Sénatoriales à la camerounaise: Paul Biya, le «Dieu» du Sénat

Douala, 21 Mars 2013
© PONUS | Ouest Littoral

Ceux qui croyaient encore à la démocratie ont été déçus après le diktat imposé par Paul Biya lors de la confection des listes des candidats du Rdpc pour les sénatoriales.

Ceux qui croyaient encore à la démocratie ont été déçus après le diktat imposé par Paul Biya lors de la confection des listes des candidats du Rdpc pour les sénatoriales. En définitive, on aura des Sénateurs sortis du mouchoir d'un faiseur de rois. C'est à lui que reviennent le choix, la désignation, et le règne des Sénateurs pendant les 5 prochaines années. Pleins feux sur un Sénat selon "Saint Paul"!

«Je remercie le Président Paul Biya de m'avoir fait confiance». Cette phrase bien connue des Camerounais est celle que la deuxième personnalité du pays, l'honorable Cavaye Yeguié Djibril a l'habitude de prononcer chaque fois qu'il est réélu à la Présidence de l'Assemblée nationale. Une parfaite illustration du fait que ce ne sont pas les Députés qui l'ont élu, mais qu'il a été bel et bien nommé par Biya. C'est donc à lui qu'il doit ce poste depuis 1992.

Ceci résume ce que nous vivons aujourd'hui avec l'imminence des sénatoriales qui embrase l'actualité nationale depuis plusieurs jours. En effet, avec l'instauration du premier Sénat de son histoire, les Camerounais vont assister à une élection insolite pour laquelle certains éligibles ne peuvent même pas être leurs propres électeurs. Pourtant, ils siégeront bientôt à la haute Chambre de notre parlement, au grand dam des collectivités territoriales locales qui ne se reconnaissent pas en ces curieux politiciens ou amis politiques ne bénéficiant pas de leur mandat. En somme, une extraordinaire pirouette qui a transformé un suffrage indirect en suffrage direct, tout en laissant croire que la situation est différente alors qu'il est bien évident que c'est Paul Biya le seul véritable électeur.

A la vérité, toutes les candidatures autres que celles du parti au pouvoir ne sont là que pour maquiller le caractère «mono-partisan» de ces sénatoriales à la camerounaise. On se rend compte qu'il est juste question de montrer un multipartisme de façade dans la mesure où il est pratiquement impossible pour les autres partis d’obtenir un poste de Sénateur en dehors de la région du Nord-Ouest, où le Sdf peut espérer quelques places au Sénat.

En réalité, la présence des soi-disant adversaires du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) dans ces élections paraît curieuse et pose quelques questions légitimes. A moins qu'il n'y ait des consignes de vote imposées par le Président national du Rdpc permettant à certains partis de faire une entrée surprise au Sénat, on voit mal comment et sur quoi peuvent être fondées les espoirs d'un parti d'opposition se lançant dans cette aventure. Ce miracle ne pourrait d'ailleurs venir que d'un vote-sanction des électeurs encartés au Rdpc et mécontents du processus de sélections des candidats aux dites sénatoriales.

La démocratie camerounaise ou la «mangeoire selon (Saint Paul) Biya»

Le Sénat tel qu’il existe sous d'autres cieux est une chose trop sérieuse pour être réduite à un simple positionnement autour de la mangeoire comme c'est le cas actuellement chez nous, où il est question de récompenser les amis et non de choisir des personnes méritantes en vue de servir l'intérêt général. Dans cette démocratie «digestive» c'est le Président qui choisit qui doit participer au festin. Certains vont et reviennent, sont de nouveau conviés à la table, selon les humeurs d'un seul homme.

En fin de compte, ces Sénateurs ainsi cooptés ne représentent en rien le peuple camerounais. Pourtant, il s'agit ailleurs, d'individus ayant la confiance des territoires et au-dessus de tout soupçon. Quelle sera la crédibilité des gens aussi mal élus lors de la confection des textes de lois nécessaires à la bonne marche d'un Etat démocratique.

Pour l'instant, en ce qui concerne la mise en place de ce Sénat qui marque la fin d'une période et le début d'une autre, on est au regret de constater qu'il s'agit d'une institution maladroitement instaurée et sur laquelle un pouvoir véritablement légitime sera obligé de revenir.


26/03/2013
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