Sénégal. 3 chefs d'Etat en 30 ans. Au Cameroun, Paul Biya règne...
En
attendant les résultats officiels prévus ce jour ou demain mercredi 28
mars 2012, Macky Sall est le quatrième président d’un pays où
l’alternance est ancrée dans les mœurs et la démocratie plus que
vivante. Evocation.
Le deuxième tour de la présidentielle
sénégalaise qui s’est déroulé dimanche, 25 mars 2012 aura été sans pitié
pour le président sortant Me Abdoulaye Wade. D’après les premières
tendances, Macky Sall, son challenger direct du second round, a remporté
le scrutin de la manière la plus démocratique qui soit. D’ailleurs,
Abdoulaye Wade, 85 ans sonnés, n’a pas fait perdurer le suspense. Encore
moins, il n’a pas attendu la publication des résultats officiels pour
reconnaître sa cinglante défaite. En même temps, les chaînes de
télévision, les radios ont rendu publics, minute by minute, les
résultats issus des bureaux de vote. Toutes choses pas possibles au pays
de Paul Biya.
Wade a achevé sa leçon de fair-play politique administrée à la face du monde, notamment au Cameroun, où au lendemain d’un scrutin présidentiel, des leaders montent généralement au créneau pour décrier la fraude électorale et contester ainsi les résultats publiés des semaines entières après. On espère que les organisations chargées de piloter l’élection présidentielle, à savoir Elecam chargé de l’organisation matérielle et la Cour suprême en lieu et place du Conseil constitutionnel, qui publie les résultats définitifs, ont compris qu’il est possible de fixer le peuple sur son suffrage et de dégager le vainqueur d’une course à la magistrature suprême, sans attendre les décomptes manuels des voix fastidieux et porteurs d’incorrections.
Noyé par ce qui se dessine comme un véritable raz de marée électoral, le président sortant et candidat controversé à sa propre succession Abdoulaye Wade a finalement été beau joueur. Face à son ancien Premier ministre Macky Sall, 50 ans, Wade peut ainsi espérer sortir la tête haute après avoir entretenu une certaine tension en maintenant sa candidature à un troisième mandat, malgré son âge, malgré des vagues de protestations, malgré une campagne électorale meurtrière avec six morts dans les rangs des manifestants tombés sous les coups, les roues ou les balles des forces de l'ordre. Au demeurant, il faut saluer la maturité politique du peuple sénégalais moteur d’une alternance politique pacifique depuis plusieurs décennies.
Pour la petite histoire, Abdoulaye Wade qui remplace par les urnes Abdou Diouf héritier de Léopold Sendar Senghor, en 2000, va devoir passer le témoin à Macky Sall, même si pour beaucoup, le changement d’homme à la tête du pays ne signifie pas changement de système.
Alain Njipou