Sommet USA/Afrique: Paul Biya et ses pairs africains reçus au rabais

DOUALA - 13 AOUT 2014
© Joseph Flavien KANKEU | Le Messager

Le chef de l’Etat camerounais est revenu au bercail, après quatre jours passés aux Etats Unis d’Amérique, sans avoir eu un tête-à-tête avec son homologue Barack Obama encore moins le Secrétaire d’Etat John Kerry.

Ainsi, les lampions se sont éteints sur le sommet Etats Unis/Afrique des 5 et 6 août dernier à Washington. Globalement, les chefs d’Etat africains ont échangé avec leur homologue américain sur les opportunités économiques que peut offrir le pays de l’Oncle Sam aux pays africains. Il a été aussi question de réfléchir sur les voies et moyens pouvant permettre de sortir le continent des conflits armés et de la prolifération des groupes terroristes. Car du Nord au sud, les armes crépitent. En République centrafricaine, les membres de la séléka et les combattants anti Balaka se déchirent, sous l’œil impuissant de la communauté international. Au Nigeria et au Cameroun, les membres de la secte islamiste Boko Haram mènent des incursions meurtrières au quotidien, installant la psychose au sein des populations. En Libye, le pays est désormais divisé en deux, avec deux parlements. Des « kadafistes » voulant reprendre le contrôle du pays, face à une armée régulière désorganisée …Certes les Etats Unis ont promis plusieurs millions de dollars pour aider l’Afrique à sortir du gouffre de ces guerres civiles. Mais l’on a observé au cours de cette rencontre de haut niveau une certaine désinvolture dans le dispositif protocolaire.

Paul Biya du Cameroun revient par exemple des Etats Unis, sans avoir été reçu en audience par Barack Obama. Le seul tête-à-tête de haut niveau que le chef de l’Etat camerounais a eu lui a permis d’échanger avec William Fitzgerald, le sous-secrétaire d’Etat américain aux affaires africaines. Une humiliation sans précédent si l’on inverse les choses. Un peu comme si Paul Biya faisait recevoir Barack Obama lors d’une visite au Cameroun, par le ministre délégué au ministère des Relations extérieures, chargé des relations avec le Commonwealth. Ou même par un secrétaire d’Etat. Mais cela ne peut pas lui arriver. Car les gens se dépassent quand même ! Toutefois rappelons qu’aucun des chefs d’Etat africains invités à cette grand’messe n’a eu un tête à tête avec le président de la première puissance mondiale. Toute chose qui avait clairement été signifiée aux homologues africains.

Des informations qui nous parviennent font état de ce que les présidents Denis Sassou Nguesso du Congo Brazzaville, Joseph Kabila de la République démocratique du Congo et Blaise Compaoré du Burkina Faso ont pu rencontrer le Secrétaire d’Etat américain lui-même simplement parce qu’Obama tenait à leur indiquer de ne pas modifier la constitution de leurs pays pour se représenter aux élections présidentielles à venir. Paul Biya qui avait déjà opéré ce coup de force n’a pas eu cette « chance ». Peut-être que le leader du pays le plus puissant du monde lui aurait simplement demandé de libérer les prisonniers politiques qui croupissent dans les geôles camerounaises. Car un collectif s’est mis en place aux Etats Unis pour exiger la libération de Marafa Hamidou Yaya, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, puis ministre de l’administration territoriale et de la décentralisation, perçu là-bas comme prisonnier politique.

Joseph Flavien KANKEU


13/08/2014
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