Sexe chez le dentiste: du cannibalisme, dit la plaignante. «relation d'affaires», soutient le dentiste. Qui dit vrai?
Soumis par Christiane Desjardins de Montréal le jeu, 03/29/2012 - 12:57
«Il m'a ouvert grand la bouche, avec son majeur. Il a sorti son pénis et l'a mis dans ma bouche jusque dans la gorge... Il aéjaculé dans ma bouche... Je n'ai jamais commis un acte pareil depuis que je suis en vie. C'est comme s'il m'avait fait manger sa propre chair», a raconté la femme en sanglotant, hier, au procès du Dr Dadourian.
Ce n'était pas du tout une relation sexuelle consentante, affirme la femme qui a porté plainte contre le dentiste Mirhan Dadourian.
«Il m'a ouvert grand la bouche, avec son majeur. Il a sorti son pénis et l'a mis dans ma bouche jusque dans la gorge... Il a éjaculé dans ma bouche... Je n'ai jamais commis un acte pareil depuis que je suis en vie. C'est comme s'il m'avait fait manger sa propre chair», a raconté la femme en sanglotant, hier, au procès du Dr Dadourian.
L'homme de 64 ans est accusé d'agression sexuelle à l'endroit de cette patiente qui est allée le consulter le 1er octobre 2008 pour une importante rage de dents. À 39 ans, c'était la première fois de sa vie qu'elle allait chez un dentiste, a expliqué la femme, dont nous devons taire l'identité. Originaire d'un pays d'Afrique, cette mère de sept enfants est arrivée au Canada en 2007 et a demandé le statut de réfugié politique.
Vers 10h30 le 1er octobre 2008, la femme s'est présentée au cabinet du dentiste, rue Saint-Denis. La réceptionniste lui a fait passer une radiographie et le Dr Dadourian l'a ensuite reçue dans son cabinet. Il lui a demandé d'où elle venait. La femme aurait raconté brièvement son histoire, et a signalé au passage qu'elle avait été emprisonnée au Congo pour sa participation à une manifestation et qu'elle avait été violée par plusieurs hommes. Il lui aurait demandé si ses bagues avaient de vrais diamants, avant de lui lancer: «J'ai des amis qui aiment les jolies femmes comme toi.» Tout en discutant, il lui mettait des produits anesthésiants dans la bouche.
Serpent mamba
La femme raconte que dès après, le dentiste lui a dit qu'il n'avait
pas peur de montrer sa nudité. «Il a baissé son pantalon. J'ai dit: je
ne suis pas venue pour ça. Il était en érection. J'ai dit: Tu n'es pas
circoncis, la tête de ton pénis est comme un serpent mamba.»
La femme signale que le dentiste a dit: «O.K., O.K., on va faire le
traitement.» Il a posé les plombages et lui a ensuite fait serrer les
dents pour voir si tout était bien. C'est après, dit-elle, qu'il lui a
demandé d'ouvrir grand la bouche et que l'agression est survenue. La
femme soutient que le dentiste lui tenait fermement la tête pendant
qu'il commettait ses gestes. Il a touché ses seins en même temps. Elle
est restée immobile parce qu'elle était saisie, surprise, et avait peur.
Elle voyait les instruments de dentiste et pensait qu'il pouvait lui
faire du mal. Selon elle, il a éjaculé rapidement dans sa bouche. Après
qu'il se fut retiré, elle lui a demandé pourquoi il avait fait ça. Elle
pleurait. Selon sa culture, le sperme contient des enfants. L'avoir dans
la bouche, pour elle, relève du cannibalisme. «Je ne suis pas
cannibale!», a-t-elle dit avec force.
De l'argent dans le chemisier
Selon son souvenir, le dentiste lui a tendu un verre et lui a dit
de se rincer la bouche et de cracher. Ensuite, il a glissé 40$ dans son
chemisier. «Il m'a serrée fort et il m'a dit: Je t'aime. Il m'a dit
qu'il avait des amis qui étaient prêts à payer 40$ pour le haut et 100$
pour le bas.»
La femme raconte être sortie en pleurant. Cette affaire a
bouleversé sa vie, soutient-elle. Elle en a parlé à une médecin et à un
travailleur social. Ce dernier lui a dit qu'elle pouvait faire une
plainte, et il l'a assistée dans ses démarches. Elle a porté plainte à
la police, une dizaine de jours après les événements, puis à l'Ordre des
dentistes. En mars 2011, pour cette affaire, le Dr Dadourian a plaidé
coupable à une infraction d'inconduite sexuelle devant son ordre
professionnel. Il a été radié pour trois mois et a écopé d'une amende de
1000$. Il reconnaît la fellation dans son bureau de dentiste, mais
soutient qu'il s'agissait d'une «relation d'affaires avec consentement
mutuel».
Le procès se poursuit aujourd'hui devant le juge Salvatore Mascia.
L'accusé, qui est accompagné de sa femme, est défendu par Me Pierre
Poupart. C'est Me Anne Aubé qui représente la Couronne.
Sexe au cabinet: une «relation d'affaires», soutient le dentiste
Christiane Desjardins
La Presse
Un dentiste peut-il mettre son pénis dans la bouche engourdie d'une patiente et invoquer la «relation d'affaires»?
C'est l'explication que le dentiste Mirhan Dadourian a donnée à son
ordre professionnel, il y a un an, lorsqu'il a plaidé coupable à une
infraction déontologique d'inconduite sexuelle. Son geste lui a valu une
radiation de trois mois et 1000$ d'amende. L'homme de 64 ans doit
maintenant répondre de ses actes en Cour du Québec, puisqu'il a été
accusé d'agression sexuelle dans la foulée de cette affaire. Son procès
doit s'ouvrir aujourd'hui, à Montréal.
>>> Un extrait de la lettre au conseil de discipline de l'Ordre des dentistes du Québec
Les faits reprochés se sont produits le 1er octobre 2008, au
cabinet du Dr Dadourian, à l'endroit d'une patiente d'origine africaine.
Le Dr Dadourian soutient que c'est cette patiente venue le consulter
pour deux caries qui l'a provoqué sexuellement en tenant des propos
salaces à propos de la circoncision et de la grosseur des pénis. Cela
aurait incité monsieur à demander une fellation, qu'il affirme avoir
rétribuée en argent comptant. C'est du moins ce qu'il a soutenu devant
le conseil de discipline de l'Ordre des dentistes du Québec.
Au terme des plaidoiries sur la sanction, le Dr Dadourian a demandé
la clémence. Il espérait un mois de radiation au lieu de la sanction
minimale de trois mois. Il a demandé au conseil de tenir compte du fait
que sa conjointe n'était pas au courant de son incartade et que son
couple serait en péril si elle l'apprenait.
Dans sa décision, le conseil a répondu que si la relation conjugale
de monsieur était à risque, «elle aurait dû l'inciter à la réflexion
avant l'action».
Le conseil a signalé que le Dr Dadourian avait plaidé coupable du
bout des lèvres, car il banalisait l'événement en le réduisant à une
«relation d'affaires avec consentement mutuel».
D'ailleurs, le consentement ne devait pas être aussi mutuel que le
Dr Dadourian le prétend, puisque la patiente a porté plainte à l'Ordre
des dentistes et à la police. Le dentiste a repris son droit de pratique
le 19 juillet dernier, après trois mois de radiation.
Christiane Desjardins
La Presse
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