Sénatoriales: Cavaye Yeguié embarrasse Paul Biya
Yaoundé, 13 Mars 2013
© Parfait N. Siki | Repères
Candidat aux sénatoriales contre l'avis du Président de la République, le Président de l'Assemblée nationale est devenu un caillou dans la chaussure.
© Parfait N. Siki | Repères
Candidat aux sénatoriales contre l'avis du Président de la République, le Président de l'Assemblée nationale est devenu un caillou dans la chaussure.
Pendant deux jours, lundi 11 et mardi
12 mars, la Commission centrale de supervision des opérations de
sélection des candidats du RDPC aux Sénatoriales a planché au sixième
étage du siège du parti au palais des Congrès de Yaoundé. Présidé par le
Secrétaire Général du comité central, Jean Nkuete, cette instance ad
hoc doit vérifier la conformité des dossiers de candidature, reçus des
commissions régionales et de formuler les propositions de listes à la
Commission nationale d'investiture coiffée par le Président national
Paul Biya. Comme critères décisifs à ce niveau, «le parcours politique
du candidat, ses états de service au bénéfice du parti et sa
personnalité politique», confie un membre de la Commission centrale.
Les indiscrétions de cette Commission sont formelles: aucune liste contenant le nom d'un Député n'a retenu leur attention. Confirmation a été donnée qu'une instruction du Président national a clairement été transmise aux commissions régionales de dissuader les Députés en fonction de se présenter. «Cette instruction n'était pas écrite, puisque les Députés ont le droit comme tout Camerounais, remplissant les conditions de se présenter. Les Présidents des Commissions régionales ne pouvaient donc pas rejeter les candidatures des Députés, mais seulement, les décourager»; indique un membre du comité central du parti au pouvoir.
Un choix qui ne fait pas l'unanimité parmi les Députés ambitieux, dont quelques-uns confient leur projet de saisir le Juge administratif s'ils sont écartés de la course parce qu'ils sont déjà Députés. Cette nouvelle provoque plutôt quelques sourires au comité central du RDPC. Un membre glisse que «les textes de base du parti disent que le Comité central accorde les investitures aux élections nationales, mais ne dispose pas qu'il doit motiver ses choix. Comment un candidat fera-t-il valoir qu'il n'a pas été investi parce qu'il est Député?» Un Député de l'Ouest affirme qu'il est bien conscient de l'instruction du Président national, mais il tente un forcing. «Je Veux que mon nom arrive chez le Président national et il l'enlève lui-même», dit-il.
Pour le Président national du parti au pouvoir, l'option d'éloigner les Députés, et non les Maires, du Sénat obéit à la volonté de voir de nouveaux visages émergés. «Au fil du temps, on constate que ce sont les mêmes qui reviennent à l'Assemblée nationale. Parfois un Député est éliminé, mais dès la prochaine législature, vous le revoyez. Cela bloque l'ascension de nouvelles têtes», explique un responsable du parti favorable à la décision de Paul Biya. Ce souci de renouvellement du personnel politique explique en partie l'organisation des sénatoriales avant les législatives et municipales attendues, poursuit-il. Avant de conclure: «Le Président avait peur que le Sénat ne soit le réceptacle des battus aux législatives et municipales».
La mission de calmer les ambitions sénatoriales des représentants du peuple a été accomplie, sauf dans trois Régions. Dans le Sud, on a enregistré les candidatures de Bonaventure Mvondo Assam, Député du Dja et Lobo et neveu de Paul Biya, et de Me Emmanuel Mbiam, Député de la Vallée du Ntem. A l'Ouest, Mathurin Wa se retrouve dans la même liste que Victor Fotso. Dans l'Extrême-Nord, la Commission a réceptionné la candidature de Cavaye Yeguié Djibril, Député du Mayo Sava et Président de l'Assemblée nationale depuis 1992. Avant de transmettre leur rapport à la Commission centrale de supervision, les commissions régionales ont pro¬cédé à un tri et un classement par ordre de préférence. Il en ressort que les listes où figuraient des Députés ont été systématiquement classées en dernière position.
Ce qui transforme la candidature du Président de l'Assemblée nationale en une situation embarrassante, au regard de l'instruction présidentielle. Selon des proches du PAN, «Cavaye n'aurait pas déposé de candidature s'il avait formellement été découragé à le faire par le Président national. La preuve, il a attendu jusqu'au dernier moment avant de dévoiler son ambition sénatoriale», dit un de ses proches. C'est en effet à la date butoir, le 7 mars à 23 heures, que sa candidature a été enregistrée. Tout est dans le «formellement», car ses proches affirment que l'instruction est venue du Comité central et non directement de Paul Biya, ce qui, à ses yeux, en diminue la portée coercitive.
De sources certaines, Cavaye Yeguié Djibril a écrit au Président national du Rdpc pour requérir l'attitude à adopter. Le silence d'Etoudi explique sa longue attente et son choix de se jeter à l'eau. «A chaque élection à laquelle il a pris part depuis 1992, le PAN a toujours fait une note au Président qui ne répond jamais, mais le reconduit au perchoir. Ce silence valant approbation, il a pensé que c'est la même chose cette fois-ci», poursuit un de ses visiteurs.
On le saura ce jour ou demain jeudi, à l'issue de la réunion de la Commission nationale d'investiture, présidée par Paul Biya lui-même.
Les indiscrétions de cette Commission sont formelles: aucune liste contenant le nom d'un Député n'a retenu leur attention. Confirmation a été donnée qu'une instruction du Président national a clairement été transmise aux commissions régionales de dissuader les Députés en fonction de se présenter. «Cette instruction n'était pas écrite, puisque les Députés ont le droit comme tout Camerounais, remplissant les conditions de se présenter. Les Présidents des Commissions régionales ne pouvaient donc pas rejeter les candidatures des Députés, mais seulement, les décourager»; indique un membre du comité central du parti au pouvoir.
Un choix qui ne fait pas l'unanimité parmi les Députés ambitieux, dont quelques-uns confient leur projet de saisir le Juge administratif s'ils sont écartés de la course parce qu'ils sont déjà Députés. Cette nouvelle provoque plutôt quelques sourires au comité central du RDPC. Un membre glisse que «les textes de base du parti disent que le Comité central accorde les investitures aux élections nationales, mais ne dispose pas qu'il doit motiver ses choix. Comment un candidat fera-t-il valoir qu'il n'a pas été investi parce qu'il est Député?» Un Député de l'Ouest affirme qu'il est bien conscient de l'instruction du Président national, mais il tente un forcing. «Je Veux que mon nom arrive chez le Président national et il l'enlève lui-même», dit-il.
Pour le Président national du parti au pouvoir, l'option d'éloigner les Députés, et non les Maires, du Sénat obéit à la volonté de voir de nouveaux visages émergés. «Au fil du temps, on constate que ce sont les mêmes qui reviennent à l'Assemblée nationale. Parfois un Député est éliminé, mais dès la prochaine législature, vous le revoyez. Cela bloque l'ascension de nouvelles têtes», explique un responsable du parti favorable à la décision de Paul Biya. Ce souci de renouvellement du personnel politique explique en partie l'organisation des sénatoriales avant les législatives et municipales attendues, poursuit-il. Avant de conclure: «Le Président avait peur que le Sénat ne soit le réceptacle des battus aux législatives et municipales».
La mission de calmer les ambitions sénatoriales des représentants du peuple a été accomplie, sauf dans trois Régions. Dans le Sud, on a enregistré les candidatures de Bonaventure Mvondo Assam, Député du Dja et Lobo et neveu de Paul Biya, et de Me Emmanuel Mbiam, Député de la Vallée du Ntem. A l'Ouest, Mathurin Wa se retrouve dans la même liste que Victor Fotso. Dans l'Extrême-Nord, la Commission a réceptionné la candidature de Cavaye Yeguié Djibril, Député du Mayo Sava et Président de l'Assemblée nationale depuis 1992. Avant de transmettre leur rapport à la Commission centrale de supervision, les commissions régionales ont pro¬cédé à un tri et un classement par ordre de préférence. Il en ressort que les listes où figuraient des Députés ont été systématiquement classées en dernière position.
Ce qui transforme la candidature du Président de l'Assemblée nationale en une situation embarrassante, au regard de l'instruction présidentielle. Selon des proches du PAN, «Cavaye n'aurait pas déposé de candidature s'il avait formellement été découragé à le faire par le Président national. La preuve, il a attendu jusqu'au dernier moment avant de dévoiler son ambition sénatoriale», dit un de ses proches. C'est en effet à la date butoir, le 7 mars à 23 heures, que sa candidature a été enregistrée. Tout est dans le «formellement», car ses proches affirment que l'instruction est venue du Comité central et non directement de Paul Biya, ce qui, à ses yeux, en diminue la portée coercitive.
De sources certaines, Cavaye Yeguié Djibril a écrit au Président national du Rdpc pour requérir l'attitude à adopter. Le silence d'Etoudi explique sa longue attente et son choix de se jeter à l'eau. «A chaque élection à laquelle il a pris part depuis 1992, le PAN a toujours fait une note au Président qui ne répond jamais, mais le reconduit au perchoir. Ce silence valant approbation, il a pensé que c'est la même chose cette fois-ci», poursuit un de ses visiteurs.
On le saura ce jour ou demain jeudi, à l'issue de la réunion de la Commission nationale d'investiture, présidée par Paul Biya lui-même.