Subvention du carburant: 629 milliards FCFA dépensés en quatre ans!
DOUALA - 29 Mai 2012
© Alain NOAH AWANA | Le Messager
C'est le montant global des subventions de l'Etat sur les produits pétroliers depuis 2008. L'année dernière, le montant de ces subventions atteignait le plus haut niveau, avec 323 milliards FCFA. Une étude de la Banque mondiale vient démontrer qu'il faut une réforme de ces subventions, étant donné qu'elles ne profitent pas aux ménages les plus défavorisés.
© Alain NOAH AWANA | Le Messager
C'est le montant global des subventions de l'Etat sur les produits pétroliers depuis 2008. L'année dernière, le montant de ces subventions atteignait le plus haut niveau, avec 323 milliards FCFA. Une étude de la Banque mondiale vient démontrer qu'il faut une réforme de ces subventions, étant donné qu'elles ne profitent pas aux ménages les plus défavorisés.
La question de la subvention des
produits énergétiques, notamment les produits pétroliers, préoccupe plus
que jamais au Cameroun. La Banque mondiale, concomitamment avec le
Comité technique de suivi des programmes économiques, a rendu public les
résultats de l'étude sur les subventions de prix à la consommation au
Cameroun. De cette étude qui était présentée lundi 28 mai 2012 à
Yaoundé, l'on retient que l'Etat camerounais dépense énormément d'argent
pour subventionner les prix à la consommation dans le pays. En ce qui
concerne le carburant, il a déjà dépensé 629 milliards FCFA de 2008 à
2011.
La première année, lorsque le président de la République avait décidé de subventionner désormais les prix du carburant à la pompe, après les émeutes dites de «la faim», l'on avait casqué 138 milliards FCFA. L'année suivante, en 2009, la facture était moins lourde, soit 23 milliards FCFA. Avant de remonter en flèche en 2010, environ 145 milliards FCFA avaient été dépensés, selon les données de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph). Et l'année dernière, c'était le record absolu: 323 milliards FCFA.
Pour comprendre pourquoi des sommes aussi faramineuses sont dépensées, il faut revenir sur les différents produits subventionnés. Le taux de subvention du prix du super (essence), est de 13,81% par litre, ce qui fait dépenser à l’Etat un peu plus de 200 FCFA pour qu'il soit maintenu à 569 FCFA le litre. Quand on voit que des millions d'hectolitres de carburant sont consommés au Cameroun chaque année, on comprend mieux ces dépenses. Pour ce qui est du gasoil, pour qu'il soit vendu à 520 FCFA le litre, l'Etat accorde une subvention à hauteur de 250 FCFA, soit 20,88% de son prix. Le pétrole lampant quant à lui bénéficie de 29,12% de subvention sur son prix.
Pour quelle efficacité?
Dans les conclusions de l'étude, il est clairement dit que toutes ces subventions n'atteignent pas leurs objectifs. En décidant d'augmenter les subventions du carburant et des produits alimentaires (lire encadré) en 2008, le gouvernement visait l'amélioration du pouvoir d'achat des populations et la lutte contre la vie chère. «Si l'objectif était de protéger les ménages les plus défavorisés, l'on peut véritablement conclure que cet objectif n'est pas totalement atteint», peut-on lire dans la note de présentation de l'étude. A ce propos, il est proposé à l'Etat d'envisager une réforme de ces subventions. Car pour le moment, c'est plutôt aux riches propriétaires de voitures, qu'elles profitent, alors qu'ils sont une minorité. «Au total l’essentiel des subventions va chez les couches les plus favorisées», souligne-t-on dans le rapport.
Alors, que faire? Certains économistes pensent qu'il faut supprimer ces subventions. Une position rejointe par cette étude de la Banque mondiale et du Comité technique de suivi des programmes économiques. Certes, une suppression, même progressive, des subventions existantes va entraîner une hausse des prix. Mais, celle-ci n'est pas si importante qu'on voudrait le faire croire. Selon les conclusions de l'étude, l'effet sur les coûts de production est de très loin en dessous de 100%. S'agissant par exemple de la branche transport, entreposage et communication, les dépenses en produits raffinés ne représentent que 34,36%. Donc, une suppression des subventions pourrait se traduire par une hausse de 7,8% du coût du fonctionnement des entreprises de cette branche.
Les bénéfices économiques de la suppression des subventions sont importants. De plus, cela permettrait à l’Etat de pouvoir réaliser des économies budgétaires, de l'ordre de 2-3% (comme au Ghana, en Inde, ou en Jordanie) à 10-15% du produit intérieur brut (comme en Egypte, en Iran et en Arabie Saoudite). Par ailleurs, l'étude suggère d'utiliser plutôt ces ressources pour des programmes et des politiques plus efficaces, notamment dans des domaines comme l'aide aux agriculteurs, les transports publics, la santé et l'éducation, les transferts sociaux, etc. Enfin, cela permettrait d'éliminer les distorsions du marché et stimuler la production locale. La réforme ainsi suggérée aura certainement des coûts, surtout politiques. Ces coûts sont évidents et immédiats. Mais, les bénéfices se jouent sur un horizon plus long. Les décideurs camerounais sont avertis, eux qui sont très frileux au sujet des prix du carburant.
La première année, lorsque le président de la République avait décidé de subventionner désormais les prix du carburant à la pompe, après les émeutes dites de «la faim», l'on avait casqué 138 milliards FCFA. L'année suivante, en 2009, la facture était moins lourde, soit 23 milliards FCFA. Avant de remonter en flèche en 2010, environ 145 milliards FCFA avaient été dépensés, selon les données de la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (Csph). Et l'année dernière, c'était le record absolu: 323 milliards FCFA.
Pour comprendre pourquoi des sommes aussi faramineuses sont dépensées, il faut revenir sur les différents produits subventionnés. Le taux de subvention du prix du super (essence), est de 13,81% par litre, ce qui fait dépenser à l’Etat un peu plus de 200 FCFA pour qu'il soit maintenu à 569 FCFA le litre. Quand on voit que des millions d'hectolitres de carburant sont consommés au Cameroun chaque année, on comprend mieux ces dépenses. Pour ce qui est du gasoil, pour qu'il soit vendu à 520 FCFA le litre, l'Etat accorde une subvention à hauteur de 250 FCFA, soit 20,88% de son prix. Le pétrole lampant quant à lui bénéficie de 29,12% de subvention sur son prix.
Pour quelle efficacité?
Dans les conclusions de l'étude, il est clairement dit que toutes ces subventions n'atteignent pas leurs objectifs. En décidant d'augmenter les subventions du carburant et des produits alimentaires (lire encadré) en 2008, le gouvernement visait l'amélioration du pouvoir d'achat des populations et la lutte contre la vie chère. «Si l'objectif était de protéger les ménages les plus défavorisés, l'on peut véritablement conclure que cet objectif n'est pas totalement atteint», peut-on lire dans la note de présentation de l'étude. A ce propos, il est proposé à l'Etat d'envisager une réforme de ces subventions. Car pour le moment, c'est plutôt aux riches propriétaires de voitures, qu'elles profitent, alors qu'ils sont une minorité. «Au total l’essentiel des subventions va chez les couches les plus favorisées», souligne-t-on dans le rapport.
Alors, que faire? Certains économistes pensent qu'il faut supprimer ces subventions. Une position rejointe par cette étude de la Banque mondiale et du Comité technique de suivi des programmes économiques. Certes, une suppression, même progressive, des subventions existantes va entraîner une hausse des prix. Mais, celle-ci n'est pas si importante qu'on voudrait le faire croire. Selon les conclusions de l'étude, l'effet sur les coûts de production est de très loin en dessous de 100%. S'agissant par exemple de la branche transport, entreposage et communication, les dépenses en produits raffinés ne représentent que 34,36%. Donc, une suppression des subventions pourrait se traduire par une hausse de 7,8% du coût du fonctionnement des entreprises de cette branche.
Les bénéfices économiques de la suppression des subventions sont importants. De plus, cela permettrait à l’Etat de pouvoir réaliser des économies budgétaires, de l'ordre de 2-3% (comme au Ghana, en Inde, ou en Jordanie) à 10-15% du produit intérieur brut (comme en Egypte, en Iran et en Arabie Saoudite). Par ailleurs, l'étude suggère d'utiliser plutôt ces ressources pour des programmes et des politiques plus efficaces, notamment dans des domaines comme l'aide aux agriculteurs, les transports publics, la santé et l'éducation, les transferts sociaux, etc. Enfin, cela permettrait d'éliminer les distorsions du marché et stimuler la production locale. La réforme ainsi suggérée aura certainement des coûts, surtout politiques. Ces coûts sont évidents et immédiats. Mais, les bénéfices se jouent sur un horizon plus long. Les décideurs camerounais sont avertis, eux qui sont très frileux au sujet des prix du carburant.