Sénatoriales 2013: Jean Nkuété et Hamadjoda vendent le Rdpc

Yaoundé, 01 Avril 2013
© François BIKORO | L'Anecdote

Fraudes, faux et usage de faux aux sénatoriales: l'impératif d'établir les responsabilités.

Nous l'annoncions la semaine dernière, comme une interpellation démonstratrice, que ce qui arrive à la nomenklatura politique de notre pays dénote d'une certaine légèreté avec laquelle ceux qui nous gouvernent ou qui le prétendent, dirigent les affaires du pays. Et le spectacle qu'on a vécu lors de l'audience solennelle de la Cour Suprême, faisant office de conseil constitutionnel, a fini par nous rassurer que nous étions peut être dans le bon droit de penser qu'il y a péril en la demeure.

Pour mémoire, l'ensemble de partis politiques dont la constitution consacre presque l'entièreté du concours à l'expression du suffrage universel, se sont gouvernés dans leur relation avec la loi, les règlements en vigueur dans la République, les bonnes mœurs et leur propre statut. Et cela au regard des causes usités à l'encontre des partis politiques dont les listes furent rejetés. Notamment le faux, faux en écriture, fraude et tentative de substitution de nationalité. L'opinion a fini par se rendre à l'évidence, grâce à Elecam, que nos contempteurs et leurs contradicteurs avaient été pris en flagrant délit d'imposture, de relation incrusteuse avec la loi et les bonnes mœurs. Si une certaine opinion, certainement mue par les habitudes instituées comme règle dans notre environnement politique de ces 30 dernières années, ou la fraude électorale la discutait avec la promiscuité nauséabonde avec l'administration auraient fini par faire leur lit dans la compétition politique, l'on ne peut en dire de même du Rdpc en pouvoir.

Pratiquement l'ensemble des formations politiques ont tenté de suivre le parti proche du pouvoir, en se manifestant officiellement comme précurseurs de cette pratique qui pourtant a fait tant de mal à notre pays. Et dont le Président de la République, dans sa croisade contre les maux tant décriés comme la fraude électorale, le faux en écritures, la fraude fiscale, les luttes de leadership et les guerres de positionnement, ne permettent pas de sérier le bon grain de l'ivraie. Et dans ce chapitre, aucun parti politique n'y a échappe. Il en a été ainsi de l'Undp, du Fnsc, de l'Andp, du Sdf, et du Mdr comme du Rdpc qui ont choisi de contourner la loi dans leur volonté d'accéder au Sénat. Tous les subterfuges, pour gruger comme toujours le pauvre peuple, ont été usités dans ce sens par ces habitués et experts en la matière, pour introduire dans leurs listes des camerounais dont l'honorabilité, la crédibilité et le militantisme suscitent un doute dans les esprits. Et dont les plus patents sont l'âge requis (40 ans révolus), la déclaration de candidature, l'inscription sur les listes électorales (électeur), la nationalité ou la représentation sociologique (unité nationale) ou le genre (justice sociale). Et lorsqu'on convoque le trop plein de compétences, d'intelligence et de militantisme proclamés par chacun dont regorge notre pays, force est de constater que ceux qui président à nos destinés, ou qui le prétendent, sont à mille lieux d'être un soutien à la politique du Renouveau national. Cependant le plus grave aurait été cette absence d'aveu, de profil bas et de pénitence dont on se serait attendu de la part de ces conquistadors de pans de pouvoir, en cette période de transition politique, qui n'est pas de nature comme on l'a observé lors des débats à la Cour Suprême, à rassurer le citoyen quant à l'avenir du processus électoral de notre pays.

Et pourtant, en convoquant le corps électoral, au moment où se tenait la session ordinaire de l'Assemblée nationale, le Chef de l'Etat donnait à voir et à comprendre si notre processus moderne de gestion des élections pouvait se remettre en cause. Et tous les ingrédients étaient mis en exergue pour s'assurer de la possibilité, à l'avenir, pour Elecam de faire face une élection avec les nouveaux actants convoqués à hue et à hua par toute la classe politique. Et dont le moindre n'est pas la biométrie qui consacre la transparence l'équité et la justice, préalable à l'acceptation et au consensus tant réclamée dans le processus électoral. Même s'il faut reconnaître que les états major des partis politiques ont donné, comme à leur habitude, l'impression d'être surpris du fait de l'absence d'une météorologie politique claire et connue de tous, cela n'explique pas que tous les acteurs aient décidés de triturer la loi et l'éthique. C'est en tout cas l'impression qui s'en dégage devant cette hargne au tripatouillage des listes dont ont fait montre nos acteurs politiques, pour la plupart des gens qui gèrent, ou qui ont eu à gérer, quelques pans de pouvoirs dans ce pays, la palme d'or de la bêtise, qui aura coûté deux régions, donc 14 Sénateurs potentiels, revient à Jean Nkueté et Hamadjoda Adjoudi. Ces deus administratifs du Rdpc ont voulu respectivement et à tous prix infiltrer pour l'un, celle que des mauvaises langues disent être sa copine Akwalefa Djedo et le présumé protégé de son Adjoint Ngoba Jacques à l'Ouest et l'Adamaoua. Alors même que pour le cas spécifique de l’Adamaoua, il est patent de constater que là-bas, les mandataires du parti avaient travaillé dans les sens des directives du Président national.

Cela a même provoqué l'ire du PREMIER Président Alexis Dipanda Mouelle, et de ses coreligionnaires de la Cour Suprême, devant tant d'incurie et d'hypocrisie des mandataires et des avocats des partis politiques. Si peut-on comprendre que le Rdpc, dont on peut penser qu'il nous a habitués à la manipulation des consciences, ait voulu tester l'indépendance d'Elecam et de la justice, cela ne saurait être le cas pour les autres formations qui l'ont toujours accusé d'entre le chantre unique. Même si l'opinion est rassurée de cette affirmation lorsque Grégoire Owona l'Adjoint de Jean Nkuété au Secrétariat Général du parti, demande à la Cour d'adouber le faux et la fraude en pleine audience. Que dire du jeune Avocat commis par la Direction générale d'Elecam, dont le haut fait d'armes aura été de tenter de défendre le Rdpc, en fustigeant curieusement le Conseil électoral. Ce spectre lamentable, auquel l'opinion était pourtant habituée depuis la mise en place des organes dirigeants d’Elecam, a jeté un doute sur la crédibilité de cette institution et trahit la proximité mafieuse entre le Rdpc et Sani Tanimou.

Au-delà d'une connaissance approximative de la loi, pourtant l'émanation du Rdpc et de ses alliés comme l'a rappelé Me Mbah Ndam, il s'est dégagé comme une odeur nauséabonde d'un pouvoir qui peine à se débarrasser de ses vieux démons. L'histoire du Rdpc révèle déjà quelques disfonctionnements récurrents que certains jadis ces contempteurs ont tôt fait de mettre à l'actif du Chef de l'Etat. Tout porte à croire aujourd'hui que les «morts» que l'on retrouve toujours dans les listes du Rdpc à l'occasion, de même que le cadre du Sdf (principal parti de l'opposition) qui fut coopté au Comité central issu du dernier congrès, sont la manifestation d'une incompétence et d'une fébrilité notoire. Sauf à croire que le Rdpc soit victime des tripatouillages et des manipulations mafieuses observés dans la confection des listes de candidatures au siège de ce parti. Car rien n'explique que Jean Nkuété soit «frappé», dans son propre village, par un faux évident, de même qu'on ait voulu introduire des étrangers ou des bambins au Sénat alors même que ce parti recèle des citoyens honnêtes, crédibles et capables de le représenter. Comment comprendre autrement cette extraction non justifiée, de certains militants convaincus et même convaincants, au profit de délinquants notoires, si n'est des règlements de comptes et des placements juteux de poulains.

Au point que certains y voient comme une volonté pour les «frères d'armes» de Paul Biya, des velléités de partage d'un héritage politique du vivant de celui qui depuis 30 ans a travaillé au bonheur du peuple. On se demande ce qu'il en sera, pendant la campagne qui a commencé samedi dernier, et plus inquiétant encore ce que ces imposteurs, adeptes invétérés de la fraude et de l'illégalité nous réservent lors du verdict final. Surtout qu'avec ce désaveu par les institutions usitées dans le processus électoral, le Rdpc part avec un pré-requis négatif auprès de l'opinion et même du corps électoral. Car en dehors du Sud, du Littoral et du Centre, où habituellement il n’y a pas d'enjeux, force est de reconnaître que le parti au pouvoir, qui n'est pas sûr de gagner sans la fraude habituelle dans des régions originellement hostiles, serait tenté encore de frauder.

Malheureusement les conséquences politiques sont tellement évidentes que certains entrevoient déjà le départ ou la déchéance de quelques grosses têtes du Rdpc. Notamment celles (Ministres ou Directeurs Généraux) qui ont eu à gérer les diverses instances d'examen des candidatures dans ce parti, et qui ont failli nous faire croire que c'est Paul Biya qui était à l'origine. Sauf à croire que Jean Nkuété, Grégoire Owona et autres défenseurs invétérés d'une administration du parti pourtant fébrile depuis des lustres, donnent raison aux contradicteurs de Paul Biya. Et qui réfutent que ce n'est rien d'autre au fond qu'une actualisation des pratiques qui remontent depuis cette époque ou le Rdpc, à tout le moins certains imposteurs qui s'y sont réfugiées donnent le change d'un parti pas différent de l'Administration ou de l'Etat. Au grand dam d'un Chef de l'Etat dont le rêve, qui se réalise sans le Rdpc, est de laisser à la postérité l'image d'un homme qui a apporté à son pays la prospérité et la démocratie. Et s'en trouvera encore demain, quelques «zozo» en mal de sensations fortes, qui nous diront que l'opération « Épervier» n'est qu'une volonté d'éliminer des concurrents à un homme qui a... 80 ans. Alors que le Rdpc, en tout ce qui tient lieu de son administration et malheureusement aussi de la gestion du pays, vient de démontrer qu'il existe si peu, bien en dessous de ces milliardaires ripoux, des personnes qui se dispersent toujours de considérations éthiques. Et restent sourds à leurs victimes, qui pourtant crient à la limite de la révolte, devant ce piège (pourquoi pas un complot) qui se referme avec une étonnante facilité sur un homme: Paul Biya.

Il nous appartient tous, que l'on soit du Rdpc ou pas, devant cette consternante et nauséeuse affaire, qui se résume à susciter des indignations, à crier haro sur la victime. Et surtout à exprimer un mépris de classe éhonté, au lieu des indignations sélectives. Voire!



01/04/2013
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