Plusieurs fois annoncée et promise à des responsables des représentations diplomatiques - y compris à un représentant du Vatican - à Yaoundé lors des audiences au palais de l’Unité, et autant de fois ajournée, la mise en place effective du Sénat est désormais une question de mois, si l’on s’en tient à des indiscrétions informées.
Des indications ne font pas défaut pour le respect d’un calendrier dont on situe le point décisif «au premier trimestre» de l’année 2013. L’accélération prescrite par le locataire d’Etoudi, des travaux de construction du siège du Conseil économique et social où trône Luc Ayang, semblent avoir entamé un certain scepticisme qui a toujours entouré le calendrier de mise en place des institutions prévues par la Constitution.
Bien avant que ces indications ne soient révélées, le président de la République s’en était déjà ouvert à ses camarades du Rdpc : lors de sa visite dans la partie septentrionale du pays, à la faveur des inondations qui ont récemment plongé les populations dans le désarroi, Paul Barthélémy Biya Bi Mvondo, a confié aux élus de la Région de l’Extrême-Nord, qu’il s’attèlerait à rendre opérationnelle la chambre haute du Parlement, attendue depuis 1996. Les calculs du président de la République tiennent en plusieurs points.
Verrouillage de la scène parlementaire. Ensuite : recasement et recyclage attendus des personnels politiques du camp présidentiel, puisque Paul Biya, devrait trouver en le Sénat, un point de chute pour les barons qui l’accompagnent depuis des décennies. Ce scénario avait déjà été évoqué dans les couloirs d’Etoudi, en 2004. Cette année là, au sortir de l’élection présidentielle, on prêtait à Paul Biya l’intention de mettre en place une équipe gouvernementale de récompense politique, dont le bail durerait deux ans, avant l’arrivée au pouvoir de technocrates censés mettre en musique les «Grandes ambitions» d’alors.
Les plus naïfs envisageaient rien moins qu’une sortie de scène du père du Renouveau…Ce Sénat au demeurant, devrait aussi signer un gain diplomatique au bout du compte : un clin d’œil en direction des «pays amis» qui insistent depuis de longs mois, sur la mise en place effective des institutions de la Constitution de 1996.