Le président de la ligue de football professionnel (Lfpc), lors d’un point de presse ce 18 janvier à Yaoundé, a annoncé que le championnat ne reprendra pas avant la totale transformation des 28 clubs d’élite one et two en sociétés anonymes (Sa) ou sociétés à responsabilité limitée (Sarl).
L’ambiance n’était pas ordinaire ce vendredi matin au siège de la Lfpc à Yaoundé où les journalistes étaient conviés pour un point de presse du président de cette instance. Quelques minutes avant l’entrée de Pierre Semengue dans la salle de réunion, un membre de la cellule de communication a pris le soin d’informer la huitaine de journalistes présents qu’ « il s’agit d’un point de presse. Aucune question n’est permise ». Ce qui en disait déjà long sur la nature de la communication.
Le courroux
Et c’est un Pierre Semengue, très courroucé qui se présente quelques instants après. A peine observe-t-il les civilités d’usage qu’il commence à dire son propos. La première partie de son énoncé est consacrée aux initiatives de l’Etat pour appuyer la professionnalisation du championnat local.
Evacué cela, Pierre Semengue en vient à l’essentiel. Et à ce moment, c’est un autre homme qui s’adresse aux journalistes. Il n’hésite pas à frapper le point sur la table et le pied au sol pour accompagner son discours martial. On reconnait là le général d’armée à la retraite. La principale information est alors lâchée. « Le lancement du championnat est renvoyée à une date ultérieure ».
Motivations
Le président de la Lfpc explique sa décision par le fait que certains
responsables de clubs refusent d’opérer la mutation de leurs équipes
d’Association à objet sportif (Aos) à Société anonyme (Sa) ou Société à
responsabilité limitée (Sarl). Une condition sine qua non, selon
Semengue, pour que le professionnalisme soit une réalité.
A l’issue du Conseil d’administration de la ligue tenue en novembre 2011, Pierre Semengue et le président de la Fecafoot, Iya Mohammed, avaient pourtant signé conjointement une circulaire demandant aux clubs de se muer en sociétés et interdisant le cumul des fonctions de président d’association et de président de la société commerciale à objet sportif. Mais lors d’une réunion informelle initiée par Iya Mohammed et tenue à Douala ce 16 janvier en prélude à l’ouverture de saison qui était prévue pour le 26 janvier, les clubs ont demandé et obtenu l’annulation de ladite circulaire.
Le président de la Lfpc qui prenait part à cette
réunion, a dû céder devant l’insistance des clubs en signant un document
dans ce sens. « J’ai signé en toute connaissance de cause, mais surtout
pour éviter le trouble qu’aurait pu occasionner ma non signature à ce
moment précis », explique aujourd’hui Semengue.
Volte-face
Le général d’armée affirme par ailleurs que le document signé dans la capitale économique n’a « aucune valeur juridique » dans la mesure où soutient-il, « seuls l’assemblée générale et le conseil d’administration sont habilités à prendre des décisions engageant la Ligue ». Conséquence, il maintient les résolutions prises à l’issue du Conseil d’administration de novembre 2011.
Aussi a-t-il envoyé une correspondance au ministre en charge des Sports, afin de bloquer la subvention de l’Etat versé aux clubs tant que la mutation n’aura pas été effectuée. Cette subvention faut-il le rappeler s’élève comme la saison dernière à 560 millions de Fcfa. Un blocus qui de l’avis de Semengue, ne sera levé que lorsqu’il aura constaté l’effectivité de la mutation.
Accusations
C’est peine perdue puisque la ligue n’entent pas lâché prise. « La Ligue de football professionnel du Cameroun jouit d’une véritable autonomie. Aucune institution n’est habilitée à lui dicter sa conduite. Que cela soit clair !», a martelé le général. Dans la dernière phrase de son propos, Pierre Semengue rappelle en plus aux uns et aux autres qu’il est bel et bien le patron. «Dans le domaine du football professionnel, je suis le seul maître à bord et j’entends le demeurer jusqu’au terme de mon mandat », a-t-il conclu avant de se lever et de sortir précipitamment.
Ce n’est pas le premier bras de fer engagé avec les clubs. En 2012, le président de la ligue avait déjà dissout l’Association des clubs de première et deuxième division. Les clubs s’étaient par la suite pliés malgré quelques résistances.