Sodecoton: Les dessous de l'affaire Iya Mohammed
Yaoundé, 01 Avril 2013
© René Atangana, Nadine Bella | La Météo
Le Directeur Général de la Société de Développement du Coton (Sodecoton) est frappé d'une déchéance de 7 ans consécutive à «20 fautes de gestion» à lui attribuées par le Consupe. En réalité, c'est davantage lya, le Président de la Fécafoot qu'lya le Dg de la Sodecoton qui est visé par cette sanction kafkaïenne.
«Iya Mohammed a été victime d'un tacle irrégulier de la part du Contrôle supérieur de l'Etat (Consupe) alors qu'il courrait balle au pied vers un nouvel plébiscite à la Présidence de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot)». C'est le sentiment le plus partagé depuis vendredi dernier. Ce jour-là, le Consupe sous la plume du Ministre Délégué Eyebe Ayissi, publiait un communiqué dont les principaux termes sont: «Le Conseil a retenu, à l'encontre de [M. Iya Mohammed, Dg de la Sodecoton] vingt (20) fautes de gestion ayant induit un préjudice financier évalué et à lui imputé. (...). Le Conseil a décidé: - de constituer M. IYA Mohammed débiteur envers ladite entité de la somme de 9 052 078 692 (neuf milliards cinquante-deux millions soixante-dix-huit mille six cent quatre-vingt-douze) de FCFA, représentant le préjudice financier subi par la susdite entité, de son fait; - de lui infliger une amende spéciale de 2 000.000 (deux millions) de FCFA, pour l'ensemble des fautes de gestion commises, dans le cadre de la présente affaire». Et le communiqué d'enfoncer le clou, confirmant ainsi la thèse d'une épuration menée contre la personne d'Iya Mohammed: «prononce à son endroit une déchéance valant interdiction, pour une durée de sept (07) ans, d'être responsable de l'administration ou de la gestion des Services publics ou des Entreprises d'Etat, à quelque titre que ce soit».
C'est quoi la «faute de gestion» dont parle le Consupe? On a beau lu et relu le communiqué qu'on ne tirera aucune précision sur ces fameuses fautes de gestion. Cependant, on en apprend que la gestion de la Sodecoton durant la période 2005 à 2010 a été passée au peigne fin par les inspecteurs d'Etat. C'est leur rapport qui a donné lieu à la session du 27 mars 2013, laquelle s'est soldée par le verdict partial que l'on connait depuis vendredi dernier. Partial parce qu'aucun passage du communiqué ne fait mention ces arguments de défense produits par le Directeur Général de la Sodecoton. Si jamais Iya Mohammed a été entendu, pourquoi faire abstraction des explications qu'il aurait fournies à la mission d'enquête? «Autant l'opinion a le droit d'être mis au courant des griefs que le Consupe porte à la gestion de la Sodecoton, autant l'opinion a le droit d'être informée des justificatifs présentés par le Directeur Général et les autres personnes incriminées. Faire à ce niveau de la rétention de l'information s'assimile à une volonté délibérée de porter atteinte à la réputation d'autrui», a expliqué, à La Météo, un expert des procédures judiciaires.
Certains observateurs ne manquent pas de faire savoir que faute de gestion ne veut pas dire malversations financières. Et les décisions du Consupe sont susceptibles de recours devant la Chambre administrative de la Cour suprême. De quoi doucher l'enthousiasme de ces ambitieux masqués qui rêvent du scénario selon lequel une arrestation de l'actuel Dg de la Sodecoton créera de facto et par ricochet une vacance à la tête de la Fécafoot, qui leur sera profitable.
Coton sport de Garoua
Selon des sources concordantes, les supposées «fautes de gestion» pointées par le Consupe porteraient, entre autres, sur le financement de l'équipe de football Coton Sport de Garoua. «Le Consupe a estimé que Coton Sport n'a pas de base juridique», confie une source introduite. Seulement, certains inspecteurs d'Etat ayant été de la mission à la Sodecoton disent, sous cape, ne pas se reconnaître totalement dans les termes du communiqué rendu public vendredi dernier.
Concernant le statut de Coton Sport de Garoua, des sources proches du Conseil d'administration de la Sodecoton affirment unanimement que cette équipe phare du championnat de première division a bel et bien une existence légale et est la propriété, non pas d'un individu quel qu'il soit, mais de la société.
Rappelons que Coton Sport de Garoua voit le jour en 1989, cinq après la nomination d'Iya à la Direction générale de la Sodecoton. Cette équipe, force est de le reconnaître, est l'une des meilleures ambassadrices du championnat local sur la scène continentale. Non seulement sa gestion est professionnelle, offrant de salaires conséquent à ses sociétaires, Coton sport de Garoua dispose d'un véritable Complexe sportif donnant ainsi de la Sodecoton dont le club est la propriété, l'image d'une société citoyenne, s'impliquant tant dans le développement de l'agriculture cotonnière que de l'épanouissement de la jeunesse via le football.
A propos de l'état de santé de la Sodecoton, plusieurs économistes sont d'avis que les chiffres de l'entreprise sont bon malgré la conjoncture marquée par l'écoulement du coton) pourtant subventionné par l'entreprise de Garoua, vers le Nigeria en raison des coûts alléchants pratiqués par ce pays voisin. Autres chiffres qui témoignent de la compétence managériale d'Iya Mohammed: En 2003, la Sodecoton était la 3e entreprise du Cameroun après la Sonara et les Brasseries du Cameroun. Elle était aussi classée 8e parmi les entreprises africaines les plus performantes. Cette entreprise à mi-chemin entre le privée et le public a un chiffre d'affaires évalué à 95 milliards de FCFA et emploie plus de 2000 employés. Selon une source crédible, la géographie du capital de la Sodecoton est la suivante: 59 % d'actions appartenant à l'Etat, 11% appartenant à un opérateur privé camerounais qui serait Baba Ahmadou Danpullo, 30 % à la Compagnie française pour le développement des textiles (Cfdt). Un conseil d'administration aux membres aussi cosmopolite qu'indépendant qui a toujours renouvelé son quitus à la gestion d'Iya Mohammed, à la suite d'un examen minutieux des comptes. Rappelons que la Sodecoton ne possède plus de plantations de coton) mais travaille en partenariat avec les producteurs camerounais qui sont tout autant satisfaits, pour la grande majorité, des facilités en termes de semences, d'engrais, de formation que met à leur disposition l'entreprise de Garoua.
© René Atangana, Nadine Bella | La Météo
Le Directeur Général de la Société de Développement du Coton (Sodecoton) est frappé d'une déchéance de 7 ans consécutive à «20 fautes de gestion» à lui attribuées par le Consupe. En réalité, c'est davantage lya, le Président de la Fécafoot qu'lya le Dg de la Sodecoton qui est visé par cette sanction kafkaïenne.
«Iya Mohammed a été victime d'un tacle irrégulier de la part du Contrôle supérieur de l'Etat (Consupe) alors qu'il courrait balle au pied vers un nouvel plébiscite à la Présidence de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot)». C'est le sentiment le plus partagé depuis vendredi dernier. Ce jour-là, le Consupe sous la plume du Ministre Délégué Eyebe Ayissi, publiait un communiqué dont les principaux termes sont: «Le Conseil a retenu, à l'encontre de [M. Iya Mohammed, Dg de la Sodecoton] vingt (20) fautes de gestion ayant induit un préjudice financier évalué et à lui imputé. (...). Le Conseil a décidé: - de constituer M. IYA Mohammed débiteur envers ladite entité de la somme de 9 052 078 692 (neuf milliards cinquante-deux millions soixante-dix-huit mille six cent quatre-vingt-douze) de FCFA, représentant le préjudice financier subi par la susdite entité, de son fait; - de lui infliger une amende spéciale de 2 000.000 (deux millions) de FCFA, pour l'ensemble des fautes de gestion commises, dans le cadre de la présente affaire». Et le communiqué d'enfoncer le clou, confirmant ainsi la thèse d'une épuration menée contre la personne d'Iya Mohammed: «prononce à son endroit une déchéance valant interdiction, pour une durée de sept (07) ans, d'être responsable de l'administration ou de la gestion des Services publics ou des Entreprises d'Etat, à quelque titre que ce soit».
C'est quoi la «faute de gestion» dont parle le Consupe? On a beau lu et relu le communiqué qu'on ne tirera aucune précision sur ces fameuses fautes de gestion. Cependant, on en apprend que la gestion de la Sodecoton durant la période 2005 à 2010 a été passée au peigne fin par les inspecteurs d'Etat. C'est leur rapport qui a donné lieu à la session du 27 mars 2013, laquelle s'est soldée par le verdict partial que l'on connait depuis vendredi dernier. Partial parce qu'aucun passage du communiqué ne fait mention ces arguments de défense produits par le Directeur Général de la Sodecoton. Si jamais Iya Mohammed a été entendu, pourquoi faire abstraction des explications qu'il aurait fournies à la mission d'enquête? «Autant l'opinion a le droit d'être mis au courant des griefs que le Consupe porte à la gestion de la Sodecoton, autant l'opinion a le droit d'être informée des justificatifs présentés par le Directeur Général et les autres personnes incriminées. Faire à ce niveau de la rétention de l'information s'assimile à une volonté délibérée de porter atteinte à la réputation d'autrui», a expliqué, à La Météo, un expert des procédures judiciaires.
Certains observateurs ne manquent pas de faire savoir que faute de gestion ne veut pas dire malversations financières. Et les décisions du Consupe sont susceptibles de recours devant la Chambre administrative de la Cour suprême. De quoi doucher l'enthousiasme de ces ambitieux masqués qui rêvent du scénario selon lequel une arrestation de l'actuel Dg de la Sodecoton créera de facto et par ricochet une vacance à la tête de la Fécafoot, qui leur sera profitable.
Coton sport de Garoua
Selon des sources concordantes, les supposées «fautes de gestion» pointées par le Consupe porteraient, entre autres, sur le financement de l'équipe de football Coton Sport de Garoua. «Le Consupe a estimé que Coton Sport n'a pas de base juridique», confie une source introduite. Seulement, certains inspecteurs d'Etat ayant été de la mission à la Sodecoton disent, sous cape, ne pas se reconnaître totalement dans les termes du communiqué rendu public vendredi dernier.
Concernant le statut de Coton Sport de Garoua, des sources proches du Conseil d'administration de la Sodecoton affirment unanimement que cette équipe phare du championnat de première division a bel et bien une existence légale et est la propriété, non pas d'un individu quel qu'il soit, mais de la société.
Rappelons que Coton Sport de Garoua voit le jour en 1989, cinq après la nomination d'Iya à la Direction générale de la Sodecoton. Cette équipe, force est de le reconnaître, est l'une des meilleures ambassadrices du championnat local sur la scène continentale. Non seulement sa gestion est professionnelle, offrant de salaires conséquent à ses sociétaires, Coton sport de Garoua dispose d'un véritable Complexe sportif donnant ainsi de la Sodecoton dont le club est la propriété, l'image d'une société citoyenne, s'impliquant tant dans le développement de l'agriculture cotonnière que de l'épanouissement de la jeunesse via le football.
A propos de l'état de santé de la Sodecoton, plusieurs économistes sont d'avis que les chiffres de l'entreprise sont bon malgré la conjoncture marquée par l'écoulement du coton) pourtant subventionné par l'entreprise de Garoua, vers le Nigeria en raison des coûts alléchants pratiqués par ce pays voisin. Autres chiffres qui témoignent de la compétence managériale d'Iya Mohammed: En 2003, la Sodecoton était la 3e entreprise du Cameroun après la Sonara et les Brasseries du Cameroun. Elle était aussi classée 8e parmi les entreprises africaines les plus performantes. Cette entreprise à mi-chemin entre le privée et le public a un chiffre d'affaires évalué à 95 milliards de FCFA et emploie plus de 2000 employés. Selon une source crédible, la géographie du capital de la Sodecoton est la suivante: 59 % d'actions appartenant à l'Etat, 11% appartenant à un opérateur privé camerounais qui serait Baba Ahmadou Danpullo, 30 % à la Compagnie française pour le développement des textiles (Cfdt). Un conseil d'administration aux membres aussi cosmopolite qu'indépendant qui a toujours renouvelé son quitus à la gestion d'Iya Mohammed, à la suite d'un examen minutieux des comptes. Rappelons que la Sodecoton ne possède plus de plantations de coton) mais travaille en partenariat avec les producteurs camerounais qui sont tout autant satisfaits, pour la grande majorité, des facilités en termes de semences, d'engrais, de formation que met à leur disposition l'entreprise de Garoua.