frais d'Association de parents d'élèves et des enseignants qui s’élèvent à 3000 FCFA et plus des frais exigibles pour les examens officiels, des apprenants des élèves du Cours Moyen (CM2). A en croire le responsable de l’établissement, en dehors de ces frais d'Apee, rien n'est plus demandé aux parents. Selon ce dernier, l’école est gratuite dans son groupe parce qu'on ne paie aucun frais durant l'inscription. A l’école publique d’Akwa groupe I, c’est le même son de cloche. Le refrain est le même dans les autres écoles de la cité économique. «Je pense que la gratuité de l’école primaire est effective uniquement dans l’esprit de notre Président qui par ailleurs se moque une fois de plus de nous. Il vaut mieux ne rien dire que de soutenir que la gratuité de l’école primaire est appliquée», se frustre Léopold Secrétaire dans une micro finance.

Rien n’est plus faux que de dire que l'école primaire est gratuite au Cameroun de Paul Biya. Le préambule de la loi N°96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la Constitution du 2 juin 1972 dispose: «l’Etat assure à l’enfant le droit à l’instruction. L’enseignement primaire est obligatoire (…)». Par ailleurs, l'article 2, al 1 et 2 de la loi N° 98/004 du 14 avril 1998 précise: «l’éducation est une grande priorité nationale. Elle est assurée par l’Etat». On le voit, malgré la suppression des frais de scolarité sommes toutes modiques, (1500 Fcfa) en 2001 par le Président de la République pour répondre aux exigences d'un contexte mondial prônant une Ecole primaire gratuite «Education pour tous» la gratuité de l'école primaire n'a jamais été qu'une option politique du gouvernement. Pire, depuis la suppression des 1500 FCFA les Directeurs d'écoles, les Inspecteurs de l'enseignement primaire et les Présidents d'Apee conditionnent l'inscription des élèves au versement obligatoire des montants parfois trois fois supérieures à celui supprimé.

L'école primaire est abandonnée aux parents d’élèves.



13/02/2013
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