Succession à Etoudi : A comme Ahidjo, B comme Biya et C comme Cavaye

Cameroun - Succession à Etoudi : A comme Ahidjo, B comme Biya et C comme CavayeCavaler, c’est trop dur…

Il se raconte que le chef de l’Etat, président du parti de la Flamme a jeté au feu, le projet de candidature au Sénat, de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yéguié Djibril.

Qui ne connait Barry Brown dans les milieux show à Yaoundé ? Les amateurs des cabarets eux le connaissent. Moi aussi je me souviens de cet ancien jeune homme - aujourd’hui adulte certainement - filiforme à la Yannick Noah d’autrefois. Du temps où nous autres étions étudiants, il rentrait dans toutes les boites de nuit, s’imposait au milieu de la piste de danse et cavalait à la « Bob Marley » à qui il ressemblait d’ailleurs par son look, côté rastafarian, avec ses dreadlocks. A l’époque, il disait dans une de ses chansons ne pas vouloir « sucer le  bonbon dans son emballage ».

Il disait aussi - il le chante encore dans les cabarets aujourd’hui - que le maître d’éducation physique de l’Assemblée Nationale avait une vision simplice de la succession à la tête de l’Etat. Une succession fondée sur l’ordre alphabétique des patronymes, en fait. Le nom du premier président de la République du Cameroun commençait par la lettre « A » : Ahmadou Ahidjo, le Malien. Il nous a légué son effigie sur les billets de 10 000 Fcfa d’autrefois. Le nom du second commence par la lettre « B » : le beau Biya Bi Mvondo Paul Barthélémy (n’en déplaise aux petits jaloux aigris). Ceci dit, le Pan espère que la lettre suivante dans l’alphabet étant « C », il reviendrait de droit à un conard, fut-il un cavalier yéyé, d’hériter des rennes du pouvoir. Ce qui explique son loyalisme ostentatoire et calculé aux institutions -pardon : à l’homme-lion -. Le voilà se lançant à bout de souffle dans la course au Sénat, comptant sur l’appui du petit piment de Mvomeka. Tiens !

Ce faisant, le Pan avait étourdiment perdu de vue quelques paramètres. D’abord, il n’y pas que l’alphabet français. Et tous les alphabets ne suivent pas le même ordre. Regardez l’alphabet grec par exemple. Normal : qu’est-cequ’il en sait, le Meps (maître d’éducation physique) ? Secundo : « Les yéyés n’ont pas de place au Cameroun », a dit, en son temps, le sage Ahmadou Ahidjo. Le troisième paramètre est lié au défaut de rigueur inhérent à ce qui, dans son attitude, ressemble au pari pascalien. Ce dernier se résumerait ainsi que suit : il vaut mieux croire, car on ne sait jamais. Dans un tel contexte, l’on oublie de se renseigner auprès de Dieu le père sur l’exigence requise pour le salut éternel. Et alors, on s’embarque dans une épreuve aveugle. Le cavalier ne s’est pas assuré au préalable du soutien de l’Homme-lion qu’il lui croyait acquis, l’on ne sait au nom de quoi. Au nom du gros coeur, certainement. Mal lui en a pris. Le voilà plastronnant, se risquant même déjà à des déclarations tonitruantes : « je ne démissionnerai de l’Assemblée nationale que quand je serai élu au Sénat». Que De La Fontaine est-il d’actualité : « on ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué » !

Successeur constitutionnel

La prudence eut conseillé à notre éminente personnalité de faire une lecture réfléchie des errements d’un acteur politique français. Ségolène Royal avait pris le risque de conspuer son partenaire politique et sexuel avant de s’être assuré la victoire sur l’adversaire de « la gauche », en la personne du très malin Nicolas Sarkozy. Sans tirer leçon de cette épreuve, elle jugea qu’il n’y avait pas meilleure représente des idées de gauche qu’elle seule. Sa confrontation avec Martine Aubry lui a peut-être appris la réserve. Que non pas. Après la résurrection  de François le Hollandais, une ambition manifestement démesurée lui prête des déclarations fracassantes où son entrée à l’Assemblée nationale française devait absolument être couronnée par l’occupation du prestigieux fauteuil de présidente de l’Assemblée nationale ! Au final, elle ne fut même pas élue pour entrer à l’assemblée nationale.

Oh, vanité humaine ! Le sort du cavalier yéyé de l’Extrême- Nord n’en est pas très différent, qui se voyait déjà successeur constitutionnel. Je connais une dame qui, dans ses rêveries mégalomanes, avait commencé à promettre les foudres de la géhenne à ses rivales et le ciel sans confession aux flatteurs et larbins. Ce, avant même d’avoir été promue au poste de responsabilité promis sur un canapé mais qui ne vint jamais. Faisons irruption dans le psychisme d’un cavalier yéyé. Objectif général : devenir un successeur constitutionnel. Actions nécessaires : faire preuve d’un larbinisme de haute facture ; indicateur objectivement vérifiable : dire une chose et son contraire s’il le faut ; période d’action : suivant les situations. Objectif spécifique : endormir la méfiance de l’Homme- lion ; action nécessaire : permettre d’aider le prince actuel à arriver au pouvoir le moment venu. Indicateur objectivement vérifiable : se déshabiller sur la place publique. Période d’action : lors du dépôt des candidatures pour l’entrée au Sénat. Que faut-il davantage : le vieux lion prodigue ses biens à ceux qui font voeu d’être siens

alpha Blondy

Le président du Sénat étant reconnu dans la Constitution comme la seconde personnalité du pays, l’homme ne veut pas se faire voler la vedette. Surtout, il revient au président du Sénat, suivant la même Constitution, d’assurer la vacance du pouvoir en cas de quelque chose. On en a vu ailleurs qui ont dit : « j’y suis, j’y reste ». Non, ne lui prêtons pas ce genre de projets vils. Il a trop de hauteur pour cela. Les autres ailleurs avaient des tronches d’usurpateurs. Et pourquoi d’ailleurs en arriver là si le statut de président de Sénat, ancien président de la République par intérim lui confère tous les avantages reconnus aux anciens présidents de la République ? Un traitement de charme, en somme, sans trop se casser dans des campagnes électorales exténuantes où le peuple vous donne rendez-vous au pied du mur, tel un maçon.

L’aura qu’à se la couler douce et à demander plus de longévité -de virilité ? - à Allah, le paradis terrestre était plus certain que celui du monde à venir. Seulement, nous n’en avons pas fini avec le discours de Barry Brown de la capitale, fils d’un notable béti de la ville de Yaoundé, le bien nommé Mbala Bounoung. Il déclare que le vieux lion nous a apporté la démocratie. Conséquence, il ne peut tolérer que les artisans de l’immobilisme - inertie comme il le dit lui-même - continuent à s’arroger des positions stratégiques, surtout sans coup férir. Et puis, pourquoi pensent- ils mieux les mériter que quiconque, pour avoir réussi l’exploit de profiter d’un parti politique qu’ils n’ont pas créé et qu’ils animent si peu ? Que le cavalier yéyé Djibril démissionne un peu du Rdpc et crée son propre parti comme l’a fait le gars Tchiroma et nous verrons si même son épouse acceptera de l’y suivre. Alors Barry Brown de la capitale chante, en parodiant volontiers le texte d’une chanson composée et exécutée par un artiste français que s’est appropriée l’Ivoirien Alpha Blondy à la recherche d’une inspiration. Il dit : « Cavayéyé, c’est trop dur, voler c’est pas beau… » Etc. etc. Nous vous convions à aller l’écouter dans les cabarets. Sans rancune.

© La Nouvelle : Ballaton Fazegue


18/03/2013
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