Stratégie: Maurice Kamto peut-il débaucher au Rdpc?
YAOUNDÉ - 03 Février 2012
© Georges Alain Boyomo | Mutations
Dans sa communication mise à la disposition des principales rédactions de la place le 25 janvier dernier, l’ancien ministre délégué Maurice Kamto n’est pas avare en allusions sur son plan de déploiement, notamment sur le profil des gens qui vont l’accompagner dans sa démarche.
© Georges Alain Boyomo | Mutations
Dans sa communication mise à la disposition des principales rédactions de la place le 25 janvier dernier, l’ancien ministre délégué Maurice Kamto n’est pas avare en allusions sur son plan de déploiement, notamment sur le profil des gens qui vont l’accompagner dans sa démarche.
«…Que les partis politiques de
l’opposition, les acteurs de la société civile, les membres éclairés du
parti dominant, les nombreux citoyens anonymes qui ont consenti tant de
sacrifices pour la liberté, l’avènement et le progrès de la démocratie
dans notre pays, trouvent dans cette Terre aux espoirs souvent trop vite
gaspillés, la puissance du dépassement pour porter cette espérance à
son accomplissement. Nous serons du mouvement. Pour ce faire, nous
présenterons au pays, dans les temps qui viennent, des idées et une
équipe pour les porter. Il s’agira d’hommes et de femmes acquis à la
cause de la paix par la justice, respectueux des institutions de la
République et résolument tournés vers l’avenir: celui de la renaissance
nationale pur un Cameroun qui gagne», écrit l’agrégé de droit.Dans cet
«appel», Maurice Kamto fait surtout cas des «membres éclairés du parti
dominant» qui ont le loisir de le rejoindre dans son «aventure».
Dans des cercles généralement bien informés de la capitale, des noms de certains jeunes loups du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) sont signalés sur le départ. Les plus «catastrophistes» vont jusqu’à prédire un «vent de démissions» au sein du parti du président de la République, Paul Biya.Mais la question est de savoir si Maurice Kamto peut débaucher au sein d’une formation politique vis-à-vis de laquelle, et c’est un euphémisme, il a fait l’économie de son militantisme ? Cette question est différemment décortiquée dans les rangs du parti au pouvoir. D’après Christophe Mien Zok, directeur des organes de presse, de l’information et de la propagande au comité central du Rdpc, «le discours tenu par Maurice Kamto est tentant, mais pas très nouveau. Il n’est pas très éloigné de celui qu’avaient tenu les modernistes du Rdpc entre 2001 et 2002. Mais la question est de savoir si Maurice Kamto a un appareil politique qui lui permet de mettre en oeuvre ses idées. Est-ce qu’il n y a pas des gens au sein du Rdpc qui ont les mêmes idées, qui mènent le même combat avec une démarche différente? Quant à savoir si les gens le suivront dans son mouvement ou pas, je dirais que tout est possible en politique, il ne faut rien exclure». Etats-majorsSelon Tobie Ndi, conseiller municipal Rdpc et «challenger» de Paul Biya aux deux derniers congrès de cette formation politique, «Maurice n’a jamais été un militant du Rdpc, mais il a accompagné ce parti et son président dans la défense des causes nationales à l’instar du conflit de Bakassi, dans lequel il s’est impliqué corps et âme pour la résolution. A mon avis, le professeur Kamto ne peut pas débaucher au sein du Rdpc. En integrant le Rdpc, il changerait mieux les choses, de l’intérieur.
Il retrouvera dans le Rdpc, de nombreux militants qui pensent comme lui et qui le suivront, le cas échéant. Je pense surtout que la transition au Cameroun ne se fera pas en dehors du Rdpc, si M. Kamto veut jouer un rôle dans cette transition, qu’il intègre le Rdpc».Pour sa part, Charles Ateba, membre suppléant du comité central du Rdpc et critique inoxydable de l’intérieur, indique que «Maurice Kamto est très crédible en tant qu’intellectuel et patriote. Sa crédibilité est un élément important pour les acteurs politiques de tous bords. A la vérité, Kamto peut représenter l’espoir pour le Cameroun à venir, mais le fait qu’en 1992, il ait choisit péremptoirement l’opposition, notamment le Sdf et qu’il soit entré au gouvernement pour en ressortir amène à se poser des questions. La première: est ce que ce n’est pas son propre positionnement qu’il recherche? En tout cas, les Camerounais ont déjà tellement été floués qu’ils sont prudents par rapport aux actions comme celles que Kamto veut entreprendre».Un tout autre son de cloche provient de Pius Ottou, l’un des jeunes loups les plus en verve du Rdpc, qui a fait son entrée au comité central de ce parti lors du congrès de septembre dernier : "l’histoire du militantisme au Rdpc est comme une auberge espagnole".
Normalement, dans un parti bien structuré comme le Rdpc, un bon militant doit pouvoir franchir toutes les étapes avant de se retrouver éventuellement au sein du gouvernement. Mais, au sein de ce parti, il y a beaucoup de militants de façade, des militants sans convictions idéologiques. Ils ne militent que pour préserver des privilèges. Mais comme on le dit dans le jargon maritime, quand le bateau prend de l’eau, les rats s’échappent. Il est donc possible que certains militants non convaincus puissent suivre Maurice Kamto. Mais, ces gens là ne sont pas prêts à l’aventure. Leur souci, c’est de préserver les richesses, leurs standings de vie. Titus Edzoa l’a appris à ses dépens. Il avait reçu des assurances de certaines personnalités, qui avaient juré de le suivre après sa démission, mais qui ne l’ont pas fait. J’ai bien peur que le prof Kamto connaisse également une telle désillusion».Soulignons que depuis sa naissance en 1985, le «parti de la flamme» a été traversé par divers courants de pensée: conservateur, progressiste et moderniste. Les combats internes au sein de ce parti ont fait d’ailleurs dire au président national, Paul Biya, en 2001 que le Rdpc ne saurait devenir un «parti d’états-majors». 10 ans plus tard, le secrétaire général du comité central (d’alors) du Rdpc, René Sadi dira sans ambages que «l’ennemi est dans la maison».
Dans des cercles généralement bien informés de la capitale, des noms de certains jeunes loups du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) sont signalés sur le départ. Les plus «catastrophistes» vont jusqu’à prédire un «vent de démissions» au sein du parti du président de la République, Paul Biya.Mais la question est de savoir si Maurice Kamto peut débaucher au sein d’une formation politique vis-à-vis de laquelle, et c’est un euphémisme, il a fait l’économie de son militantisme ? Cette question est différemment décortiquée dans les rangs du parti au pouvoir. D’après Christophe Mien Zok, directeur des organes de presse, de l’information et de la propagande au comité central du Rdpc, «le discours tenu par Maurice Kamto est tentant, mais pas très nouveau. Il n’est pas très éloigné de celui qu’avaient tenu les modernistes du Rdpc entre 2001 et 2002. Mais la question est de savoir si Maurice Kamto a un appareil politique qui lui permet de mettre en oeuvre ses idées. Est-ce qu’il n y a pas des gens au sein du Rdpc qui ont les mêmes idées, qui mènent le même combat avec une démarche différente? Quant à savoir si les gens le suivront dans son mouvement ou pas, je dirais que tout est possible en politique, il ne faut rien exclure». Etats-majorsSelon Tobie Ndi, conseiller municipal Rdpc et «challenger» de Paul Biya aux deux derniers congrès de cette formation politique, «Maurice n’a jamais été un militant du Rdpc, mais il a accompagné ce parti et son président dans la défense des causes nationales à l’instar du conflit de Bakassi, dans lequel il s’est impliqué corps et âme pour la résolution. A mon avis, le professeur Kamto ne peut pas débaucher au sein du Rdpc. En integrant le Rdpc, il changerait mieux les choses, de l’intérieur.
Il retrouvera dans le Rdpc, de nombreux militants qui pensent comme lui et qui le suivront, le cas échéant. Je pense surtout que la transition au Cameroun ne se fera pas en dehors du Rdpc, si M. Kamto veut jouer un rôle dans cette transition, qu’il intègre le Rdpc».Pour sa part, Charles Ateba, membre suppléant du comité central du Rdpc et critique inoxydable de l’intérieur, indique que «Maurice Kamto est très crédible en tant qu’intellectuel et patriote. Sa crédibilité est un élément important pour les acteurs politiques de tous bords. A la vérité, Kamto peut représenter l’espoir pour le Cameroun à venir, mais le fait qu’en 1992, il ait choisit péremptoirement l’opposition, notamment le Sdf et qu’il soit entré au gouvernement pour en ressortir amène à se poser des questions. La première: est ce que ce n’est pas son propre positionnement qu’il recherche? En tout cas, les Camerounais ont déjà tellement été floués qu’ils sont prudents par rapport aux actions comme celles que Kamto veut entreprendre».Un tout autre son de cloche provient de Pius Ottou, l’un des jeunes loups les plus en verve du Rdpc, qui a fait son entrée au comité central de ce parti lors du congrès de septembre dernier : "l’histoire du militantisme au Rdpc est comme une auberge espagnole".
Normalement, dans un parti bien structuré comme le Rdpc, un bon militant doit pouvoir franchir toutes les étapes avant de se retrouver éventuellement au sein du gouvernement. Mais, au sein de ce parti, il y a beaucoup de militants de façade, des militants sans convictions idéologiques. Ils ne militent que pour préserver des privilèges. Mais comme on le dit dans le jargon maritime, quand le bateau prend de l’eau, les rats s’échappent. Il est donc possible que certains militants non convaincus puissent suivre Maurice Kamto. Mais, ces gens là ne sont pas prêts à l’aventure. Leur souci, c’est de préserver les richesses, leurs standings de vie. Titus Edzoa l’a appris à ses dépens. Il avait reçu des assurances de certaines personnalités, qui avaient juré de le suivre après sa démission, mais qui ne l’ont pas fait. J’ai bien peur que le prof Kamto connaisse également une telle désillusion».Soulignons que depuis sa naissance en 1985, le «parti de la flamme» a été traversé par divers courants de pensée: conservateur, progressiste et moderniste. Les combats internes au sein de ce parti ont fait d’ailleurs dire au président national, Paul Biya, en 2001 que le Rdpc ne saurait devenir un «parti d’états-majors». 10 ans plus tard, le secrétaire général du comité central (d’alors) du Rdpc, René Sadi dira sans ambages que «l’ennemi est dans la maison».