Sexualité Le fait de s'embrasser avec la langue débouche-t-il vers la pénétration?
La bouche, notre première zone érogène
Lors de notre prime enfance, nous avons satisfait nos besoins vitaux
initiaux du lait que nous avons absorbé. Cela a constitué notre bouche
comme première zone corporelle pouvant nous procurer du plaisir,
c'est-à-dire comme notre première zone érogène. Par la suite, la
découverte progressive de notre corps a étoffé notre carte érogène mais
le rapport à notre bouche a conservé une certaine primauté. Si très tôt,
la zone génitale nous a été présentée comme spéciale, la place de la
bouche est restée dans les tous premiers rangs de notre rapport aux
autres. Tout petit, nos expériences de découvertes passent par le
goûtage attentif de tout ce qui passe à notre portée. La bouche est
l'une des zones les mieux innervées de notre anatomie. Nous possédons
ainsi une cartographie de notre environnement et des objets le
constituant dans notre mémoire sensorielle.
Le baiser c'est permis !
Plus tard, la bouche bien que relevant de la sphère intime deviendra
l'enjeu de notre accès à la sexualité infantile. Pour nous en
convaincre, notons notre attrait pour le baiser sur la bouche et ce dès
les classes de l'école maternelle. La bouche et le baiser deviennent
pour quelques années, les outils de notre découverte de la
sexualité. De plus, le baiser est un mode de satisfaction de notre
sexualité grandissante qui ne nous est pas interdit. La sphère génitale
restera à l'écart de la sexualité infantile tout le temps de la période
de latence c'est-à-dire jusqu'à l'adolescence. La bouche et le baiser
sont donc nos premières expériences de sexualité et cette sexualité ne
rencontre que peu d'interdits moraux.
Le premier échelon vers une sexualité génitale
Alors qu'à l'adolescence nous découvrons la sexualité, les interdits
moraux, nos angoisses nous poussent à reproduire ce que nous connaissons
et ce qui nous est permis : le baiser. A ceci près que devenus
aguerris, notre langue s'en mêle. Le baiser devient le premier pas sur
le chemin de notre découverte de la sexualité. Pendant la tempête
hormonale, affective et émotionnelle qui caractérise l'adolescence, nous
lions désormais notre montée de désir sexuel à cette expérience
initiale du baiser profond.
Cette expérience constitue ce baiser
En permettant de passer la barrière corporelle entre soi et son
partenaire, le baiser est un préliminaire (étymologiquement avant le
seuil) à toute découverte plus complète des corps. Mélanger les fluides,
les haleines, le souffle autorise une fusion des corps sans les
angoisses induites par la pénétration sexuelle. C'est le prototype
symbolique d'une autre pénétration, un avant-goût. De plus, socialement
toléré, le baiser avec la langue devient un élément de notre langage
désirant, une manière de faire savoir à l'autre que l'intimité revenue,
nous désirerons pousser plus avant notre échange érotique.