Société: Les prévenus du braquage de Bonaberi saisissent Transparency International

YAOUNDÉ - 18 Mai 2012
© Pierre Célestin Atangana | Mutations

La primature, l’Assemblée nationale, ainsi que le ministre de la Justice ont également reçu la requête des infortunés qui s’estiment abusivement incarcérés.

Le 4 mai dernier, huit personnes (dont cinq militaires et trois civils), détenues à la prison centrale de Douala depuis le 10 mai 2011 dans le cadre de l'affaire du bracage d'Ecobank Bonabéri, ont saisi le président de la section camerounaise de Transparency International à Yaoundé, pour obtenir l’intervention de l’Ong dans le dossier. La même correspondance a été adressée au président de l’Assemblée nationale, au Premier ministre et au ministre de la Justice. Le capitaine de corvette Nestor Ndeke, le maître principal Honoré Oundi Assamba, les premiers maîtres Charles Ukum, et Joseph Waniebele, le maître Ngwayi Cosmas Edi, Simplice Ticky Mbappe, Aristide Ndoumbe et Gisèle Etonde Guysso, tous placés sous mandat de dépôt à la prison centrale de Douala crient leur «désarroi» quant aux «vicissitudes dont ils sont l’objet au sujet de la fameuse affaire de braquage d’Ecobank survenu à Douala le 18 mars 2011». «Une enquête a été ouverte par la gendarmerie nationale (…); celle-ci s’est illustrée par une maladresse sans pareille matérialisée par notre interpellation suivie de notre incarcération abusive et arbitraire à la prison centrale de Douala», indiquent les infortunés dans leur correspondance.

Pour justifier le caractère arbitraire et abusif de leur incarcération à la prison de New-Bell depuis plus d’un an, ils s’appuient sur les déclarations du ministre de la Défense Edgar Alain Mebe Ngo’o devant les députés le 22 juin 2011. Celui-ci avait clairement indiqué aux parlementaires que les éléments des forces de défense n’étaient pas impliqués dans l’attaque de l’agence Ecobank de Bonaberi. Mais malgré cette affirmation publique du patron de la grande muette, ils sont été interpellés puis incarcérés à New-Bell. «Les enquêtes judiciaires ne présageant pas notre inculpation, nous sommes dans une incertitude quant au dénouement de cette affaire, car nous ne comprenons pas pourquoi nous restons incarcérés», font-ils observer dans leur correspondance.

Incompréhension

Face à cette incompréhension, les huit détenus sont persuadés qu’il y «aurait une organisation maffieuse qui diligente toute cette affaire en usant des moyens pour protéger les véritables commanditaires qu’ils sont sensés connaître, pour détourner la vérité et faire porter le fardeau de cette affaire aux innocents que nous sommes».

Ces déclarations s’appuient sur le fait que le 22 mars dernier, ils ont été extraits de la prison pour un rendez-vous avec le juge d’instruction militaire. Après leur avoir signalé qu’il agissait «sur hautes instructions», le juge selon leur correspondance, aurait donné consigne à son greffier secrétaire, de lire les accusations qui sont portées contre eux dans l’ordonnance de non-lieu partiel et de renvoi devant la barre. Le contenu de cette ordonnance, affirment-ils, n’avait rien à voir avec ce qu’ils ont déclaré au cours des auditions. «Ils ont refusé de donner les procès verbaux des auditions à nos avocats», révèlent-ils, avant de poursuivre que cet acte n’est, ni plus ni moins, que de la «complicité.»

Une complicité qui, selon eux, a conduit le président de la République à signer un décret mettant en retraite anticipée et définitive le capitaine de corvette Nestor Ndeke pour «faute grave contre l’honneur et la probité», ainsi que la suppression du tableau d’avancement au grade d’enseigne de vaisseau de 2ème classe pour compter du 1er juillet 2011 de Honoré Oundi Assamba. Tout ceci «à l’issue d’un conseil de discipline basé sur les conclusions de l’enquête préliminaire cousue de nombreuses incohérences et contradictions».

Sans oublier les traitements inhumains et autres tortures dont ils ont été victimes, les huit individus constatent que «cette affaire laisse entrevoir une machination des autorités militaires pour des intérêts égoïstes», d’autant plus que leur mandat de détention provisoire a expiré depuis le 24 novembre 2011. Mais jusqu’ici, celui-ci n’a pas été renouvelé. Aussi, crient-ils cette énième violation de la loi et de leurs droits à l’Ong internationale, au Premier ministre au président de l’Assemblée nationale ainsi qu’au ministre de la Justice, afin que leur cas soit résolu définitivement.



21/05/2012
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