Succession de Paul Biya : Et si l’histoire du G11 vous était (encore) contée

En réalité, quand on parle de G11, ce n’est point de la fiction. Il s’agit bel et bien d’une poignée de personnes physiques qui occupent toutes les strates de l’administration et qui sont soudées autour des concepts comme la Franc maçonnerie, l’Eboka, l’homosexualité et qui établissent des liens spirituels qui impliquent solidarité et obéissance.

 

Présenté par certains comme une nébuleuse, le G11 est une réalité ayant une forte emprise sur tous les secteurs de la vie nationale. Evocation...

2011. C’est l’année au cours de laquelle devrait se tenir les prochaines élections présidentielles au Cameroun. Si la Constitution n’avait pas été révisée, levant de fait le verrou de la limitation des mandats, le président de la République, Paul Biya, n’aurait pas eu l’opportunité de se présenter à ce scrutin. En tout cas, dans son entourage, il y a belle lurette que ses collaborateurs parmi les plus proches s’organisaient déjà pour se positionner en ordre de bataille pour sa succession. C’est ainsi que ces jeunes collaborateurs du chef de l’Etat ont été étiquetés comme appartenant à la génération 2011 qui planifiaient ainsi prendre le pouvoir en 2011, d’où la dénomination de G11 qui les colle si bien à la peau.

En clair, il s’agit de cette génération de jeunes cadres de l’administration qui se présentent comme étant des " quadra " à leur arrivée aux affaires, notamment au gouvernement, il y a quelques années. Ce sont donc des ministres de la République, des hauts cadres de l’administration, des hommes d’affaires qui estimaient, en toute légitimité prendre les rênes du pouvoir en 2011, pouvoir autour duquel ils gravitaient déjà. Parmi les têtes de file de cette génération 2011, figure en bonne place Polycarpe Abah Abah et Jean Marie Mebara.

Si ces 2 personnages n’ont rien de commun sur le plan de l’idéologie politique, l’on pense que de manière occasionnelle, ils pouvaient se mettre ensemble et concocter secrètement des stratégies de prise de pouvoir. S’agissant précisément de Jean Marie Atangana Mebara, sa position de secrétaire général de la présidence de la République - un poste qui a fait rêver plus d’un - le prédestinait à jouer le beau rôle. D’ailleurs, nos sources racontent que pour trouver une alternative à l’œuvre de Machiavel, " Le prince ", Jean Marie Atangana Mebara s’était alors procuré le livre de Sophie Coignard et de Marie-Thérèse Guichard intitulé " Les bonnes fréquentations, Histoire secrète des réseaux d’influence ". C’était d’ailleurs un cadeau d’un de ses proches parents, acheté au Drugstore Publicis du rond point des Champs-Elysées. L’application locale de cet ouvrage n’a pas tardé à se mettre en place. Pour se faire, des réunions sont organisées les jeudis et non les mercredis comme indiqué dans le livre. Le recrutement des jeunes cadres est lancé pour que ceux-ci occupent les postes stratégiques et juteux de l’administration. On comprend dès lors qu’il est question de se faire un trésor de guerre consistant.

Démarche

En réalité, quand on parle de G11, ce n’est point de la fiction. Il s’agit bel et bien d’une poignée de personnes physiques qui occupent toutes les strates de l’administration et qui sont soudées autour des concepts comme la Franc maçonnerie, l’Eboka, l’homosexualité et qui établissent des liens spirituels qui impliquent solidarité et obéissance. Dans le même temps, la stratégie consistait également à couper le chef de l’Etat de toutes les réalités, malgré les bulletins de renseignements concoctés par les services compétents. Des sources proches de la présidence de la République se souviennent encore de ce phénomène de trucage des notes de renseignements savamment mitonnées au secrétariat général de la présidence de la République pour salir des personnalités loyales vis-à-vis du chef de l’Etat.

En définitive, la démarche qui aura guidé le clan Jean-Marie Atangana Mebara se résume ainsi : "Arriver- S’entraider- Se fréquenter - Faire carrière - S’enrichir - Monopoliser -Conspirer - Se protéger - Militer -Devenir président. "Force est aujourd’hui de constater que si les piliers du G11 sont tombés avec leur incarcération dans les différentes prisons du pays, leurs différents réseaux mis en place sont encore vivaces et suffisamment dans toutes les strates de l’administration et de la société camerounaises. Preuve que la bombe qu’ils s’apprêtaient à faire exposer n’a pas encore été désamorcée. Elle reste intacte, prête à exploser à tout moment.

Ainsi donc, ces différents réseaux peuvent à tout moment s’accaparer de cette bombe et la faire sauter à tout moment. Aussi semble-t-il urgent pour la nouvelle équipe gouvernementale d’attaquer de front l’arme par laquelle le G11 a décidé de frapper l’administration camerounaise. Surtout qu’aujourd’hui, les pouvoirs publics ont commis une imprudence en laissant les mentors du G11 ensemble à Kondengui où ils peuvent accorder leurs points de vue et empêcher ainsi la manifestation de la vérité. On vient de le voir avec cette convergence de vue entre Jean Marie Atangana Mebara et Hubert Otélé au sujet de l’affaire Albatros. Un homme averti en vaut...

Charles Nwé

Génération 2011 : La grande ambition du clan

L’embastillement des piliers du G11 n’a pas suffi à décapiter leurs différents réseaux. La bombe n’a pas encore été désamorcée. Elle peut exploser à tout moment surtout avec cette proximité partagée par les piliers du Gll à Kondengui et leur relation avec l’extérieur à travers des téléphones portables.

On n’a pas fini de parler du G11 tellement le mouvement dispose des tentacules qui continuent à tenir des pans entiers de l’administration camerounaise. En fait, il s’agissait d’un système savamment monté pour faire main basse, le moment venu, sur les rênes du pouvoir. Et 2011 était la date fatidique pour s’emparer du pouvoir, à la faveur de la fin du 2ème septennat de Paul Biya à la magistrature suprême. En tout cas, au sein du G11, il ne faisait plus l’ombre d’aucun doute que Paul Biya ne se présenterait plus à une quelconque élection présidentielle.

De sa posture de ministre d’Etat secrétaire général de la présidence de la République, Jean-Marie Atangana Mebara, reconnu comme le principal animateur du G11, avait déjà une idée précise au sujet de la succession de Paul Biya qui ne pouvait l’échapper en 2011. C’est ainsi qu’on se souvient encore comme si c’était hier comment il usa de malice en retenant à dessein 2 notes d’informations spéciales adressées au chef de l’Etat et ayant trait à la théorie des mandats avec un travail élaboré d’un proche collaborateur à la loyauté avéré qui s’était assisté par un éminent juriste français.

Tout était alors parti d’une invitation spéciale du président Paul Biya au constitutionnaliste français, Guy Carcassonne en mai 2003. Celui-ci devait se pencher sur un travail sur la décentralisation. L’éminent juriste français devait également conduire une réflexion sur la théorie générale des mandats. A l’issue des travaux, la note adressée au chef de l’Etat restera bloquée dans les tiroirs du Sg/Pr. Dans la foulée, une note similaire d’un conseiller technique de la présidence de la République relative à la limitation des mandats ne connaîtra pas meilleur sort si ce dernier n’avait utilisé une voie parallèle pour que le document atterrisse sur la table du chef de l’Etat.

Il ne fait l’ombre d’aucun doute qu’en retenant ces notes d’information, Jean-Marie Atangana Mebara visait tout simplement à affaiblir le pouvoir politique de Paul Biya et surtout à raviver les batailles de positionnement pour l’après-Biya qu’il voyait commencer en 2011. On comprend aisément pourquoi le Sg/Pr n’était que l’épicentre de tous les trafics et tripatouillages qui ont régulièrement coupé le chef de l’Etat de la bonne information. En tout cas, c’était l’une des armes du G11.

Longues tentacules

Une démonstration claire sera servie aux Camerounais avec le gouvernement du 8 décembre 2004. Au sortir des élections présidentielles d’octobre 2004, le chef de l’Etat confie à Jean-Marie Atangana Mebara et Thomas Ephraïm Inoni la confection du nouveau gouvernement. Ils en profitent pour opérer des placements juteux où seuls sont invités à la conspiration des copains et des coquins. Dans ce casting, on note une inflation insoupçonnée de portefeuilles ministériels. Il s’agit en fait de faire entrer le maximum de ministres de la confrérie dont la seule mission est de bénéficier des avantages financiers qu’à traduire dans les faits la politique des Grandes Ambitions.

En réalité, ce qui compte le plus pour le G11 c’est de se constituer un important trésor de guerre en rendant l’administration inopérante. Sa paralysie était ainsi programmée. Et comment ? Dans sa stratégie de blocage du fonctionnement de l’administration, la mise sur pied des organigrammes inadaptés encore appelés squelettes était très importante pour les membres du G11. Ces squelettes élaborés jusqu’au niveau des directions et des divisions n’étaient autre qu’une astuce pour permettre aux ministres de compléter l’organigramme à sa guise. En d’autres termes, on enlevait au chef de l’Etat l’une de ses prérogatives essentielles : la nomination.

Les ministres de la nouvelle équipe gouvernementale avaient alors la latitude de placer les hommes du clan à tous les postes stratégiques, histoire de renflouer leur trésor de guerre en puisant à grandes mains dans les caisses de l’Etat. Une stratégie arrêtée de longue date pour paralyser l’administration, créer le cafouillage et la dilution des responsabilités.

Par la suite, l’histoire aura permis de se rendre compte que ces hommes avaient quelques caractéristiques particulières. S’il arrivait qu’ils soient compétents, ils se sont généralement illustrés par un enrichissement sauvage et météorique. Leur dada, le fractionnement des marchés accordés à des hommes liges ; les marchés fictifs. Ce sont également ces hommes du G11 qui ont fait de la généralisation de la corruption dans toutes les strates de la société camerounaise une norme. Ce sont toujours eux qui ont érigé la promotion de l’incompétence en règle d’or dans l’administration. C’est ainsi que l’ignorance des dossiers par ces hommes du clan bloque toutes les procédures qui auraient pu faire prospérer les différents projets.

Et le constat est clair. De nombreux projets restent au stade des études qui, on sait coûtent très chers. Peut-on nous dire aujourd’hui pourquoi le projet de construction du barrage de Memve’Ele tarde à prendre corps ? Qu’est-ce qui bloque le démarrage effectif des travaux de construction du barrage hydroélectrique de Lom Pangar ? Où en est-on avec le programme de reconversion économique de la banane plantain (Prébap) ? Ces grands projets dont la liste n’est pas exhaustive auraient pu faire du Cameroun un pays émergent si les hommes du G11 n’avaient pas bloqué l’envol de ces différents projets. Dans l’ombre doublement obscur de cette stratégie, il faut à tout prix démontrer que Paul Biya est un " roi fainéant ", impopulaire à travers l’inefficacité de son administration, truffée d’incompétents qui ne doivent leur place que par certaines pratiques comme l’homosexualité, la Franc Maçonnerie ou l’Eboka ... Tout ceci n’a pour finalité que de ternir davantage l’image du président Paul Biya.

Avec la chute des piliers du G11, on a plutôt l’impression que le président de la République tourne en rond puisqu’il ne s’est jamais attaqué de front aux longues tentacules des réseaux du G11 qui ont fait leur lit dans toutes strates de la société. L’on espère que le nouveau gouvernement, maintenant que le mal est localisé, mettra tout en œuvre pour désamorcer cette bombe qui peut exploser à tout moment. A bon entendeur...

C.N.

RDPC : Quand le G11 infiltre le parti de la flamme

Décidé à prendre en otage toutes les strates de la société camerounaise, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) était l’avant-dernière étape avant que le G11 n’accède au pouvoir suprême. Décodage à la lumière de l’ouvrage de Sophie Coignard et de Marie-Thérèse Guichard et de quelques faits d’armes.

« Les piliers du G11 semble avoir très bien assimilé la leçon de Sophie Coignard et de Marie-Thérèse Guichard contenue dans " Les bonnes fréquentations, Histoire secrète des réseaux d’influence ". Cet enseignement des 2 auteurs veut que l’adhésion au parti au pouvoir soit l’avant-dernière étape avant de " Devenir président ". A titre de rappel, comme l’indique le célèbre ouvrage des 2 Français devenu pour les besoins de la cause le livre de chevet de Jean-Marie Atanga-na Mebara, la démarche pour " Devenir président " passe par 10 principales étapes : "Arriver - S’entraider - Se fréquenter - Faire carrière - S’enrichir - Monopoliser- Conspirer-Se protéger- Militer- Devenir président ".

De l’avis de certains analystes politiques pointus, le G11 depuis quelques années aura scrupuleusement suivi cette démarche. Pour eux, les différents complots et scandales jusqu’ici relayés par les fins limiers de votre journal illustrent bien cet environnement de duplicité, de coups bas et de conspiration entretenu par les affidés du G11. Mieux, soutiennent-ils encore, les partisans de Jean Marie Atangana Mebara auraient compris qu’on ne peut accéder à la magistrature suprême au Cameroun qu’en contrôlant les arcanes du parti au pouvoir. Un peu comme au Gabon où il est clairement démontré que certains barons sont aujourd’hui en difficulté dans la course à la présidentielle parce qu’ils sont sortis du Parti démocratique gabonais(Pdg).

Selon encore ces mêmes analystes, la maîtrise de tous les rouages du Rdpc par le G11 est indispensable, ce d’autant plus que l’opposition camerounaise continue d’afficher à la face du monde son irresponsabilité et surtout son immaturité à travers un seul langage, celui de la guerre. Pour cela, le Rdpc qui est une véritable machine à élire et qui est le mieux représenté sur l’étendue du territoire peut assurer une meilleure accession au pouvoir.

Au niveau du Comité central où l’on ne semble pas du tout avare en commentaires, après la sortie médiatique la semaine dernière d’un haut responsable du Rdpc qui s’exprimait dans les colonnes d’un quotidien de la place au sujet de la levée de l’immunité parlementaire du député de la Mefou et Afamba, Dieudonné Ambassa Zang, certaines mauvaises langues ont vite fait de voir aussi dans les propos de haut cadre du parti, des messages d’amitié et d’affection envoyés aux piliers du G11 actuellement incarcérés à la prison centrale de Kondengui. Des sources proches du Comité central du Rdpc indiquent cependant que, pour mieux appréhender l’impact du G11 sur le parti de la flamme, il faut surtout se remémorer le congrès extraordinaire du 21 juillet 2006. Pour la petite histoire, pendant que la plupart des responsables et autres membres des différentes sous-commissions chargées de l’organisation du Congrès extraordinaire s’attelaient à faire de ces assises du parti un succès éclatant, dans les couloirs et les antichambres du palais des Congrès se jouait un drôle de film où les têtes d’affiche du G11 étaient les principaux acteurs.

D’ailleurs, le casting semblait en place dans les différentes sous-commissions où les mentors du G11 auront réussi le tour de force d’infiltrer des hommes de main et de faire feu de tout bois pour empêcher le succès de l’organisation du Congrès extraordinaire du Rdpc de ce 21 juillet 2006. C’est ainsi que le comité d’organisation, à cause du refus de certains responsables de mettre à la disposition des organisateurs les clés de la salle des ordinateurs a dû recourir à des ordinateurs d’occasion pour sauver les meubles.

D’ailleurs, indiquent des sources proches du Comité central, en prévision à d’autres actes de sabotage, les responsables du secrétariat du Congrès ont dû aussi changer toutes les serrures des bureaux. Selon ces mêmes sources, tous ceux qui ont été soupçonnés d’être les proches de l’ancien secrétaire général du Comité central du Rdpc, Joseph Charles Doumba et participé au succès retentissant de cette grand’messe du parti auront été par la suite les principales cibles du G11. Il s’agit de l’ancien ministre d’Etat au Développement urbain et de l’Habitat, Charles Etienne Lekene Donfack, de l’ancien ministre des Forêts, Tany Mbianyior et de l’ancien ministre des Sports, Dieudonné Philippe Mbarga Mboa. Aujourd’hui, certaines indiscrétions en provenance du palais des Congrès indiquent des rapports exécrables entretenus par les principaux responsables du Rdpc. Nous y reviendrons.

F.O.

Article publié en 2009 par www.aeud.fr



11/04/2010
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