En limogeant à la tête de certaines structures publiques quelques responsables, depuis plus d'une semaine le président Paul Biya donne une fois de plus, la preuve qu'il est le Camerounais le plus informé. Même comme des appréhensions persistent quant à la capacité de ces nominations à changer grand-chose dans les pratiques de corruption, de trafic et d'enrichissement qui sont érigées en système de gouvernance dans ces structures d'Etat.
Depuis plus d'une semaine, certaines sociétés publiques et structures d'Etat connaissent une fièvre particulière avec les nominations de nouveaux dirigeants. Il en est ainsi de l'hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso qui voit arriver une nouvelle équipe aux commandes, dans un contexte essentiellement marqué par l'affaire du bébé volé de Vanessa Tchatchou. Tout comme il en est du Crédit foncier du Cameroun et de la Sic dont les décrets présidentiels ont aussi désigné de nouveaux responsables. Seulement, malgré cette volonté manifeste du président Paul Biya d'injecter du sang neuf dans les circuits de ces structures publiques, de nombreux analystes n'ont pas un seul instant hésité à qualifier ces différents mouvements d'une sorte de replâtrage qui n'obéit qu'à un double vil souci de taire la grogne populaire née de la mauvaise gestion de l'affaire du bébé volé de Vanessa, et de continuer à sauvegarder les intérêts des clans et des nombreux réseaux occultes qui écument les allées et les antichambres du pouvoir.
C'est ainsi qu'y allant de leurs bombes à soupçons, ces analystes ne manquent pas au passage d'ausculter ces liens étroits entre le Pr. Doh Anderson Sama, ancien Dg de l'hôpital gynéco-obstétrique, Caroline Mejang Ndikum Ateh, magistrate, substitut du procureur de la République près du Tribunal de Mfou, et le magistrat hors hiérarchie Gwanmessia, beau-frère du Pr. Doh et ami intime du conseiller du président de la République. A cet effet, les rumeurs vont bon train sur ces rapports moins voyants entre ce beau-frère du Pr. Doh Anderson Sama (le frère de l'épouse du magistrat) et Jean Foumane Akame, pour tenter d'expliquer la chape de ce silence complaisant, et suffisamment méprisant qui couvre cette affaire du bébé volé à laquelle serait mêlée la nièce du Pr. Doh Anderson Sama, ce substitut du procureur de Mfou soupçonné d'héberger le bébé volé de Vanessa.
Ces analystes estiment que l'ancien Dg de l'hôpital de Ngousso, indexé comme un affairiste très friand de l'argent facile, aurait mis à contribution l'entregent de son beau-frère Gwanmessia et de celui du conseiller du président de la République pour occulter ses frasques, aujourd'hui qu'il est englué dans les méandres des multiples trafics observés depuis quelques années à l'hôpital gynéco-obstétrique de Ngousso.
Selon eux, il ne peut en être autrement quand ceux-ci indiquent que Jean Foumane Akame aurait été pour beaucoup dans la carrière professionnelle de Gwanmessia et de son épouse, ancien ministre chargé du Contrôle supérieur de l'Etat. Avec toutes ces connections dans les milieux du régime, ces analystes ont vite fait de cataloguer Caroline Mejang Ndikum Ateh, substitut du procureur de Mfou comme une femme des réseaux puissants du régime. Au point de conclure que cette affaire du bébé volé de l'hôpital de Ngousso dévoile en toile de fond les contours de la lutte du pot de terre contre le pot de fer. En effet, conscients de l'indéfectible soutien de leurs puissants réseaux, le Pr. Doh Anderson Sama et sa nièce, bien qu'accablés par les accusations de nombreux témoins, ont au départ affiché une attitude de mépris, de condescendance et d'indifférence à l'égard des récriminations de Vanessa Tchatchou.
Une vraie méprise qui leur vaut la sanction du chef de l'Etat et de toute la communauté nationale et internationale. Pourtant, il demeure constant que le coup de fil anonyme qui dénonce l'attitude brouillonne et presque coupable de Caroline Mejang Ndikum Ateh, après avoir annoncé son accouchement à la maternité de la clinique Fouda, est bien parti d'une de ses collègues de bureau à Mfou, magistrate comme elle, qui a jugé son comportement louche et ses déclarations suffisamment contradictoires.
En effet, selon nos sources, elle était revenue sur les déclarations annonçant son accouchement et son hospitalisation dans cette clinique privée du quartier Fouda, après s'être rendue compte que ses collègues, dans l'optique de lui rendre visite, avaient découvert la vérité. C'est-à-dire qu'elle n'a jamais été reçue dans cette clinique, ni y avoir été hospitalisée. «Ma co! J'ai la chance. Dès que j'ai accouché d'un mort né, aurait-elle déclaré à ses collègues, j'ai eu la chance que ma demande d'adoption d'un enfant a aboutie», prétendent les mauvaises langues en se souvenant de la conversation qu'elle a eue avec ses collègues le jour où celles-ci lui ont rendu visite à son domicile. Après l'avoir vainement cherchée à la clinique Fouda.
Pourquoi n'a-t-on jamais interrogé ces collègues dont l'une, chrétienne et de bonne souche, n'a pas pu supporter ce travers inhumain? Selon nos sources, c'est elle qui aurait passé le coup de fil anonyme. Son identité est pourtant connue... La curiosité la plus élémentaire aurait suffi aux enquêteurs chargés de cette affaire à ne pas se précipiter éhontement dans ces conclusions hâtives et puériles qui mettent davantage à mal le gouvernement et ternissent plus que jamais l'image du Cameroun.
Querelles byzantines
Quant à l'arrivée de Gabriel Bengono à la Sic, les mêmes analystes pensent que c'est quelqu'un qui connaît bien la maison et qui n'a jamais digéré les travers de son prédécesseur. Pour eux, il est possible de prévoir déjà à court terme, la prochaine évolution de cette société immobilière au centre des sempiternelles querelles byzantines qui, sous Boniface Ngoa Nkou, ont très vite fait de tourner au glauque et au sordide. A l'instar de la dernière altercation publique entre le directeur de l'exploitation, Jean Bosco Ngambi et le directeur de la comptabilité et des finances, Valère Nkollo.
Et ceci, quelques jours seulement avant le limogeage de l'ex-Dg. Une situation qui aura laissé tous les employés de la direction générale pantois. Par ailleurs, on sentait à la Sic comme un malaise avec en prime, de nombreux coups bas et des petites phrases meurtrières abondamment lâchées en rafales par l'ex-Dg au point de transformer tous les principaux intervenants dans la construction des logements sociaux en snipers. Au point où la construction des 10 000 logements d'Olembé devienne l'angle mort des priorités de Boniface Ngoa Nkou.
Tout se passant comme si l'ancien Dg de la Sic tenait pour négligeable l'urgence de cet important projet social qui tient à cœur au président Paul Biya. Ainsi, au moment où les proches de l'ancien Dg de la Sic expliquent ce constat de défaillance à l'état de santé sans cesse déclinant de Boniface Ngoa Nkou, des dizaines de notes de renseignements rédigées par la plupart des entrepreneurs concernés par les Marchés de construction des logements d'Olembé, suffisamment remontés, le décrivent comme un dissimulateur âpre au gain. Ses étranges tergiversations et ses multiples voltes-faces à accélérer les travaux de construction à Olembé n'étant que la face visible d'un iceberg dont les ressorts prenaient ancrage dans un site litigieux et controversé situé à Etoa. Pour nos sources, Boniface Ngoa Nkou s'est à la longue aliéné les autres intervenants dans le secteur, parce qu'il voulait à tout prix privilégier le choix de ce site.
En ce qui concerne le Crédit foncier du Cameroun, savent nos analystes avec une relative certitude, l'on ne peut prédire de l'avenir de cette banque. D'abord, parce qu'ils estiment qu'avec pour Pca, Jules Doret Ndongo et Dg Jean Paul Marie Missi à Neynokh, tous 2 des féaux de Jean-Marie Atangana Mebara, les mêmes causes vont inéluctablement produire les mêmes effets. Ils estiment par exemple que depuis que Jules Doret Ndongo est Pca du Crédit foncier du Cameroun, tous ses anciens camarades se sont lancés, à corps perdu, dans la construction des cités universitaires.
Au lieu donc de faciliter l'octroi des crédits aux Pme-Pmi chargées de la construction des logements sociaux, l'on a plutôt favorisé des coteries et des clans. Bien plus, connu pour ses mauvais rapports avec l'argent et surtout avec les hommes, l'on indique en petits comités que le Crédit foncier du Cameroun cours vers un déclin. Et c'est le chantier de construction des logements sociaux qui risquent de prendre un coup.