Sénatoriales: Dans le secret des listes rejetées du RDPC
Yaoundé, 03 avril 2013
© Arthur L. Mbye | Repères
Comment la constitution des listes dans l'Adamaoua et l'Ouest a coûté 14 sièges de sénateur au parti au pouvoir. Les responsabilités clairement identifiées.
Le Comité Central du RDPC est conscient de l'amertume qui travaille les élites et militants de l'Ouest et de l'Adamaoua à la suite de la disqualification de leurs listes aux sénatoriales d'avril 2013. Deux équipes «d'information et de sensibilisation» auprès des sections du RDPC dans ces deux Régions viennent d'être constituées, en plus du maintien des équipes de campagne pour aller battre campagne sur l'ensemble du pays. Leur mission: «aller essuyer les larmes des militants de l'Ouest et de l'Adamaoua», selon l'expression d'un responsable du parti. L'équipe de l'Ouest est conduite par Ibrahim Mbombo Njoya et celle de l'Adamaoua est dirigée par Hamadjoda Adjoudji. Le choix du Secrétaire Général adjoint n'est pas fortuit, car cette élite de l'Adamaoua est au cœur des tribulations ayant conduit à l'exclusion du RDPC de la course dans cette Région. Le 28 mars dernier, le Conseil Constitutionnel a confirmé le rejet de la liste RDPC dans l’Adamaoua, rejet prononcé huit jours plus tôt par ELECAM. La liste conduite par Mohaman Lamine avait un vice: l'un des sept suppléants, Jacques Ngoba, n'a pas produit d'attestation d'inscription sur une liste électorale. Une histoire rocambolesque, qui cache quelques manœuvres perpétrées au moment des derniers arbitrages de la Commission centrale de supervision.
En effet, quand la Commission régionale rend sa copie au terme d'une présence effective sur le terrain, du 5 au 9 mars 2013, son rapport est acheminé à la Commission centrale le 10 mars. Cinq listes conformes ont été reçues, de même que trois candidatures individuelles. De ces candidatures n'apparaît nullement le nom de Jacques Ngoba. La Commission présidée par Jean Baptiste Bokam, épaulé, entre autres, par Luc René Bell, deux hommes qui connaissent le renseignement, élabore un tableau avec les forces et les faiblesses de chaque candidat choisi.
La Commission régionale retient dans le Département du Mayo Banyo la candidature du Lamido Mohaman Gabao Yaya. Il est présenté comme «un des hommes les plus engagés du RDPC, son point faible serait son opposition farouche au Secrétaire Général adjoint du Comité Central, le Ministre Hantadjoda Adjoudji qui est de la même localité que lui». Elle ne croit pas si bien écrire. Les 11 et 12 mars, la Commission centrale de supervision tient ses travaux au siège du parti. Le cas de son Adamaoua natale est clos quand intervient le Secrétaire Général adjoint. Mais Hamadjoda Adjoudji a un compte à régler. Il prétexte l'absence d'un Tikar sur la liste et rebat les cartes. Le Lamido Mohaman Gabao Yaya passe à la trappe au bénéfice de Jacques Ngabo, qu'il sort du chapeau. N'étant pas postulant au départ, le nouveau candidat doit monter un dossier à la va-vite, d'où le défaut de présentation d'une attestation d'inscription sur la liste électorale.
Le cas de l'Ouest est différent. Le motif du rejet de la liste concernait la candidate Bernadette Akwalefo, qui a fait signer son extrait de casier judiciaire par la police, et le candidat suppléant Joseph Gonsu Fotsing, qui n'a pas légalisé sa déclaration de candidature. Mais c'est le cas de la dame qui a fait pencher la balance du mauvais côté devant le Conseil Constitutionnel.
Tout part d'un laxisme évident de la part des deux chargés de mission de la Commission régionale, qui n'ont pas procédé aux vérifications nécessaires avec rigueur. D'ailleurs comme sanction, ils ont été écartés des équipes de consolation des militants de l'Ouest. En effet, quand les dossiers des deux candidats mis en cause arrivent à la Commission centrale, ils sont déjà défectueux, dit une source bien introduite. Mme Bernadette Akwalefo est candidate mais n'est pas retenue dans le projet de liste finale de l'Ouest. Ce qui apparaît vite à la Commission centrale comme une injustice pour la communauté Mbo, parmi les plus importantes du Département de la Menoua. Elle qui n'a ni ministre, ni député se console de n'avoir comme élite que Maurice Nkam et Mila Assouté.
La Menoua est aussi le département d'origine de Jean Nkuete le SG du Comité Central du RDPC qui préside la Commission centrale. Consulté, il propose Bernadette Akwalefo. Elle a le bon profil: Professeur de lycée, Mbo, elle appartient au plus grand groupement de la Menoua, le groupement Fondonera. C'est aussi la régente du chef Fondonera encore en bas âge. C'est donc pour la Commission centrale un choix judicieux pour contrer l'opposant Mila Assouté, ancien du RDPC et fils du coin.
Seulement, l'extrait de casier judiciaire présent dans son dossier a été signé par la police au lieu de la justice. Ce qui introduit deux questions: comment un prof de lycée a-t-il pensé qu'une telle pièce se faisait signer dans un commissariat? Comment le commissaire assermenté n'a-t-il objecté qu'il n'est pas la bonne personne pour ce faire?
© Arthur L. Mbye | Repères
Comment la constitution des listes dans l'Adamaoua et l'Ouest a coûté 14 sièges de sénateur au parti au pouvoir. Les responsabilités clairement identifiées.
Le Comité Central du RDPC est conscient de l'amertume qui travaille les élites et militants de l'Ouest et de l'Adamaoua à la suite de la disqualification de leurs listes aux sénatoriales d'avril 2013. Deux équipes «d'information et de sensibilisation» auprès des sections du RDPC dans ces deux Régions viennent d'être constituées, en plus du maintien des équipes de campagne pour aller battre campagne sur l'ensemble du pays. Leur mission: «aller essuyer les larmes des militants de l'Ouest et de l'Adamaoua», selon l'expression d'un responsable du parti. L'équipe de l'Ouest est conduite par Ibrahim Mbombo Njoya et celle de l'Adamaoua est dirigée par Hamadjoda Adjoudji. Le choix du Secrétaire Général adjoint n'est pas fortuit, car cette élite de l'Adamaoua est au cœur des tribulations ayant conduit à l'exclusion du RDPC de la course dans cette Région. Le 28 mars dernier, le Conseil Constitutionnel a confirmé le rejet de la liste RDPC dans l’Adamaoua, rejet prononcé huit jours plus tôt par ELECAM. La liste conduite par Mohaman Lamine avait un vice: l'un des sept suppléants, Jacques Ngoba, n'a pas produit d'attestation d'inscription sur une liste électorale. Une histoire rocambolesque, qui cache quelques manœuvres perpétrées au moment des derniers arbitrages de la Commission centrale de supervision.
En effet, quand la Commission régionale rend sa copie au terme d'une présence effective sur le terrain, du 5 au 9 mars 2013, son rapport est acheminé à la Commission centrale le 10 mars. Cinq listes conformes ont été reçues, de même que trois candidatures individuelles. De ces candidatures n'apparaît nullement le nom de Jacques Ngoba. La Commission présidée par Jean Baptiste Bokam, épaulé, entre autres, par Luc René Bell, deux hommes qui connaissent le renseignement, élabore un tableau avec les forces et les faiblesses de chaque candidat choisi.
La Commission régionale retient dans le Département du Mayo Banyo la candidature du Lamido Mohaman Gabao Yaya. Il est présenté comme «un des hommes les plus engagés du RDPC, son point faible serait son opposition farouche au Secrétaire Général adjoint du Comité Central, le Ministre Hantadjoda Adjoudji qui est de la même localité que lui». Elle ne croit pas si bien écrire. Les 11 et 12 mars, la Commission centrale de supervision tient ses travaux au siège du parti. Le cas de son Adamaoua natale est clos quand intervient le Secrétaire Général adjoint. Mais Hamadjoda Adjoudji a un compte à régler. Il prétexte l'absence d'un Tikar sur la liste et rebat les cartes. Le Lamido Mohaman Gabao Yaya passe à la trappe au bénéfice de Jacques Ngabo, qu'il sort du chapeau. N'étant pas postulant au départ, le nouveau candidat doit monter un dossier à la va-vite, d'où le défaut de présentation d'une attestation d'inscription sur la liste électorale.
Le cas de l'Ouest est différent. Le motif du rejet de la liste concernait la candidate Bernadette Akwalefo, qui a fait signer son extrait de casier judiciaire par la police, et le candidat suppléant Joseph Gonsu Fotsing, qui n'a pas légalisé sa déclaration de candidature. Mais c'est le cas de la dame qui a fait pencher la balance du mauvais côté devant le Conseil Constitutionnel.
Tout part d'un laxisme évident de la part des deux chargés de mission de la Commission régionale, qui n'ont pas procédé aux vérifications nécessaires avec rigueur. D'ailleurs comme sanction, ils ont été écartés des équipes de consolation des militants de l'Ouest. En effet, quand les dossiers des deux candidats mis en cause arrivent à la Commission centrale, ils sont déjà défectueux, dit une source bien introduite. Mme Bernadette Akwalefo est candidate mais n'est pas retenue dans le projet de liste finale de l'Ouest. Ce qui apparaît vite à la Commission centrale comme une injustice pour la communauté Mbo, parmi les plus importantes du Département de la Menoua. Elle qui n'a ni ministre, ni député se console de n'avoir comme élite que Maurice Nkam et Mila Assouté.
La Menoua est aussi le département d'origine de Jean Nkuete le SG du Comité Central du RDPC qui préside la Commission centrale. Consulté, il propose Bernadette Akwalefo. Elle a le bon profil: Professeur de lycée, Mbo, elle appartient au plus grand groupement de la Menoua, le groupement Fondonera. C'est aussi la régente du chef Fondonera encore en bas âge. C'est donc pour la Commission centrale un choix judicieux pour contrer l'opposant Mila Assouté, ancien du RDPC et fils du coin.
Seulement, l'extrait de casier judiciaire présent dans son dossier a été signé par la police au lieu de la justice. Ce qui introduit deux questions: comment un prof de lycée a-t-il pensé qu'une telle pièce se faisait signer dans un commissariat? Comment le commissaire assermenté n'a-t-il objecté qu'il n'est pas la bonne personne pour ce faire?