Sénégal,Traque des biens mal acquis: Macky Sall ratisse large
Les détourneurs de biens publics sénégalais n’ont plus le sommeil tranquille depuis l’arrivée au pouvoir du président Macky Sall. Le cas de ces voleurs publics ira sans doute de mal en pis avec la décision du nouveau pouvoir de Dakar d’internationaliser la traque des délinquants financiers à col blanc. L’Etat sénégalais a, en effet, déposé, par le biais de ses avocats, une plainte devant la justice française, en vue de recouvrer d’éventuels biens mal acquis par des personnalités sénégalaises sur le territoire français.
Le nouveau président sénégalais qui avait déjà mis en branle la machine de l’opération de récupération des deniers publics détournés, compte ratisser large en usant de la coopération inter-Etats pour chasser les voleurs de l’Etat au-delà des frontières de la Téranga. Le nouveau gouvernement avait, du reste, commencé à demander des comptes à certains dignitaires de l’ex-régime sur leur gestion passée dont certains aspects ne manquent pas de susciter la suspicion. Ce que l’Etat sénégalais a perdu à cause de la mauvaise gestion de ses commis, tout comme beaucoup d’autres Etats africains, est sans doute important pour pousser les dirigeants de l’alternance à vouloir y voir plus clair. Ce que les présumés détourneurs ont camouflé au Sénégal comme biens irrégulièrement acquis est probablement de loin moins colossal que ce qu’ils ont caché en lieu sûr en Occident.
Il est donc de bon ton qu’en plus de faire le ménage sur le plan national, le président Sall ait le courage d’exporter le linge sale familial dans le but de le laver aussi propre que blanc. C’est seulement par une traque tous azimuts qu’il parviendra à aller jusqu’au bout de sa logique d’instauration d’une bonne gouvernance par un assainissement de la gestion des affaires publiques. Sur les listes publiées par certains sites sénégalais, figurent les noms de membres de la famille de l’ancien président Abdoulaye Wade, de hauts fonctionnaires, d’anciens ministres et des hommes d’affaires qui sont visés par la plainte déposée en France. Certaines de ces personnes politiquement exposées (PPE), comme on les appelle couramment, sentant le roussi, ont déjà commencé à se débarrasser de leurs avoirs. Ils ne perdent cependant rien pour faire montre d’une certaine frilosité qui prouvera qu’ils ont effectivement quelque chose à se reprocher et à cacher.
Ce sera en outre la lutte contre le détournement des biens publics en Afrique qui aura de beaux jours devant elle en termes d’acquis à engranger. Car, comme dans bien d’autres aspects de la démocratie, comme l’alternance, le Sénégal aura créé un bon précédent qui devrait inspirer d’autres pays africains encore à la traîne. Le pays de Senghor pourra d’autant plus servir de gouvernail en la matière qu’il entend étendre son opération de rapatriement des fonds publics volés à la Grande Bretagne, à Monaco et à la Suisse. Il est évident que les propriétaires des comptes visés ne se laisseront pas facilement déposséder de leurs fortunes.
Leurs réseaux mafieux s’emploieront absolument à brouiller davantage les pistes qu’exploiteront les experts pour essayer de les identifier. Au besoin, ils créeront d’autres destinations moins suspectes et moins accessibles pour y installer leurs planques. Mais, si les dirigeants sénégalais et occidentaux font montre d’une saine volonté politique réelle qui se traduirait par une franche collaboration, toutes les caches de tous les pilleurs des républiques africaines seront débusquées. Une fois de plus, le mérite revient au pouvoir sénégalais issu de l’alternance, qui montre ainsi aux autres dirigeants africains l’exemple à suivre. Ce n’est ni impossible, ni compliqué, il suffit de le vouloir et de placer l’intérêt de la nation au-dessus de tout avantage partisan ou personnel.