Senatoriales 2013 dans le Nord-Ouest - Contentieux postélectoral: Fru Ndi renonce au recours en annulation

Douala, 22 avril 2013
© Alain NJIPOU | Le Messager

Est-ce délibérément ou une clause du deal avec Paul Biya via Martin Belinga Eboutou?

Nous annoncions dans l’édition n° 3819 du mercredi 17 avril 2013 du Messager que, sauf changement de dernière minute, le Social democratic front (Sdf) pourra introduire mercredi 17 avril, auprès de la Cour suprême statuant en lieu et place du conseil constitutionnel, une requête en annulation des opérations électorales des sénatoriales dans la région du Nord-Ouest. Ce ne sera plus le cas. Et pour cause, apprend-on d’un des collaborateurs de John Fru Ndi qui a requis l’anonymat, le leader du Front social démocrate (Sdf en anglais) aurait instruit Me Joseph Mbah Ndam de ne plus déposer le recours en annulation comme initialement arrêté. Bien que tous les éléments et même les vidéos avaient été déjà réunis pour meubler les arguments du parti du 26 mai 1990 devant la Cour suprême, John Fru Ndi a renoncé à la dernière minute à introduire un recours en annulation du scrutin sénatorial du 14 avril dernier. A en croire notre informateur, le leader du Sdf accuse les leaders des deux autres partis de l’opposition ayant pris part à ces sénatoriales (Udc et Undp) d’être à l’origine de la difficulté de l’alternance au Cameroun depuis l’avènement du multipartisme : « quand je leur disais qu’on boycotte toutes les élections au Cameroun afin de pousser le parti au pouvoir à mettre sur pied une base solide et transparente pour l’alternance, ils avaient refusé » aurait laissé entendre Fru Ndi avant d’ajouter « ils voulaient que je boycotte ces sénatoriales afin qu’ils y prennent part pour rafler les quelques sièges qui revenaient au Sdf et cautionner ainsi un semblant de démocratie au Cameroun », renseigne notre interlocuteur. Comme pour dire que ceux-ci n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes s’ils sont aujourd’hui avalés par le système qu’ils ont aidé à maintenir au pouvoir.

Aussi, le leader du Front social démocrate aurait, précise cette source, dit qu’introduire une requête en annulation des sénatoriales dans le Nord-Ouest c’est prêter le flanc à ceux qui estiment qu’il (Fru Ndi Ndlr) est désespéré et qu’il voulait absolument être sénateur. Or pour lui, ce n’est pas le cas. De même, en renonçant à ce recours, nous confie notre interlocuteur le leader du Sdf, veut être conséquent avec lui-même. «Il a donné comme autre raison, le fait qu’il avait promis au président de la Cour suprême Alexis Dipanda Mouelle lors du contentieux de la présidentielle de 2011, qu’il ne présentera plus jamais devant lui pour contester les résultats d’une quelconque élection» car explique–t-il, cette haute juridiction « n’a jamais rendu depuis 1992 une décision favorable à l’opposition. Souvenez-vous quand ce président de la cour disait en 1992 lors de la victoire volée que ses mains sont liées».

C’est dire si Fru Ndi se contente déjà des 14 sièges remportés à l’Ouest et dans l’Adamaoua, grâce à son deal, supposé ou réel, avec le président national du Rdpc Paul Biya via Martin Belinga Eboutou. Toujours est-il que lors de la conférence de presse de lancement de sa campagne pour les sénatoriales John Fru Ndi disait aux hommes et femmes de média : « je ne laisserai pas M. Biya tranquille pour mes pourcentages sur les 30 sénateurs qu’il va nommer pour compléter les 70 qui se seront élus ». Traduction, il exigerait du président de la République Paul Biya, la nomination des militants du Sdf parmi les 30 sénateurs que lui accorde cette prérogative prévue par la constitution.


Réaction:

Jean Robert Wafo, ministre de l’Information et des médias du «shadow cabinet»: « Il s’agit d’une décision politique »

Il est constant que de nombreuses irrégularités ont émaillé le scrutin dans le Nord-ouest le 14 avril dernier. Parce que les achats de consciences et la corruption active qui ont profondément nimbé le scrutin dans cette région sont malheureusement difficiles à prouver, le parti a pris la décision politique de ne pas introduire un recours à la Cour suprême agissant en lieu et place du Conseil constitutionnel. Nous ne voyons pas comment un recours pour des motifs que je viens d’évoquer peut prospérer devant cette institution qui évoquera certainement l’absence de preuves matérielles. Aller devant la Cour suprême, comme si le processus électoral des sénatoriales était bon, pour dire qu’il y a eu corruption et achat des consciences est évidemment difficile à prouver. La parti a estimé à juste titre en rapport avec les sénatoriales du 14 avril dernier qu’il ne sert à rien d’aller plaider devant cette institution. Le Conseil constitutionnel ne peut rien devant ces cas de figure. Il faut trouver d’autres solutions pour parer à l’achat de consciences et à la corruption électorale. Plusieurs pays ont trouvé la solution politique en instituant tout simplement le bulletin unique qui est le seul et unique remède à ces deux fléaux électoraux. Perfectionnons tout simplement notre système électoral. C’est un problème politique qui est du ressort des politiques. Le Conseil constitutionnel ne peut pas décréter le bulletin unique.

Propos recueillis par Alain NJIPOU


22/04/2013
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