Le chef de l’Etat est de retour alors qu’il est attendu sur un ensemble de sujets, dont le moindre n’est pas la question de Boko Haram.
Cette fois encore plus que d’autres, le retour de Paul Biya au Cameroun était attendu. Déjà parce que son départ avait été quelque peu inhabituel et intervenait dans un contexte particulier. Paul Biya a accordé une interview quelque temps avant de prendre son vol et a évoqué la situation sécuritaire particulièrement inquiétante du Cameroun, alors que les terroristes de Boko Haram venaient une fois de plus de frapper dans la région de l’Extrême-Nord.
« J'y vais à l'invitation du Président Obama, qui rassemble tous les Chefs d'Etat africains et lui-même, pour qu'on étudie ensemble les moyens de renforcer la coopération entre les USA et l'Afrique. Et à l'ordre du jour, il y aura certainement le problème de la sécurité en Afrique. Donc, ce voyage est vraiment important pour nous ; nous aurons l'occasion de continuer à affiner nos positions sur cette question majeure de sécurité en Afrique », avait déclaré Paul Biya.
Si on attendait beaucoup plus des résultats sur le plan économique, l’on avait également un oeil rivé sur les questions de sécurité. Paul Biya lui-même a indiqué qu’il profiterait de ce séjour américain pour discuter de la question Boko Haram avec d’autres chefs d’Etat. « (…) ce n'est pas le Boko Haram qui va dépasser le Cameroun. Nous continuons le combat et nous les vaincrons. Mon voyage me permettra également de continuer la lutte au niveau international.
Parce que c'est un mouvement terroriste international, il faut donc aussi le prendre à l'international. Nous y verrons le Président Goodluck, le Président Obama bien sûr, ceux du Niger et du Tchad pour asseoir ensemble une stratégie régionale ». Qu’en a-t-il a été ? Au niveau des rencontres, l’on sait par exemple que le chef de l’Etat a échangé avec le diplomate américain John Negroponte, spécialiste des questions de sécurité.
Celui-ci a notamment été nommé en 2005 à la tête de la Direction du renseignement national (Dni). L’une de ses missions était de tourner la page des attentats du 11 septembre 2001. L’on imagine donc que le sujet de Boko Haram a dû s’inviter au menu des échanges entre Paul Biya et le diplomate américain. Et pendant le séjour américain de Paul Biya, la situation ne s’est pas améliorée dans l’Extrême-Nord du Cameroun.
D’autres attaques de Boko Haram ont eu lieu, installant définitivement la peur dans la région et dans les autres parties du pays. Et d’ailleurs, pour une fois, le président de la République n’a pas prolongé son séjour après le sommet Etats-Unis-Afrique. Il a regagné Yaoundé samedi. La situation de guerre dans l’Extrême-Nord est-elle pour quelque chose dans ce retour plutôt « rapide » ? Faute de pouvoir répondre avec assurance à cette question, l’on attend encore de voir les provisions qu’il ramène.
La seule sortie de Paul Biya sur son séjour américain est contenue dans la lettre de remerciements qu’il a adressée à Barack Obama, son homologue américain. « Des débats larges et profonds au cours de ce premier Sommet Etats-Unis - Afrique, dont vous avez eu l'heureuse initiative, s'est dégagée une parfaite convergence de vues tant sur l'importance de l'Afrique sur l'échiquier mondial que sur le nécessaire partenariat à établir entre notre continent et les Etats-Unis d'Amérique.
La place et le rôle du secteur privé pour la concrétisation de ce partenariat gagnant - gagnant ont été clairement reconnus », écrivait-il.