Sénatoriales 2013: Enjeux et batailles politiques, bras de fer Tchiroma/Kamto

Yaoundé, 11 mars 2013
© Jean Emmanuel Manga | L'Anecdote

Les points de presse donné respectivement par le Président du MRC et le Ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement et non moins Président du FSNC, ont révélé des divergences d'opinions entre les 2 leaders de parti politique au sujet de la toute première élection sénatoriale au Cameroun.

C'est d'abord Maurice Kamto qui aura ouvert le bal en parlant de la convocation du corps électoral le 14 avril prochain pour élire les sénateurs. Le Président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) a réuni dans le siège de son parti à Yaoundé par Odza, lundi dernier, des journalistes afin de se prononcer sur le sujet qui alimente les chroniques à l'heure actuelle. Au sortir de cet échange qui aura duré près de 3 heures d'horloge, on a pu retenir, selon le chef du MRC, que les conseillers municipaux qui devront dans les prochains jours élire les sénateurs ne bénéficient plus d'une «légitimité légale mais décrétale liée au fait des multiples prorogations concédées par le Président de la République». Maurice Kamto aura déclaré que cette convocation des sénatoriales devait être postérieure aux élections municipales et législatives. Du fait de cette antéposition, Paul Biya a fait une «atteinte grave à la démocratie», car et pour lui, «seules les élections municipales et législatives devaient permettre de mesurer le poids populaire des élus». Avant de renchérir que : «le Président prépare un Sénat unicolore aux couleurs de son parti -RDPC-, il s'agit là de la régression de notre démocratie». Il est donc clair, Maurice Kamto criait au hold-up perpétré par le parti au pouvoir, avant de réitérer son appel aux populations de s'inscrire massivement sur les listes électorales, afin de venir à bout le moment venu et de manière pacifique d'un «régime qui n'a aucun respect pour elle, grâce au vote». Si pour le Président du MRC, la convocation du corps électoral actuel met les partis politiques qui n'ont pas de conseillers municipaux «hors-jeu dans la lutte sénatoriale», il aura tout de même déclaré que son parti sera bel et bien présent lors des batailles municipales et législatives à venir.

Le lendemain, c'était au tour du MINCOM de convoquer la presse nationale et internationale dans le «souci d'informer le public sur l'action gouvernementale». Issa Tchiroma reconnaissait que grâce au Sénat, le pays franchissait «une étape décisive vers le renforcement de la démocratie et de l'amélioration de l'Etat de droit». Il aura dit que son parti, qui ne compte aucun conseiller municipal à l'heure, sera sur la ligne de départ pour les sénatoriales futures en dépit du jeu irrégulier du parti au pouvoir. «La politique est un métier où on ne se fait pas de cadeaux. Si vous avez un avantage, vous en profitez pleinement, et c'est ce qu'a fait Paul Biya», a-t-il annoncé. Et pour répondre à Maurice Kamto qui, semble t-il, crie au feu, le porte-parole du Gouvernement a affirmé que les futurs votants «sont des conseillers municipaux à part entière. Ils ont par conséquent pleine compétence en toute affaire les concernant à titre statutaire, y compris élire les sénateurs, tel que prévoit la constitution. La prorogation de leur mandat ne saurait par conséquent être assimilée à une nomination à un poste électif, tant qu'elle s'effectue dans les conditions prévues par la loi». Prenant le contre-pied de son prédécesseur, le Président du FSNC a reconnu la légitimité des conseillers municipaux, électeurs sénatoriaux en l'occurrence. Une position que les uns et les autres ont jugé de partisane pour le parti au pouvoir. Certains observateurs présents dans la salle ont d'ailleurs dit que : «le MINCOM est certes le Président du Front pour le Salut National du Cameroun, un parti de l'opposition, mais il se comporte comme un militant du RDPC». Si la surenchère verbale et la démagogie constituent les maîtres-mots de la politique, Issa Tchiroma Bakary a tout de même fait une déclaration au combien inquiétante. En affirmant que «le Sénat et le Conseil Constitutionnel sont les deux institutions qui permettront au Cameroun de s'arrimer à la modernité», manière de dire clairement que le Cameroun est loin d'être un pays moderne, tant il est vrai que ces 2 institutions ne sont pas encore fonctionnelles dans notre pays. Voulait-il incriminer le régime actuel ? A chacun sa lecture...


14/03/2013
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