Sénatoriales: Le RDPC au bord de l'éclatement

Yaoundé, 20 Mars 2013
© Geraldo Amara | L'Epervier

Les élections Sénatoriales annoncées pour le 14 avril 2013 ont provoqué un immense et assourdissant courroux chez nombre de partis politiques de l'opposition camerounaise.

Mis à part le SDF dont le tango n'amuse plus grand monde, les plus énervés étaient les partis n'ayant pas l'ombre d'un Conseiller municipal donc aucune chance d'avoir même un quart de Sénateur élu, si la chose était possible. A l'annonce des sénatoriales, des âmes sensibles ont sorti l'arsenal des mots touchants et parfois méchants. On a ainsi parlé du «banditisme politique, du gangstérisme pur et simple, du manque de morale» Comme si le monde politique était constitué d'enfants de chœur.

Mais ce qui n'a pas été prévu, c'est que ces élections Sénatoriales au suffrage universel indirect mettent tant à mal la sérénité voire l'unité du RDPC, le parti au pouvoir. Dans toutes les régions, des pontes du régime se sont étripés et s'il y avait eu une compagne électorale en bonne et due forme, des noms d'oiseaux auraient volé. Chance c'est le Président national lui-même, Paul Biya qui a tranché en dernier ressort. Mais cela a-t-il suffi pour calmer les ambitions des uns et des autres? Les anciens Ministres, les ministres en poste, les parlementaires en fonction et ceux déchus, les ambitieux, les responsables des organes de base du parti, les hommes d'affaires en quête d'immunité. Le choix n'était guère facile. Quel que soit le chemin choisi. Le parti va en pâtir, c'est sûr. Les déceptions, les frustrations, les conflits d'ego peuvent se révéler dangereux voire redoutables pour la vie même du parti. Et ce n'est qu'un début. Les municipales et les législatures arrivent. Il y aura d'autres déçus, plus nombreux encore et d'autant plus remontés qu'ils sauront qu'à part hypothétique nomination, ils n'auront plus rien à espérer. En réalité, le Président national est la personne qui maintient encore l'unité du RDPC.

On peut à partir de là, imaginer la situation forcement difficile de ce parti si Biya n'était plus aux manettes. Les rivalités sourdes en ce moment vont donc s'afficher au grand jour. Avec les risques d'implosion du parti. Pour l'instant, tous ces gens donnent le change et font semblant de s'aimer comme de vrais camarades. En réalité, chacun sait bien qu'il faut surveiller l'autre. Pour qu'il ne prenne pas une position stratégique dans l'optique de la suite du programme. Et cette suite du programme intègre de plus en plus la succession de Paul Biya, même si tout le monde feint de ne pas y penser. Si le Président pouvait faire comme le Morho naba, ce chef traditionnel d'Afrique de l'Ouest qui testait sa popularité en faisant mine de s'en aller, il serait très surpris. Mais, on le dit grand connaisseur de Machiavel, il sait donc à quoi s'attendre malgré les tonnes de compliments que d'aucuns déversent sur lui. Le plus grand risque en ce moment et plus encore après, ce sera pour le RDPC. Malgré l'argument de la discipline du parti, on aura beaucoup de mal à calmer les déceptions des camarades «oubliés dans les investitures». Pour les Sénatoriales, on a bien compris que de nombreux membres du comité central du RDPC ont été écartés. Quelques uns semblaient sûrs qu'on «ne pouvait pas leur faire cela» Et pourtant! Certains n'hésitent pas à pointer un doigt accusateur sur Jean Nkuete, le SG du comité central du RDPC, n'osant pas encore s'en prendre ouvertement au Président national Paul Biya. Cela ne présage rien de bon pour l'unité du parti parce que la fameuse discipline du parti ressemble de plus en plus à un cache sexe.


20/03/2013
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