Sérail - Nominations aux postes de responsabilités: Paul Biya est-il en difficulté?
DOUALA - 23 Mars 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus
L'ouest, le Grand Nord et certaines puissances étrangères veulent déstabiliser l'actuel régime. Le peuvent-ils? Analyse.
I.- Tentative de rapprochement entre Biya et l’Ouest
Dans l’actuelle équipe gouvernementale formée le 9 décembre 2011, la région de l'Ouest a cinq ministres:
- Emmanuel Nganou Djoumessi, Ministre de l'économie, de la planification et de l'aménagement du territoire.
- Jean Claude Mbwentchou, ministre de l'habitat et du développement urbain.
- Madeleine Tchuinte, ministre de la recherche scientifique et de l'innovation.
- Jean-Pierre Fogui, ministre délégué auprès du ministre de' la justice, garde des sceaux.
- Mefiro Oumarou, ministre délégué auprès du ministre des transports.
Quatre des cinq ministres sont Bamiléké tandis que le ministre délégué auprès du ministre des transports est Bamoun. Si les ministres ne sont pas des poids lourds du gouvernement, il n'en demeure pas moins que le ministère de l'économie, de la planification et l'aménagement du territoire dévolu à Emmanuel Nganou Djoumessi du département des Bamboutos est un morceau de choix au point que des voix se sont élevées au sein du groupe Béti/Fang pour dénoncer le choix de Paul Biya qui a donné un si puissant ministère à un Bamiléké.
Paul Biya sait ce qu'il fait. En nommant Nganou Djoumessi à l'Economie et au plan, il a fait une sorte de compensation à l'Ouest qui a perdu l'Agriculture ou son ami personnel Jean Nkuete était vice-premier ministre. Aujourd'hui, l'Ouest n'a ni vice-premier ministre, ni ministre d'Etat. Et pour ne pas également s'attirer les foudres de la région de l'Ouest et de Jean Nkuete, Paul Biya a désigné ce dernier Secrétaire général du Comité central du Rdpc au pouvoir, à la surprise de tout le monde.
Paul Biya sait que le Grand Nord n'est Pas content de la portion congrue qui lui a été réservée lors du partage du gâteau national avec 17 postes ministériels sur les 63 que compte gouvernement, celui-ci, qui lui a donné 40% de voix lors du scrutin du 9 octobre dernier, veut ainsi se rapprocher de l'Ouest pour contrebalancer l'influence politique de ce Grand Nord. La greffe va-t-elle prendre? Nous n'en sommes pas si sûrs, car il n'est pas à sa première tentative.
Le vote bamiléké en faveur de Paul Biya a progressé par rapport aux précédents scrutins présidentiels, surtout celui de 1992 où le chef de l'Etat avait obtenu des résultats ridicules. Pour le scrutin du 9 octobre dernier, Paul Biya a obtenu 329 216 voix sur les 497 197 suffrages valablement exprimés contre 167 951 voix pour les 22 autres candidats. Cette victoire de Paul Biya dans la région de l'Ouest veut-elle dire que les Bamiléké sont avec lui? Ca n'est pas sûr, ces résultats sont obtenus ou, Si l'on veut, arrachés aux populations par les membres de l'élite de l'Ouest résidant à Douala et à Yaoundé qui, soucieux de conserver leurs positions ou postes ou aspirants à de hautes fonctions, font des pieds et des mains pour que Paul Biya y obtienne le maximum de voix.
Est-ce que les populations sont avec Paul Biya? Que non. A Douala par exemple Où les Bamiléké représentent la moitié de la population, le taux d'abstention a été très élevé pendant le scrutin du 9 octobre dernier. En effet, sur 639 439 électeurs, seuls 208 566 sont allés voter soit 430 873 qui se sont abstenus.
Au vrai, ce ne sont pas les postes de Premier ministre, de vice-premier ministre ou de ministre d'Etat qui les intéressent mais la Présidence de la République. Dans cette mouvance il y a deux camps: ceux qui ne veulent pas que Paul Biya aille jusqu'au terme de son mandant de 7 ans et ceux qui attendent l'échéance 2018 pour le remplacer. Ces derniers sont majoritaires et se préparent méthodiquement pour présenter un des leurs à la présidentielle de 2018 si entre-temps Paul Biya ne quitte pas le pouvoir pour une raison ou une autre.
Même avec leur puissance financière, même s'ils noyautent toutes les structures de l'Etat, maîtrisent tous les circuits économiques, il est quasi impossible aux Bamiléké d'accéder au pouvoir suprême s'ils n'ont pas les voix du Grand Nord qui reste incontournable dans tout scrutin présidentiel grâce à son poids démographique.
II.- Le grand Nord fâché de Biya
Si en public certains caciques et autres pontes du Rdpc au pouvoir originaires du Grand Nord déclarent être avec Paul Biya, tel n'est pas le cas en privé. Le Grand Nord, tous partis politiques confondus, est très mécontent du nombre de ministres qu'on lui a attribué. Avec 1 610 997 voix données à Biya sur un total de 3 772 527 soit près de 43% de suffrages valablement exprimés, le Grand Nord s'attendait au mieux, à un retour de l'ascenseur de la part de Paul Biya lors du remaniement du 9 décembre dernier. Il a été très déçu du partage qui suit:
Au Grand Nord, on ne comprend pas que la région du Centre ait reçu 19 postes ministériels alors qu'elle n'a donné que 692 106 voix contre 990 947 pour l'Extrême-Nord qui n'a reçu que 9 ministres. Pire, le Grand Nord avec 1 610 997 voix données à Paul Biya obtient moins de ministres que la seule région du Centre. Et ô suprême humiliation, son champion dans l’embrigadement des militants pour voter Paul Biya qu'est Amadou Ali est devenu vice-premier ministre en charge des relations avec les Assemblées.
Le Grand Nord s'est tu en attendant des jours meilleurs, en se disant que le grand chef qu'est Paul Biya va lui faire prochainement une grosse et bonne surprise. Hélas, toujours rien avec la vague des nominations à la tête de certaines sociétés d'Etat et de régions. Des directeurs généraux ont été nommés au Crédit Foncier du Cameroun (Cfc), à la Société Immobilière du Cameroun (Sic), à l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (Enam) et l'Hôpital Gynéco-obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé (Hgopy), aucun enfant du Grand Nord ne figure parmi les heureux promus.
Dans le commandement, le Grand Nord vit une situation similaire. Lors des nominations des gouverneurs de régions le 14 mars dernier, Paul Biya a oublié de nommer trois originaires du Grand Nord selon une loi non écrite, mais tacite qui veut que chacune des 10 régions du pays puisse avoir un gouverneur. Cette fois-ci le président de la République n'a nommé que deux gouverneurs originaires du Grand Nord, Abakar Mahamat qui est originaire de l'Extrême Nord et Midjiyawa Bakari, un nouveau qui est de l'Adamaoua. Où est passé le Nord?
Le Grand Nord estime être largement lésé dans les concours d'entrée aux grandes écoles ces derniers temps et même dans la promotion de ses enfants dans la police, en effet, il est bien loin le temps où Sali Dahirou, ancien ministre de la Fonction publique et de la Réforme Administrative et membre du Bureau politique du Rdpc déclarait à la Crtv télé que le Grand Nord avait droit à 30% de places à l'Ecole Nationale Supérieure de Police de Yaoundé. Aujourd'hui, cette règle n'est plus respectée.
III.- Possible rapprochement Ouest-Grand-Nord?
Avec ce qui se passe aujourd'hui entre Paul Biya et le Grand Nord, l'Ouest peut-il rêver à se rapprocher du septentrion dans la succession au chef de l'Etat? C'est inimaginable même si rien n'est impossible en politique.
Un ticket Ouest-Grand Nord est imbattable dans un scrutin présidentiel, mais alors les populations du Grand Nord sont-elles prêtes à accepter une candidature bamiléké à la présidence de la République même si ses leaders politiques l'acceptent? Et pourquoi pas l'inverse, que le Grand Nord demande aux Bamiléké de le soutenir moyennant des postes clés comme la primature. Tout est possible même si les mentalités ne sont pas encore les mêmes dans le Grand Nord où l'on sait qu'après Paul Biya le pouvoir doit remonter là-bas. Amadou Ali alors vice-premier ministre en charge de la Justice, Garde des Sceaux qui avait déclaré à Janet Garvey, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun: «Le septentrion soutiendra Biya aussi longtemps qu'il souhaitera être président, mais n'acceptera jamais un successeur qui soit lui aussi Béti, Bulu, ni un membre de l'ethnie Bamiléké qui est économiquement puissante» voilà qui est clair comme l'eau de roche: le Grand Nord n'est pas encore prêt psychologiquement pour accepter un Bamiléké comme président du Cameroun. Ce qui, de notre point de vue, est anormal car le Bamiléké est Camerounais à part entière et comme tel il a le droit de diriger notre pays.
Amadou Ali avait poursuivi que les autres tribus du Cameroun ont «une méfiance pathologique à l'égard des Bamiléké qui sont parfois presentés comme des Co-conspirateurs des anglophones qu'on qualifie d'«Anglo-Bami» à cause du caractère agressif de l'expansion de leur domination économique du Cameroun».
Le vice-premier ministre délégué à la présidence de la République en charge des Relations avec les Assemblées avait révélé que les membres de l'élite bamiléké avaient fait des propositions, noué des contacts avec les membres de l'élite du Grand Nord allant dans le sens d'une alliance pouvant les porter au pouvoir. Mais selon Amadou Ali, les originaires du Grand Nord étaient «si méfiants sur les intentions des Bamiléké et avaient trop peur pour leur pouvoir économique, qu'ils ne concluraient jamais une alliance pour soutenir un pouvoir politique bamiléké».
Le Grand Nord a raison de se méfier des Bamiléké qui ont déjà le pouvoir économique. Il n'est pas en effet normal qu'une ethnie qui détient déjà le pouvoir économique, contrôle le pouvoir politique. Cela peut déboucher sur toutes sortes d'abus aux conséquences incalculables. L'arrogance manifestée par les Bamiléké de par leur puissance financière peut devenir un danger pour le pays s'ils détiennent les leviers politiques.
Pourquoi condamner Amadou Ali s'il a dit tout bas ce que presque tous les non bamiléké disent tout haut. pense-t-on que Ni John Fru Ndi le leader du Sdf peut accepter facilement qu'un Bamiléké devienne chef de l'Etat Camerounais lui qui a passé son temps à réduire au silence ceux qui ont essayé de lever la tête pour contester son autorité au sein du parti? Les anglophones du Nord-Ouest eux-mêmes redoutent les Bamilékés.
La refonte des listes et le système électoral
Paul Biya a compris qu'il faut lâcher du lest face à ses opposants, à la société civile, à l'opinion publique nationale et internationale. Raison pour laquelle il a demandé au premier ministre et à Elecam, l'organisme chargé d'organiser matériellement les élections de prendre les avis des uns et des autres pour tout ce qui concerne les élections au Cameroun: refonte des listes électorales avec l'utilisation de la biométrie, le bulletin unique, etc. Le chef de l'Etat le fait parce qu'il ne va plus se présenter à un scrutin présidentiel, il engage ainsi des reformes qui ne menacent pas sa position.
Dans ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux, les surprises, les bonnes risquent d'être nombreuses comme par exemple le découpage des circonscriptions électorales, l'augmentation du nombre de députés à l'Assemblée nationale comme le réclame l'opposition.
Le chef de l’Etat peut comme l'autorise la constitution créer de nouvelles régions, article 61 (b): «créer d'autres régions. Dans ce cas, il leur attribue une dénomination et fixe leurs délimitations géographiques». La création de nouvelles régions et de nouveaux départements est vivement attendue par les populations des quatre, coins du pays. En effet, en dehors des Mbamois qui attendent de voir les deux départements frères du Mbam et Inoubou et du Mbam et Kim qui s'étendent sur 33 000 km2 soit la moitié de la région du Centre à laquelle ils appartiennent et qui sont plus grands que les régions du Littoral, de l'Ouest, du Nord-Ouest ou du Sud-ouest, l'Extrême-Nord qui a 6 départements aimerait les voir éclater en deux régions. Non seulement par cet acte, il va rapprocher l'administration des populations mais sa côte de popularité va gagner et cela pourrait lui permettre d'augmenter le nombre de députés.
VI.- Les grandes réalisations et les jaloux
Tout doucement, Paul Biya est en train de réussir son challenge de transformer le Cameroun en un immense chantier, n'en déplaise aux jaloux. La dernière et bonne nouvelle et non des moindres sont les 284 milliards de F Cfa que notre pays vient d'obtenir de la banque chinoise pour la construction de l'autoroute Yaoundé-Douala.
Les travaux de la centrale à gaz de Mpolongwé à Kribi avancent normalement. On s'active du côté des projets de barrages hydroélectriques de Lom Pangar dans l'Est du pays, de Memvé'élé et de Mekin dans la région du sud sans oublier le port en eau profonde de Kribi. Au total, Paul Biya a la situation bel et bien en mains. C'est de paix dont il a besoin pour conduire à bon port ses grandes réalisations. Et il fait tout pour que cette paix sociale soit effective.
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus
L'ouest, le Grand Nord et certaines puissances étrangères veulent déstabiliser l'actuel régime. Le peuvent-ils? Analyse.
I.- Tentative de rapprochement entre Biya et l’Ouest
Dans l’actuelle équipe gouvernementale formée le 9 décembre 2011, la région de l'Ouest a cinq ministres:
- Emmanuel Nganou Djoumessi, Ministre de l'économie, de la planification et de l'aménagement du territoire.
- Jean Claude Mbwentchou, ministre de l'habitat et du développement urbain.
- Madeleine Tchuinte, ministre de la recherche scientifique et de l'innovation.
- Jean-Pierre Fogui, ministre délégué auprès du ministre de' la justice, garde des sceaux.
- Mefiro Oumarou, ministre délégué auprès du ministre des transports.
Quatre des cinq ministres sont Bamiléké tandis que le ministre délégué auprès du ministre des transports est Bamoun. Si les ministres ne sont pas des poids lourds du gouvernement, il n'en demeure pas moins que le ministère de l'économie, de la planification et l'aménagement du territoire dévolu à Emmanuel Nganou Djoumessi du département des Bamboutos est un morceau de choix au point que des voix se sont élevées au sein du groupe Béti/Fang pour dénoncer le choix de Paul Biya qui a donné un si puissant ministère à un Bamiléké.
Paul Biya sait ce qu'il fait. En nommant Nganou Djoumessi à l'Economie et au plan, il a fait une sorte de compensation à l'Ouest qui a perdu l'Agriculture ou son ami personnel Jean Nkuete était vice-premier ministre. Aujourd'hui, l'Ouest n'a ni vice-premier ministre, ni ministre d'Etat. Et pour ne pas également s'attirer les foudres de la région de l'Ouest et de Jean Nkuete, Paul Biya a désigné ce dernier Secrétaire général du Comité central du Rdpc au pouvoir, à la surprise de tout le monde.
Paul Biya sait que le Grand Nord n'est Pas content de la portion congrue qui lui a été réservée lors du partage du gâteau national avec 17 postes ministériels sur les 63 que compte gouvernement, celui-ci, qui lui a donné 40% de voix lors du scrutin du 9 octobre dernier, veut ainsi se rapprocher de l'Ouest pour contrebalancer l'influence politique de ce Grand Nord. La greffe va-t-elle prendre? Nous n'en sommes pas si sûrs, car il n'est pas à sa première tentative.
Le vote bamiléké en faveur de Paul Biya a progressé par rapport aux précédents scrutins présidentiels, surtout celui de 1992 où le chef de l'Etat avait obtenu des résultats ridicules. Pour le scrutin du 9 octobre dernier, Paul Biya a obtenu 329 216 voix sur les 497 197 suffrages valablement exprimés contre 167 951 voix pour les 22 autres candidats. Cette victoire de Paul Biya dans la région de l'Ouest veut-elle dire que les Bamiléké sont avec lui? Ca n'est pas sûr, ces résultats sont obtenus ou, Si l'on veut, arrachés aux populations par les membres de l'élite de l'Ouest résidant à Douala et à Yaoundé qui, soucieux de conserver leurs positions ou postes ou aspirants à de hautes fonctions, font des pieds et des mains pour que Paul Biya y obtienne le maximum de voix.
Est-ce que les populations sont avec Paul Biya? Que non. A Douala par exemple Où les Bamiléké représentent la moitié de la population, le taux d'abstention a été très élevé pendant le scrutin du 9 octobre dernier. En effet, sur 639 439 électeurs, seuls 208 566 sont allés voter soit 430 873 qui se sont abstenus.
Au vrai, ce ne sont pas les postes de Premier ministre, de vice-premier ministre ou de ministre d'Etat qui les intéressent mais la Présidence de la République. Dans cette mouvance il y a deux camps: ceux qui ne veulent pas que Paul Biya aille jusqu'au terme de son mandant de 7 ans et ceux qui attendent l'échéance 2018 pour le remplacer. Ces derniers sont majoritaires et se préparent méthodiquement pour présenter un des leurs à la présidentielle de 2018 si entre-temps Paul Biya ne quitte pas le pouvoir pour une raison ou une autre.
Même avec leur puissance financière, même s'ils noyautent toutes les structures de l'Etat, maîtrisent tous les circuits économiques, il est quasi impossible aux Bamiléké d'accéder au pouvoir suprême s'ils n'ont pas les voix du Grand Nord qui reste incontournable dans tout scrutin présidentiel grâce à son poids démographique.
II.- Le grand Nord fâché de Biya
Si en public certains caciques et autres pontes du Rdpc au pouvoir originaires du Grand Nord déclarent être avec Paul Biya, tel n'est pas le cas en privé. Le Grand Nord, tous partis politiques confondus, est très mécontent du nombre de ministres qu'on lui a attribué. Avec 1 610 997 voix données à Biya sur un total de 3 772 527 soit près de 43% de suffrages valablement exprimés, le Grand Nord s'attendait au mieux, à un retour de l'ascenseur de la part de Paul Biya lors du remaniement du 9 décembre dernier. Il a été très déçu du partage qui suit:
Au Grand Nord, on ne comprend pas que la région du Centre ait reçu 19 postes ministériels alors qu'elle n'a donné que 692 106 voix contre 990 947 pour l'Extrême-Nord qui n'a reçu que 9 ministres. Pire, le Grand Nord avec 1 610 997 voix données à Paul Biya obtient moins de ministres que la seule région du Centre. Et ô suprême humiliation, son champion dans l’embrigadement des militants pour voter Paul Biya qu'est Amadou Ali est devenu vice-premier ministre en charge des relations avec les Assemblées.
Le Grand Nord s'est tu en attendant des jours meilleurs, en se disant que le grand chef qu'est Paul Biya va lui faire prochainement une grosse et bonne surprise. Hélas, toujours rien avec la vague des nominations à la tête de certaines sociétés d'Etat et de régions. Des directeurs généraux ont été nommés au Crédit Foncier du Cameroun (Cfc), à la Société Immobilière du Cameroun (Sic), à l'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (Enam) et l'Hôpital Gynéco-obstétrique et Pédiatrique de Yaoundé (Hgopy), aucun enfant du Grand Nord ne figure parmi les heureux promus.
Dans le commandement, le Grand Nord vit une situation similaire. Lors des nominations des gouverneurs de régions le 14 mars dernier, Paul Biya a oublié de nommer trois originaires du Grand Nord selon une loi non écrite, mais tacite qui veut que chacune des 10 régions du pays puisse avoir un gouverneur. Cette fois-ci le président de la République n'a nommé que deux gouverneurs originaires du Grand Nord, Abakar Mahamat qui est originaire de l'Extrême Nord et Midjiyawa Bakari, un nouveau qui est de l'Adamaoua. Où est passé le Nord?
Le Grand Nord estime être largement lésé dans les concours d'entrée aux grandes écoles ces derniers temps et même dans la promotion de ses enfants dans la police, en effet, il est bien loin le temps où Sali Dahirou, ancien ministre de la Fonction publique et de la Réforme Administrative et membre du Bureau politique du Rdpc déclarait à la Crtv télé que le Grand Nord avait droit à 30% de places à l'Ecole Nationale Supérieure de Police de Yaoundé. Aujourd'hui, cette règle n'est plus respectée.
III.- Possible rapprochement Ouest-Grand-Nord?
Avec ce qui se passe aujourd'hui entre Paul Biya et le Grand Nord, l'Ouest peut-il rêver à se rapprocher du septentrion dans la succession au chef de l'Etat? C'est inimaginable même si rien n'est impossible en politique.
Un ticket Ouest-Grand Nord est imbattable dans un scrutin présidentiel, mais alors les populations du Grand Nord sont-elles prêtes à accepter une candidature bamiléké à la présidence de la République même si ses leaders politiques l'acceptent? Et pourquoi pas l'inverse, que le Grand Nord demande aux Bamiléké de le soutenir moyennant des postes clés comme la primature. Tout est possible même si les mentalités ne sont pas encore les mêmes dans le Grand Nord où l'on sait qu'après Paul Biya le pouvoir doit remonter là-bas. Amadou Ali alors vice-premier ministre en charge de la Justice, Garde des Sceaux qui avait déclaré à Janet Garvey, ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun: «Le septentrion soutiendra Biya aussi longtemps qu'il souhaitera être président, mais n'acceptera jamais un successeur qui soit lui aussi Béti, Bulu, ni un membre de l'ethnie Bamiléké qui est économiquement puissante» voilà qui est clair comme l'eau de roche: le Grand Nord n'est pas encore prêt psychologiquement pour accepter un Bamiléké comme président du Cameroun. Ce qui, de notre point de vue, est anormal car le Bamiléké est Camerounais à part entière et comme tel il a le droit de diriger notre pays.
Amadou Ali avait poursuivi que les autres tribus du Cameroun ont «une méfiance pathologique à l'égard des Bamiléké qui sont parfois presentés comme des Co-conspirateurs des anglophones qu'on qualifie d'«Anglo-Bami» à cause du caractère agressif de l'expansion de leur domination économique du Cameroun».
Le vice-premier ministre délégué à la présidence de la République en charge des Relations avec les Assemblées avait révélé que les membres de l'élite bamiléké avaient fait des propositions, noué des contacts avec les membres de l'élite du Grand Nord allant dans le sens d'une alliance pouvant les porter au pouvoir. Mais selon Amadou Ali, les originaires du Grand Nord étaient «si méfiants sur les intentions des Bamiléké et avaient trop peur pour leur pouvoir économique, qu'ils ne concluraient jamais une alliance pour soutenir un pouvoir politique bamiléké».
Le Grand Nord a raison de se méfier des Bamiléké qui ont déjà le pouvoir économique. Il n'est pas en effet normal qu'une ethnie qui détient déjà le pouvoir économique, contrôle le pouvoir politique. Cela peut déboucher sur toutes sortes d'abus aux conséquences incalculables. L'arrogance manifestée par les Bamiléké de par leur puissance financière peut devenir un danger pour le pays s'ils détiennent les leviers politiques.
Pourquoi condamner Amadou Ali s'il a dit tout bas ce que presque tous les non bamiléké disent tout haut. pense-t-on que Ni John Fru Ndi le leader du Sdf peut accepter facilement qu'un Bamiléké devienne chef de l'Etat Camerounais lui qui a passé son temps à réduire au silence ceux qui ont essayé de lever la tête pour contester son autorité au sein du parti? Les anglophones du Nord-Ouest eux-mêmes redoutent les Bamilékés.
La refonte des listes et le système électoral
Paul Biya a compris qu'il faut lâcher du lest face à ses opposants, à la société civile, à l'opinion publique nationale et internationale. Raison pour laquelle il a demandé au premier ministre et à Elecam, l'organisme chargé d'organiser matériellement les élections de prendre les avis des uns et des autres pour tout ce qui concerne les élections au Cameroun: refonte des listes électorales avec l'utilisation de la biométrie, le bulletin unique, etc. Le chef de l'Etat le fait parce qu'il ne va plus se présenter à un scrutin présidentiel, il engage ainsi des reformes qui ne menacent pas sa position.
Dans ce qui est en train de se dérouler sous nos yeux, les surprises, les bonnes risquent d'être nombreuses comme par exemple le découpage des circonscriptions électorales, l'augmentation du nombre de députés à l'Assemblée nationale comme le réclame l'opposition.
Le chef de l’Etat peut comme l'autorise la constitution créer de nouvelles régions, article 61 (b): «créer d'autres régions. Dans ce cas, il leur attribue une dénomination et fixe leurs délimitations géographiques». La création de nouvelles régions et de nouveaux départements est vivement attendue par les populations des quatre, coins du pays. En effet, en dehors des Mbamois qui attendent de voir les deux départements frères du Mbam et Inoubou et du Mbam et Kim qui s'étendent sur 33 000 km2 soit la moitié de la région du Centre à laquelle ils appartiennent et qui sont plus grands que les régions du Littoral, de l'Ouest, du Nord-Ouest ou du Sud-ouest, l'Extrême-Nord qui a 6 départements aimerait les voir éclater en deux régions. Non seulement par cet acte, il va rapprocher l'administration des populations mais sa côte de popularité va gagner et cela pourrait lui permettre d'augmenter le nombre de députés.
VI.- Les grandes réalisations et les jaloux
Tout doucement, Paul Biya est en train de réussir son challenge de transformer le Cameroun en un immense chantier, n'en déplaise aux jaloux. La dernière et bonne nouvelle et non des moindres sont les 284 milliards de F Cfa que notre pays vient d'obtenir de la banque chinoise pour la construction de l'autoroute Yaoundé-Douala.
Les travaux de la centrale à gaz de Mpolongwé à Kribi avancent normalement. On s'active du côté des projets de barrages hydroélectriques de Lom Pangar dans l'Est du pays, de Memvé'élé et de Mekin dans la région du sud sans oublier le port en eau profonde de Kribi. Au total, Paul Biya a la situation bel et bien en mains. C'est de paix dont il a besoin pour conduire à bon port ses grandes réalisations. Et il fait tout pour que cette paix sociale soit effective.