Suisse/Cameroun : Une affaire d’arnaque secoue l’ambassade du Cameroun :: SWITZERLAND
Une victime de la fraude autour des prestations consulaires réclame le trop perçu. L’ambassade menace.
Le 12 décembre 2011, le Mouvement « Solidarité diaspora », dans une correspondance adressée à la Commission nationale anti-corruption (Conac), classait l’ambassade du Cameroun en Suisse au premier rang en matière d’arnaque au sujet des prestations consulaires. Notamment les frais de visas et passeports. Le pot-aux-roses découvert et sur la base des recadrages dictés de Yaoundé, les autorités de cette ambassade, au même titre de celles d’autres représentations du Cameroun en Europe, ont retoqué les tarifs.
Mais l’affaire n’est pas classée. Le 16 juillet dernier, l’une des victimes de « l’escroquerie » décriée écrit à l’ambassadeur Léonard Henri Bindzi pour réclamer le trop perçu. « Monsieur, je viens de constater que vous avez baissé le prix du passeport camerounais à 138 CHF [franc suisse, ndlr] alors moi j'avais déboursé 500 CHF.
Alors je viens par la présente vous réclamer de me rembourser le reliquat. Il est inadmissible que certains payent 500 et d'autres 138 CHF. Nous sommes tous des Camerounais et égaux. Voici mes cordonnées bancaires : Crédit Suisse 274784-40. A défaut de cela, je vous porte plainte ici en Suisse. Merci et salutations », martèle Pauline Sormany Ntolo.
La réplique de l’ambassade du Cameroun en Suisse est aussi rugueuse que curieuse. «Madame (…), vous n’avez jamais payé 500 CHF à personne comme frais de dossier de demande de passeport. Je vous renvoie à cet égard à vos calculs élémentaires pour vous en rendre compte (…). Le coût global du dossier de demande de passeport, même réduit à la suite de la décision du chef de mission de mai 2012 n’est pas du tout de 138 CHF, comme vous l’affirmez (…). Je voudrais vous rappeler que l’on ne fait pas des réclamations avec des chiffres inexacts et manifestement manipulés pour des fins inavouées ».
Brèche
L’ambassade poursuit : « L’ambassade a, dans l’intérêt du service ou des usagers, la latitude de prendre les décisions qu’elle juge bénéfiques et ces décisions ne peuvent, ni pour vous, ni pour aucun autre usager, avoir un quelconque effet rétroactif. A titre d’illustration, et pour votre gouverne, le coût de la carte nationale d’identité camerounaise avait été ramené à la veille de l’élection présidentielle de 2011, de 7000 Fcfa à 2000 Fcfa, pour permettre l’inscription sur les listes électorales du plus grand nombre. Avez-vous connaissance de demandes de personnes s’étant fait délivrer une carte nationale d’identité en 2010 et qui auraient engagé des démarches boiteuses pour se faire rembourser je ne sais quoi, sous le fallacieux prétexte de l’égalité des citoyens ? ».
Pour finir, l’ambassade du Cameroun en Suisse enfonce le clou : « C’est votre droit de faire ce qui vous plaît en Suisse ou ailleurs, comme vous vous y acharnez, avec vos commanditaires masqués, en vain, depuis longtemps. L’ambassade, qui n’est pas dupe de vos supercheries, elle ne se laissera pas distraire par vos invectives au téléphone et vos diverses basses manœuvres. Elle entend continuer à offrir aux citoyens camerounais de Suisse le service qu’ils méritent. Elle pourrait cependant, en cas de poursuite des actes innommables susmentionnés et malgré elle, faire valoir ses droits ».
Le choc entre cette camerounaise et la représentation diplomatique du Cameroun en Suisse, basée à Berne, ne serait qu’à ses prémices. Il n’est pas exclu que d’autres victimes de la majoration frauduleuse des frais de prestations consulaires s’engouffrent dans la brèche ainsi entrouverte.