Sérail: première erreur fatale du ´septennat des grandes opportunités
Source: Camerounlink 03 12 2018
À peine entamé, le nouveau mandat du président de la République doit faire face à une déconvenue de taille. Le retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun prive le pouvoir d’un moment qu’il annonçait d’ores et déjà de « communion nationale ».
47 ans après avoir organisé sa première Coupe d’Afrique des Nations (CAN), le Cameroun s’est engagé auprès de la Confédération africaine de football (CAF) à tenir une seconde fois le pari. Mais une quarantaine d’années plus tard, et alors que l’organisation lui a été confiée depuis 2014, le pays se retrouve dans l’incapacité de tenir ses engagements.
«La Confédération africaine de football a décidé que la prochaine édition de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 ne peut se tenir au Cameroun», a tranché le président de la Caf, Ahmad Ahmad, vendredi dernier à Accra au Ghana, où se tenait le Comité exécutif de la CAF. Coup de tonnerre à Yaoundé.
Cette décision de la CAF est l’épilogue d’un long feuilleton de frictions entre Yaoundé et l’instance faitière du football africain sur le niveau d’avancement des travaux. L’opinion est abasourdie et les autorités camerounaises se manifestent par un mutisme, signe d’embarras, à l’exception d’une sortie du ministre de la Communication.
Issa Tchiroma Bakary fustige une décision qui «ne rend assurément pas justice aux investissements colossaux consentis par notre pays et qui se traduisent aujourd’hui par de belles infrastructures modernes visibles de tous, ni à l’engagement déterminé du chef de l’État». Parole donnée Pour une partie de l’opinion en effet, il s’agit du nonrespect d’une promesse. «La CAN 2019, c’est déjà demain, et le Cameroun sera prêt le jour dit. J’en prends l’engagement», indique Paul Biya en août 2017. Le président de la République du Cameroun réagissait à une sortie du président de la CAF.
En marge d’une visite au Burkina Faso Ahmad avait déclaré que «même à quatre équipes, le Cameroun n’est pas prêt». Cette saillie du chef de l’État est reprise systématiquement par la propagande du pouvoir et sert de froment à la campagne du candidat Paul Biya qui brique un énième mandat à l’élection présidentielle. La CAN est affichée comme une ambition du chef de l’État qui sera réalisée au cours du septennat des «grandes opportunités». Les soutiens du pouvoir ne se lassent pas de brandir cette compétition comme une victoire du président Paul Biya, «qui dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit». Le réveil est brutal: moins d’un mois après le début de son nouveau septennat, l’un des piliers sur lequel repose alors le discours officiel de la parole donnée du président de la République s’effondre.
Le septennat des «grandes opportunités» s’ouvre sur ce qui s’apparente à un échec cuisant. Prescience Cependant, pour de nombreux observateurs, le Cameroun n’a pas démérité. Ils accusent la CAF d’anti jeu. Cette ligne de défense repose essentiellement sur le fait que les dirigeants du football continental ont changé les règles du jeu en plein match. En effet, lors de l’attribution de l’organisation de la compétition en 2014, le Cameroun a hérité d’un cahier de charges à 16 équipes, notamment. Celui-ci sera modifié en août 2017, portant le
nombre d’équipes à 24, avec induction d’un surplus d’infrastructures à construire.
En tout état de cause, le gouvernement camerounais a pris acte de la décision de la CAF, et assure à travers son ministre de la Communication, de «la construction de ces belles infrastructures qui appartiennent au peuple camerounais, et en les achevant à bonne date ainsi que s’y est engagé le chef de l’État». Pour sa part, et telle une prescience, Paul Biya, dans son discours d’investiture, déclarait le 6 novembre dernier, avec moins d’assurance: «je persisterai à consacrer tous mes efforts [ … ] à apporter au secteur sportif le soutien qu’il mérite, pour que les efforts que nous avons consentis pour accueillir la CAN 2019 reçoivent leur juste récompense».
Integration