1.- La mascarade de l’élection sénatoriale du 14 Avril 2013 est anti constitutionnelle. La Constitution en son article 20 dit que le Sénat doit être élu par les communautés décentralisées que sont les Régions et les Communes. La disposition du Code Electoral réduisant le collège électoral pour le Sénat aux seuls Conseillers municipaux (à 90 pour cent membres du parti au pouvoir depuis 2002 avec des élections largement décriées, organisées par le Minat et l’Onel) est une claire violation de la Constitution et une grossière fourberie.
2.- Mais le plus important n’est pas de prouver qu’il y a violation de la Constitution (et après ?). Le débat n’est pas juridique, mais politique :
D’abord parce que ce n’est pas la première fois (mais des dizaines de fois) que la clique au pouvoir viole la Constitution et se moque des protestations de l’opposition. Faut-il des réunions d’experts juristes pour dénoncer la non-déclaration de ses biens par M. Biya qui viole depuis dix-sept ans l’article 66 de la Constitution ?...
Ensuite parce que accuser l’opposition de n’avoir pas vu clair dans la disposition malsaine du Code Electoral réduisant le collège électoral du Sénat aux seuls Conseillers Municipaux est doublement erroné : primo parce que le Code Electoral, surtout non consensuel et imposé ne saurait prévaloir sur la Constitution, et secundo parce qu’en accréditant la thèse de la grande habileté de Paul Biya on transforme la victime en coupable, par simple juridisme formel. Car, à supposer même que toute l’opposition ait vu clair dans la disposition malsaine de l’article 222 du Code électoral, qu’aurait-elle pu faire pour empêcher Biya de « passer en force » comme d’habitude ?
3.- Trois données sont donc capitales dans la situation politique actuelle du pays :
Primo : Il faut constater que le régime a réussi momentanément à détruire l’opposition en tant que pôle d’alternance face au pouvoir en place.
Secundo : Il faut remarquer que malgré la quasi destruction de l’opposition comme « pôle d’alternance » , de très nombreux compatriotes s’insurgent contre la gouvernance du banditisme politique à laquelle le régime est acculé ( et qui traduit en réalité sa faillite) et s’indignent de la prostitution politique à laquelle se livrent des partis et groupes de partis soi-disant d’opposition, y compris le plus important ou d’autres se réclamant du plus ancien.
4.- Certes, le 14 Avril, ce sont les seuls conseillers municipaux, presque tous membres du parti gouvernemental, qui vont voter sous menace d’exclusion selon le code électoral, et mettre en place le Sénat Bidon ; un Sénat dont trente membres sur cent seront désignés par le Président Biya .Mais cette mascarade en prépare deux autres : pour les municipales et les législatives, où tout le corps électoral sera concerné. C’est donc dès maintenant que la protestation doit être large et profonde pour dénoncer le Sénat Bidon et exiger la CENI et le Code Electoral consensuel : la transparence ou l’insurrection. Et sachant que le régime est allergique à la transparence, rassemblons nous et mettons nous sérieusement au travail pour préparer l’insurrection nationale.
Vive le Kamerun ! Yaoundé le 15 Mars2013