Sénatoriales: Les tribulations du Rdpc devant le Conseil constitutionnel

Yaoundé, 03 Avril 2013
© Dominique Mbassi | Repères

A défaut de relever la responsabilité de la hiérarchie du parti dans le rejet de ses listes, ses Avocats se sont défaussés sur le Conseil électoral d'Elecam. Une ligne de défense: qui a irrité M. Alexis Dipanda Mouelle.

Monsieur le Ministre, j'espère que vous n'allez pas pleurer, la messe n'est pas encore dite. C'est presqu'en ces termes que, un rien sarcastique, M. Alexis Dipanda Mouelle, le Président de la Cour suprême faisant office de Conseil constitutionnel, s'adresse à M. Grégoire Owona, le Secrétaire Général adjoint du Comité central du Rdpc et non moins Ministre du Travail et de la Sécurité sociale.

C'est que, en cette audience du contentieux des premières élections sénatoriales de l'histoire du Cameroun, le parti au pouvoir est à la peine. Il se bat comme un beau diable pour que ses listes rejetées par le Conseil électoral d'Elecam dans les régions de l'Ouest, de l'Extrême-Nord, de l'Est et de l'Adamaoua soient réhabilitées. Pour ne pas vivre l'humiliation qui se dessine, la tête de liste du parti à l'Ouest, M. François Xavier Ngoubeyou, ancien Ministre, quitte même prématurément la salle d'audience.

Tant la ligne de défense adoptée par les Avocats et les mandataires du Rdpc n'augure rien de bon. Le parti au pouvoir a fait le pari suicidaire de rendre Elecam responsable de ses déboires. «Elecam a rejeté nos listes pour affirmer son besoin d'indépendance», «Elecam a agi avec légèreté, il n'a pas eu le discernement nécessaire», arguent ses mandataires.

Ils font ainsi porter le chapeau de la déconvenue du Rdpc à l'organe en charge de l'organisation des élections au Cameroun, à défaut de pouvoir accabler la Commission centrale de supervision. En effet, c'est elle qui est responsable des errements. Lorsqu'elle n'a pas imposé des personnalités non retenues par les Commissions régionales de réception, d'analyse et d'évaluation, elle s'est évertuée à écarter d'autres plus à même d'être retenue.

Par exemple, M. Laurent s'est fermement opposé à la candidature de M. Emmanuel Edou, ancien DGSN, pour mœurs douteuses, et a énergiquement soutenu la candidature de M. Jean Pierre Amougou Belinga, propriétaire du groupe L'Anecdote, finalement rejetées toutes les deux.

Au cours de l'audience du 29 mars, Me Guy Noah, l'un des Avocats du Rdpc, ira plus loin en traitant la Haute juridiction «d'organe plus politique que judiciaire». M. Dipanda Mouelle, dans une série de piques lancées sur un ton qui a le don de réveiller les dormeurs à cette heure tardive de la nuit, se fait le devoir de remonter les bretelles à l'impertinent Conseil.

Balayant d'un revers ces arguments qu'il qualifie de pantins, M. Dipanda Mouelle assène: «Même si vous ne l'aimez pas beaucoup, je crois que vous donnez beaucoup plus de pouvoir à Elecam qu'il n'en a». Le Conseil constitutionnel ne suit pas non plus les plaidoiries de la Direction Générale d'Elections Cameroon contenues dans un mémoire aux antipodes des décisions du Conseil électoral, dont l'indocilité plus que jamais gêne le sérail jusqu'aux entournures.

Au finish, le Conseil constitutionnel sauve la mise au Parti de M. Paul Biya. Après avoir confirmé le rejet des listes Rdpc dans l'Extrême-Nord, l'Ouest, l'Adamaoua et l'Est, il ordonne leur réhabilitation à l'Est et dans l'Extrême-nord. Cette décision permet d'éviter un imbroglio électoral, dans la mesure où Elecam a rejeté toutes les listes en lice dans ces deux régions.



03/04/2013
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