Sénatoriales ou législatives-municipales ? Vers un hold-up électoral - Panique électorale et échec programmé a ELECAM
DOUALA - 22 JAN. 2013
© Edouard Kingue | Le Messager
Seulement 2 572 185 électeurs sur plus de 7 millions inscrits en quatre mois. Vers un échec programmé ?
Elecam a t-elle fixé la barre de février 2013 pour la fin des inscriptions sur les listes électorales alors que la loi prévoit sa poursuite jusqu’au 31 août ? Voici l’organe chargé d’organiser les élections prise à son propre piège, obligé de s’ajuster à l’agenda présidentiel pour enjamber les lois et règlements, au risque de convaincre définitivement sur son incapacité tant décriée à organiser des consultations inscrites du sceau de la démocratie.
L’agenda présidentiel ? On sait que le pouvoir veut organiser les sénatoriales avant les scrutins législatif et municipal. De fait, ce n’est que cette consultation inédite qui est prévus cette année. Selon nos informations, il ne fait aucun doute que les municipales et les législatives, subordonnées au corps électoral inexistant du fait de la refonte des listes, seront renvoyées aux calendes grecques, c'est-à-dire à partir de 2014, sauf cas de passage en force dont le pouvoir nous a habitués.
Un passage en force qui sera difficile à avaler tant pour la communauté internationale que pour les acteurs sociopolitiques du pays qui voient mal le corps électoral (environ 7 à 8 million d’électeurs) constitué à l’allure où vont les choses, les chiffres d’Elecam étant suffisamment en deçà de cette prévision au moment ou nous mettons sous presse. Vu le peu d’engouement observé dans les inscriptions, seul un électrochoc populaire pourrait convaincre les électeurs de s’inscrire.
Cet électrochoc est pour le moment introuvable. La confiance a foutu le camp. Le fossé entre les masses populaires et le pouvoir est si profond que les dirigeants préfèrent pour donner un semblant de mouvement à la politique, opter pour le scrutin universel indirect que constituent les sénatoriales. C'est-à-dire convoquer pour fin février-début mars 2013, les grands électeurs au mandat forclos, qui survivent par la perfusion du décret, pour élire les sénateurs au nez et à la barbe des Camerounais.
Cela se fera sûrement. Il s’agit de voir les spots et annonces publicitaires dans les médias pour s’en convaincre : « jour j-… ». Des anciens députés et maires désormais sans légitimité vont accompagner le pouvoir déjà bénéficiaire de 30 sièges gratuits vers la dictature démocratique, en élisant des sénateurs majoritairement Rdpc. Le hold-up serait il sans bavure ? L’opinion nationale et internationale se laisserait-elle convaincre de ce énième coup fourré ? Marafa Hamidou Yaya incarcéré depuis le 16 avril 2012 puis condamné à 25 ans de prison pour culpabilité intellectuelle (sic) disait dans une de ses fameuses lettres : « Je suis porteur d’un projet mettant en avant les exigences de paix et de justice permettant de bâtir une société de confiance. » L’ancien ministre de l’Administration territoriale, chef d’orchestre, pendant plusieurs années, de l’organisation des élections au Cameroun indiquait les « insuffisances et les omissions » de la loi du 19 avril 2012 portant code électoral. Il formule quelques critiques sur six articles de cette loi qui fait en ce moment l’objet de feux nourris de l’opposition et de la société civile. Marafa Hamidou Yaya proposait, par exemple, que les cartes électorales soient remises aux électeurs, immédiatement après leur inscription et que la campagne électorale s’achève la veille des scrutins pour permettre à toutes les parties prenantes de mieux se préparer pour voter.
Dans cette deuxième lettre, il confiait qu’en 2008, il avait proposé au chef de l’Etat, une mouture définitive du projet de code électoral en suggérant que « le Premier ministre organise des consultations avec les partis politiques et la société civile, leur remette le projet de code électoral afin qu’ils l’enrichissent éventuellement pour aboutir à un document consensuel devant être adopté par voie de référendum ».
Certes il y avait eu des concertations avant le dépôt du projet de loi portant code électoral à l’Assemblée nationale, mais jamais les parties ne se sont concertées sur la base d’un document existant. Ce qui fut critiqué en son temps par certains hommes politiques comme Jean-Jacques Ekindi et des leaders de la société civile comme Hilaire Kamga. D’où l’absence de « consensus » autour de l’actuel code électoral.
Pour l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, des élections mal organisées sont source de « conflits et de rupture de la paix ». Dans ses écrits de prison, il rappelait que Elecam n’est pas capable d’organiser des élections crédibles au Cameroun, surtout les prochaines législatives et municipales « renvoyées aux calendes grecques ». Selon des révélations faites par Wikileaks en février 2010, Marafa Hamidou Yaya avait déjà confié ses réserves à l’ambassadrice des Etats-Unis, Janet Garvey, quant à la capacité d’Elecam à conduire des élections crédibles au Cameroun. Il affirmait notamment que les responsables de cet organe étaient « incompétents et corrompus ».
Mais en attendant, Marafa Hamidou Yaya demandait à Paul Biya, de « laisser les Camerounais choisir leurs représentants et leurs dirigeants en toute liberté et en toute transparence ». Ce qui laisse sous-entendre que c’est le président de la République qui fait obstruction à la libre expression du suffrage universel au Cameroun. L’ancien Minatd, considéré par beaucoup d’observateurs comme le disque dur de la fraude électorale au Cameroun pendant plusieurs années, sait certainement de quoi il parle…
Edouard Kingue
Elecam: Panique électorale et échec programmé
En ce moment, les membres du Conseil électoral sont sur le terrain pour booster l'opération de refonte des listes électorales qui évolue en dents de scie. Normal donc que Mohaman Sani Tanimou demande à ses collaborateurs de faire le maximum. « Il est question pour nous dans cette deuxième phase qui va du 1er janvier à la fin des opérations, ce sera à la fin février ou à la fin mars, selon qu'il y aura prorogation, de faire le maximum, afin d'atteindre notre objectif... », a déclaré le Dge. Au 5 janvier 2013, les statistiques détenues par Elections Cameroon sur l'évolution des inscriptions dans le cadre de la refonte biométrique des listes électorales affichent 2 572 185 électeurs.
Au lancement de l'opération, la barre avait été fixée à sept millions d'électeurs voire plus. Les statistiques disponibles sont loin de ce compte pour l'instant. D'ailleurs en ce moment, les membres du Conseil électoral sont sur le terrain pour booster l'opération de refonte des listes électorales qui évolue en dents de scie. Normal donc que Mohaman Sani Tanimou demande à ses collaborateurs de faire le maximum. « afin d'atteindre notre objectif... », a déclaré le Dge qui ajoute que les 7 millions dont il est question n'étaient pas un objectif Elecam. Il s'agissait précisément de 7 008 704 électeurs. Ce chiffre représente le nombre d'électeurs consolidé en janvier 2012, après le toilettage du fichier électoral. C'est un chiffre officiel qui figure dans le rapport général sur le déroulement de la dernière élection présidentielle. C'est sur la base de ce chiffre que nous avons imparti des objectifs à atteindre au niveau communal. « S'il faut parler de 7 millions de personnes à inscrire, il revient à tous les acteurs de les rechercher et pas seulement à Elections Cameroon. A mon sens, il n'y a pas de danger à ce qu'on l'atteigne ou qu'on le dépasse. Tout est question de mobilisation et j'espère que d'ici la fin de l'opération, nous pourrons approcher ce chiffre et pourquoi pas l'atteindre ».
Le Dge continue : « La décision instituant la refonte biométrique prévoit la fin normale des opérations le 28 février avec une possibilité d'extension de trente jours. Si le 28 février nous avons un chiffre acceptable que nous pouvons proposer au gouvernement pour une éventuelle élection, nous allons arrêter. Si d'aventure le chiffre ne nous satisfait pas, nous allons le faire pour quelques semaines pour permettre aux retardataires de s'inscrire. Mais, c'est en février que nous allons apprécier cette éventualité. Je voudrais dire que ce n'est pas le décret portant convocation du corps électoral qui va mettre fin au processus, parce que l'on ne peut pas convoquer un corps électoral qui n'existe pas ».
A la question de savoir s’il reste optimiste quant à la tenue des élections attendues en 2013 ? le patron de Elecam affirmait: « Ces élections vont se suivre à un rythme normal parce que les délais de convocation des municipales et des législatives qui sont de 90 jours nous donnent du temps pour les préparer. Quant aux sénatoriales, les délais sont de 45 jours, mais elles ne sont pas aussi lourdes à organiser que les précédentes. Nous nous focalisons actuellement sur les inscriptions, la production des cartes et la constitution d'un fichier électoral. A la fin du mois de mars ou à la mi-avril lorsque nous aurons terminé cette opération, nous pourrons dire que nous sommes prêts pour affronter une éventuelle élection ». Biya jouera-t-il avec le feu ou acceptera-t-il de revoir Elecam pour une année électorale blanche et une démocratie apaisée ? Wait and see
Edking
© Edouard Kingue | Le Messager
Seulement 2 572 185 électeurs sur plus de 7 millions inscrits en quatre mois. Vers un échec programmé ?
Elecam a t-elle fixé la barre de février 2013 pour la fin des inscriptions sur les listes électorales alors que la loi prévoit sa poursuite jusqu’au 31 août ? Voici l’organe chargé d’organiser les élections prise à son propre piège, obligé de s’ajuster à l’agenda présidentiel pour enjamber les lois et règlements, au risque de convaincre définitivement sur son incapacité tant décriée à organiser des consultations inscrites du sceau de la démocratie.
L’agenda présidentiel ? On sait que le pouvoir veut organiser les sénatoriales avant les scrutins législatif et municipal. De fait, ce n’est que cette consultation inédite qui est prévus cette année. Selon nos informations, il ne fait aucun doute que les municipales et les législatives, subordonnées au corps électoral inexistant du fait de la refonte des listes, seront renvoyées aux calendes grecques, c'est-à-dire à partir de 2014, sauf cas de passage en force dont le pouvoir nous a habitués.
Un passage en force qui sera difficile à avaler tant pour la communauté internationale que pour les acteurs sociopolitiques du pays qui voient mal le corps électoral (environ 7 à 8 million d’électeurs) constitué à l’allure où vont les choses, les chiffres d’Elecam étant suffisamment en deçà de cette prévision au moment ou nous mettons sous presse. Vu le peu d’engouement observé dans les inscriptions, seul un électrochoc populaire pourrait convaincre les électeurs de s’inscrire.
Cet électrochoc est pour le moment introuvable. La confiance a foutu le camp. Le fossé entre les masses populaires et le pouvoir est si profond que les dirigeants préfèrent pour donner un semblant de mouvement à la politique, opter pour le scrutin universel indirect que constituent les sénatoriales. C'est-à-dire convoquer pour fin février-début mars 2013, les grands électeurs au mandat forclos, qui survivent par la perfusion du décret, pour élire les sénateurs au nez et à la barbe des Camerounais.
Cela se fera sûrement. Il s’agit de voir les spots et annonces publicitaires dans les médias pour s’en convaincre : « jour j-… ». Des anciens députés et maires désormais sans légitimité vont accompagner le pouvoir déjà bénéficiaire de 30 sièges gratuits vers la dictature démocratique, en élisant des sénateurs majoritairement Rdpc. Le hold-up serait il sans bavure ? L’opinion nationale et internationale se laisserait-elle convaincre de ce énième coup fourré ? Marafa Hamidou Yaya incarcéré depuis le 16 avril 2012 puis condamné à 25 ans de prison pour culpabilité intellectuelle (sic) disait dans une de ses fameuses lettres : « Je suis porteur d’un projet mettant en avant les exigences de paix et de justice permettant de bâtir une société de confiance. » L’ancien ministre de l’Administration territoriale, chef d’orchestre, pendant plusieurs années, de l’organisation des élections au Cameroun indiquait les « insuffisances et les omissions » de la loi du 19 avril 2012 portant code électoral. Il formule quelques critiques sur six articles de cette loi qui fait en ce moment l’objet de feux nourris de l’opposition et de la société civile. Marafa Hamidou Yaya proposait, par exemple, que les cartes électorales soient remises aux électeurs, immédiatement après leur inscription et que la campagne électorale s’achève la veille des scrutins pour permettre à toutes les parties prenantes de mieux se préparer pour voter.
Dans cette deuxième lettre, il confiait qu’en 2008, il avait proposé au chef de l’Etat, une mouture définitive du projet de code électoral en suggérant que « le Premier ministre organise des consultations avec les partis politiques et la société civile, leur remette le projet de code électoral afin qu’ils l’enrichissent éventuellement pour aboutir à un document consensuel devant être adopté par voie de référendum ».
Certes il y avait eu des concertations avant le dépôt du projet de loi portant code électoral à l’Assemblée nationale, mais jamais les parties ne se sont concertées sur la base d’un document existant. Ce qui fut critiqué en son temps par certains hommes politiques comme Jean-Jacques Ekindi et des leaders de la société civile comme Hilaire Kamga. D’où l’absence de « consensus » autour de l’actuel code électoral.
Pour l’ancien ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, des élections mal organisées sont source de « conflits et de rupture de la paix ». Dans ses écrits de prison, il rappelait que Elecam n’est pas capable d’organiser des élections crédibles au Cameroun, surtout les prochaines législatives et municipales « renvoyées aux calendes grecques ». Selon des révélations faites par Wikileaks en février 2010, Marafa Hamidou Yaya avait déjà confié ses réserves à l’ambassadrice des Etats-Unis, Janet Garvey, quant à la capacité d’Elecam à conduire des élections crédibles au Cameroun. Il affirmait notamment que les responsables de cet organe étaient « incompétents et corrompus ».
Mais en attendant, Marafa Hamidou Yaya demandait à Paul Biya, de « laisser les Camerounais choisir leurs représentants et leurs dirigeants en toute liberté et en toute transparence ». Ce qui laisse sous-entendre que c’est le président de la République qui fait obstruction à la libre expression du suffrage universel au Cameroun. L’ancien Minatd, considéré par beaucoup d’observateurs comme le disque dur de la fraude électorale au Cameroun pendant plusieurs années, sait certainement de quoi il parle…
Edouard Kingue
Elecam: Panique électorale et échec programmé
En ce moment, les membres du Conseil électoral sont sur le terrain pour booster l'opération de refonte des listes électorales qui évolue en dents de scie. Normal donc que Mohaman Sani Tanimou demande à ses collaborateurs de faire le maximum. « Il est question pour nous dans cette deuxième phase qui va du 1er janvier à la fin des opérations, ce sera à la fin février ou à la fin mars, selon qu'il y aura prorogation, de faire le maximum, afin d'atteindre notre objectif... », a déclaré le Dge. Au 5 janvier 2013, les statistiques détenues par Elections Cameroon sur l'évolution des inscriptions dans le cadre de la refonte biométrique des listes électorales affichent 2 572 185 électeurs.
Au lancement de l'opération, la barre avait été fixée à sept millions d'électeurs voire plus. Les statistiques disponibles sont loin de ce compte pour l'instant. D'ailleurs en ce moment, les membres du Conseil électoral sont sur le terrain pour booster l'opération de refonte des listes électorales qui évolue en dents de scie. Normal donc que Mohaman Sani Tanimou demande à ses collaborateurs de faire le maximum. « afin d'atteindre notre objectif... », a déclaré le Dge qui ajoute que les 7 millions dont il est question n'étaient pas un objectif Elecam. Il s'agissait précisément de 7 008 704 électeurs. Ce chiffre représente le nombre d'électeurs consolidé en janvier 2012, après le toilettage du fichier électoral. C'est un chiffre officiel qui figure dans le rapport général sur le déroulement de la dernière élection présidentielle. C'est sur la base de ce chiffre que nous avons imparti des objectifs à atteindre au niveau communal. « S'il faut parler de 7 millions de personnes à inscrire, il revient à tous les acteurs de les rechercher et pas seulement à Elections Cameroon. A mon sens, il n'y a pas de danger à ce qu'on l'atteigne ou qu'on le dépasse. Tout est question de mobilisation et j'espère que d'ici la fin de l'opération, nous pourrons approcher ce chiffre et pourquoi pas l'atteindre ».
Le Dge continue : « La décision instituant la refonte biométrique prévoit la fin normale des opérations le 28 février avec une possibilité d'extension de trente jours. Si le 28 février nous avons un chiffre acceptable que nous pouvons proposer au gouvernement pour une éventuelle élection, nous allons arrêter. Si d'aventure le chiffre ne nous satisfait pas, nous allons le faire pour quelques semaines pour permettre aux retardataires de s'inscrire. Mais, c'est en février que nous allons apprécier cette éventualité. Je voudrais dire que ce n'est pas le décret portant convocation du corps électoral qui va mettre fin au processus, parce que l'on ne peut pas convoquer un corps électoral qui n'existe pas ».
A la question de savoir s’il reste optimiste quant à la tenue des élections attendues en 2013 ? le patron de Elecam affirmait: « Ces élections vont se suivre à un rythme normal parce que les délais de convocation des municipales et des législatives qui sont de 90 jours nous donnent du temps pour les préparer. Quant aux sénatoriales, les délais sont de 45 jours, mais elles ne sont pas aussi lourdes à organiser que les précédentes. Nous nous focalisons actuellement sur les inscriptions, la production des cartes et la constitution d'un fichier électoral. A la fin du mois de mars ou à la mi-avril lorsque nous aurons terminé cette opération, nous pourrons dire que nous sommes prêts pour affronter une éventuelle élection ». Biya jouera-t-il avec le feu ou acceptera-t-il de revoir Elecam pour une année électorale blanche et une démocratie apaisée ? Wait and see
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