Sénatoriales: Cavaye attend «un geste» de Paul Biya
Yaoundé, 18 Mars 2013
© Mamouda Labaran | La Météo
Le Président national du Rdpc (au pouvoir), Paul Biya, «a promis» d'en faire un Sénateur au lendemain des élections de la Chambre haute, attendues le 14 avril prochain. Un Sénateur parmi les 30 nommés par le Président de la République, ainsi qu'en dispose la loi en vigueur. C'est le scénario que vend aujourd'hui à ses proches le Président de l'Assemblée nationale (Pan), Cavaye Yeguié Djibril, au lendemain de son cinglant recalage de la liste des prétendants du régime à l'élection au suffrage universel indirect des Sénateurs.
La désillusion semble si cruelle que l'homme se sent obliger d'inventer des fables pour se donner de l'importance. Il raconte à qui veut l'entendre que c'est la garantie qui lui a été donnée par sa hiérarchie. Et ce n'est pas, insiste-t-il, un lot de consolation: il bénéficiera non seulement du décret, mais en plus sera porté sans fioritures à la tête du Sénat où il régnera entre autres sur 70 élus. Ce qui lui permettra de continuer d'être, sur le plan institutionnel et protocolaire, la 2è personnalité de l'Etat au détriment du Pan, appelé à régresser d'un cran. Le rêve fait vivre, et celui de Cavaye Yeguié Djibril relève, comme sa trajectoire moniteur d'éducation physique au départ, de l'extraordinaire. Pour l'instant, on ne sait pas «la garantie» donnée par Paul Biya aux autres prétendants, également sortis des listes du Rdpc au soir du 14 Mars dernier. Il est néanmoins clair, et constant, que le leader de la formation a, en écartant sans ménagement les Députés migrants de la compétition, voulu sanctionner les opportunistes, les dignitaires égocentriques, les aventuriers à la petite semaine, ces «incontournables» de tous bords pour qui le renouvellement de la classe politique ne doit impérativement passer que par eux.
Assainissement.
Pourtant, au-delà de la belle allégorie, nombreux sont ceux qui, qu'ils soient du Rdpc ou non, n'ignorent rien des tribulations du Pan. Impopulaire au sein de l'hémicycle, il est encore plus vomi par plusieurs de ses congénères issus des régions septentrionales du pays. A plusieurs reprises en effet, ses contempteurs ont attiré l'attention des instances dirigeantes du parti afin d'exiger son départ du perchoir. A moult occasions, Cavaye Yeguié Djibril a été présenté comme un homme dont la moralité et les agissements ne pourraient justifier sa place centrale au sein du dispositif politique du Cameroun.
On l'a accusé de tribalisme, de népotisme et de détourneur des projets financés par la Banque islamique de développement (Bid), au profit de son Mayo-Sava natal. On l'a dit dépourvu de charisme pour diriger l'institution législative nationale. M. Cavaye, selon ses détracteurs, a développé des instincts contre-productifs pour la Nation. Ce rejet massif s'est notamment traduit par la multitude de listes concurrentes et issues d'un même parti, dans sa région d'origine à l'occasion des sénatoriales. Quand le vin est tiré... Comme nous l'écrivions voici quelques jours, le Pan, sans attendre le feu vert du sommet du Rdpc, est entré en campagne dès la convocation par le Président de la République du corps électoral pour les sénatoriales. C'est à la dernière minute que, lassé par ces pressions par personne interposée, sa cible finira par lui octroyer ladite autorisation.
Mais, en véritable maître du jeu, Paul Biya savait que Cavaye courait dans un sac. Il l'a laissé faire, sans doute pour mieux étaler sa gaucherie et mieux le frapper. En écartant sans ménagement des listes tous les Députés postulants de son parti, c'est en réalité le Pan que le leader du Rdpc visait, les autres pouvant être considérés comme des dégâts collatéraux. Il reste à finir ce travail d'assainissement des mœurs politiques en l'écartant définitivement de la scène.
© Mamouda Labaran | La Météo
Le Président sortant de l'Assemblée nationale (Pan) annonce «une promesse» du Chef de l'État pour entrer au Sénat.
Le Président national du Rdpc (au pouvoir), Paul Biya, «a promis» d'en faire un Sénateur au lendemain des élections de la Chambre haute, attendues le 14 avril prochain. Un Sénateur parmi les 30 nommés par le Président de la République, ainsi qu'en dispose la loi en vigueur. C'est le scénario que vend aujourd'hui à ses proches le Président de l'Assemblée nationale (Pan), Cavaye Yeguié Djibril, au lendemain de son cinglant recalage de la liste des prétendants du régime à l'élection au suffrage universel indirect des Sénateurs.
La désillusion semble si cruelle que l'homme se sent obliger d'inventer des fables pour se donner de l'importance. Il raconte à qui veut l'entendre que c'est la garantie qui lui a été donnée par sa hiérarchie. Et ce n'est pas, insiste-t-il, un lot de consolation: il bénéficiera non seulement du décret, mais en plus sera porté sans fioritures à la tête du Sénat où il régnera entre autres sur 70 élus. Ce qui lui permettra de continuer d'être, sur le plan institutionnel et protocolaire, la 2è personnalité de l'Etat au détriment du Pan, appelé à régresser d'un cran. Le rêve fait vivre, et celui de Cavaye Yeguié Djibril relève, comme sa trajectoire moniteur d'éducation physique au départ, de l'extraordinaire. Pour l'instant, on ne sait pas «la garantie» donnée par Paul Biya aux autres prétendants, également sortis des listes du Rdpc au soir du 14 Mars dernier. Il est néanmoins clair, et constant, que le leader de la formation a, en écartant sans ménagement les Députés migrants de la compétition, voulu sanctionner les opportunistes, les dignitaires égocentriques, les aventuriers à la petite semaine, ces «incontournables» de tous bords pour qui le renouvellement de la classe politique ne doit impérativement passer que par eux.
Assainissement.
Pourtant, au-delà de la belle allégorie, nombreux sont ceux qui, qu'ils soient du Rdpc ou non, n'ignorent rien des tribulations du Pan. Impopulaire au sein de l'hémicycle, il est encore plus vomi par plusieurs de ses congénères issus des régions septentrionales du pays. A plusieurs reprises en effet, ses contempteurs ont attiré l'attention des instances dirigeantes du parti afin d'exiger son départ du perchoir. A moult occasions, Cavaye Yeguié Djibril a été présenté comme un homme dont la moralité et les agissements ne pourraient justifier sa place centrale au sein du dispositif politique du Cameroun.
On l'a accusé de tribalisme, de népotisme et de détourneur des projets financés par la Banque islamique de développement (Bid), au profit de son Mayo-Sava natal. On l'a dit dépourvu de charisme pour diriger l'institution législative nationale. M. Cavaye, selon ses détracteurs, a développé des instincts contre-productifs pour la Nation. Ce rejet massif s'est notamment traduit par la multitude de listes concurrentes et issues d'un même parti, dans sa région d'origine à l'occasion des sénatoriales. Quand le vin est tiré... Comme nous l'écrivions voici quelques jours, le Pan, sans attendre le feu vert du sommet du Rdpc, est entré en campagne dès la convocation par le Président de la République du corps électoral pour les sénatoriales. C'est à la dernière minute que, lassé par ces pressions par personne interposée, sa cible finira par lui octroyer ladite autorisation.
Mais, en véritable maître du jeu, Paul Biya savait que Cavaye courait dans un sac. Il l'a laissé faire, sans doute pour mieux étaler sa gaucherie et mieux le frapper. En écartant sans ménagement des listes tous les Députés postulants de son parti, c'est en réalité le Pan que le leader du Rdpc visait, les autres pouvant être considérés comme des dégâts collatéraux. Il reste à finir ce travail d'assainissement des mœurs politiques en l'écartant définitivement de la scène.