SITUATION EN RCA: ATTENTION AU SYNDROME SOMALIEN ! :: CENTRAL AFRICAN

Bangui:Camer.beIl y a aujourd’hui un risque réel de « somalisation » de la République centrafricaine (RCA). Foi du président français, François Hollande. La « somalisation » d’un pays est un problème sérieux pour la sécurité du monde entier et on ne peut pas se faire à l’idée que le président français ait pu faire une telle sortie sans preuve, juste pour amuser la galerie. Il est probablement bien renseigné et c’est fort des informations qu’il détient, qu’il a exprimé ses inquiétudes au sujet de ce pays. D’une certaine façon, cette intervention fait écho à la récente sortie médiatique du président centrafricain déchu, François Bozizé, qui avait pointé du doigt l’incapacité du nouvel homme fort de Bangui à gérer le pays.

En témoigne l’insécurité ambiante. Il faut dire que Michel Djotodia et sa Séléka, à défaut d’être complices, sont laxistes au regard des exactions commises par leurs éléments sur les populations civiles. La preuve, les trois cents hommes de la force africaine en Centrafrique ont dû intervenir le 28 août dernier pour neutraliser des éléments de la Séléka qui semaient la terreur. Si fait que le président Djotodia, ne sachant plus à quel saint se vouer, a fini par demander à la police et à la gendarmerie, d’assurer la sécurité des populations. C’est tant mieux donc s’il a compris qu’il y a péril en la demeure et qu’il faut cantonner les éléments de la Séléka. Les djihadistes qui ont dû fuir le Nord-Mali ont probablement repris du service aux côtés de la Séléka. L’action de ces terroristes étrangers justifierait un tant soit peu l’ampleur des atrocités commises sur les populations civiles. Il est en tout cas incohérent que des Centrafricains eux-mêmes soient à même de faire preuve de tant de cruauté sur leurs propres parents pour qui ils disent avoir pris les armes pour les sauver de la dictature de François Bozizé. A moins que le discours officiel de la Séléka, depuis le début, soit juste de la poudre aux yeux. En tout état de cause, l’insécurité chronique depuis leur prise de pouvoir et le martyr des populations, traduisent l’incompétence et l’échec de Djotodia et ses hommes.
 
C’est l’une des rares situations où les auteurs d’un coup d’Etat se montrent d’une incapacité ahurissante à ramener un minimum acceptable d’ordre et de sécurité dans le pays et se livrent à d’énormes atrocités sur les populations. La France qui a fraîchement en mémoire l’exemple malien où le coup d’Etat militaire de la bande à Sanogo avait donné un coup de fouet à l’occupation du territoire par les extrémistes, craint certainement une prolifération des islamistes dans un terreau aussi fertile que cette RCA de non-droit, où l’autorité de l’Etat est absente ou complice des extrémistes.

Il importe surtout de ne pas faire un mauvais procès à Hollande. Que les souverainistes africains se le tiennent pour dit : tant que l’Union africaine (UA) fera preuve de laxisme face au martyr de ses populations, il est du droit des autres de lever le ton. C’est face à l’incurie de l’Afrique que la France a encore mis les pieds dans les plats. Si les Africains avaient pris le dossier centrafricain à bras-le-corps, la France n’aurait certainement pas eu raison de s’en mêler. Certes, la France défend ses intérêts qui ne sont pas en quantité négligeable en Centrafrique. Mais elle cherche également à prévenir l’aggravation du drame que vivent les populations centrafricaines en donnant publiquement de la voix, contrairement à l’Union africaine, inaudible et presque toujours improductive comme d’habitude. Ce faisant, le fait pour la France de tirer ainsi la sonnette d’alarme mérite d’être salué comme il se doit.

Les problèmes et les risques ainsi évoqués publiquement, il convient de trouver une solution adéquate et urgente. Il faudra à tout prix abréger la souffrance des populations. Pour ce faire, l’Afrique doit se résoudre enfin à sortir de sa torpeur. En effet, c’est à se demander ce que fait la fameuse force en attente de l’UA et ce que l’organisation continentale attend pour opérationnaliser la force d’intervention rapide dont elle a bien voulu se doter à l’occasion du sommet de son cinquantenaire. Cette inertie, parmi tant d’autres, rappelle qu’en Afrique, l’efficacité des structures est trop souvent sacrifiée au profit de l’inflation institutionnelle. Il est grand temps que cela cesse si tant il est que le continent cherche à gagner en respectabilité. A défaut, il jouera toujours les seconds rôles. Après tout, ce n’est pas la faute aux autres si nous aimons à briller par notre incapacité à prendre nos responsabilités.

© Source : Le Pays


31/08/2013
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