Sécurité: Visages contrastés des stratèges de Paul Biya
DOUALA - 25 NOV. 2010
© Cathy Corinne Koum | La Nouvelle Expression
Entre puissance ésotérique et compétence avérée, les commentaires vont bon train sur les « protecteurs » du président de la République.
« L’ange gardien de Paul Biya ». L’attribut collé à Avi Abraham Sivan, le commandant du Bataillon d’intervention rapide -décédé lundi 22 novembre, dans un crash d’hélicoptère- par un quotidien de la place laisse percevoir l’importance de l’homme dans la sécurité du président de la République. Peut être à raison.
Le colonel retraité de l’armée israélienne et ancien attaché de défense à l’ambassade d’Israël au Cameroun dirigeait jusqu’à sa mort deux unités bien spéciales de l’armée camerounaise : la garde présidentielle et le Bataillon d’intervention rapide, considérée par une certaine opinion comme deux armées dans l’armée.
Les deux unités bénéficient d’un régime spécial. Contrairement aux corps de l’armée qui sont assujettis au ministère de la Défense, elles dépendent directement de la présidence de la République. De même que Abraham Avi Sivan lié par un contrat privé à la présidence de la République.
Un statut particulier qui ne lui fait pas beaucoup d’amis au sein de l’armée régulière qu’on dit « délaissée et pour beaucoup désœuvrée avec des moyens très insuffisants, très peu d’armes et de munitions. » N’empêche. Avi Abraham Sivan qu’on crédite d’une rigueur exceptionnel dans le travail et d’un certain sens de l’éthique a la confiance du chef de l’Etat. Il lui revient donc de former et commander la garde présidentielle et le Bir créé dans un premier temps pour contrer l’offensive des coupeurs de route, grands bandits devant Dieu et les hommes œuvrant dans le septentrion et l’Est du Cameroun.
Par la suite, les compétences du Bir « vont s’étendre au service non plus seulement de la sécurité nationale, mais à la disposition de l’actuel chef d l’Etat en cas de menace de son pouvoir, comme on l’a vu lors des émeutes de février 2008. » Le Bir impose désormais sa présence à Bakassi où l’armée régulière aurait fait preuve de certains manquements…
C’est à travers ce corps à qui on reconnaît une formation de très haut niveau et une réputation certaine dans l’usage des armes que l’israélien va confirmer sa réputation de formateur de haut rang fauché définitivement…dans un accident de travail
Bénaé
Un autre stratège militaire de Paul Biya également fauché brutalement par la mort, c’est le général Blaise Bénaé Mpécké foudroyé par une crise cardiaque début janvier 2007. Des avis introduits dans le cercle du pouvoir au Cameroun le présentait jusqu’à sa mort comme « conseiller militaire du chef de l’Etat, mystique dont les avis influençaient l’agenda de Paul Biya. »
Une anecdote dans ce dernier registre? Un jour de 1991, alors que le président de la République regagne le pays au terme d’un sommet à l’échelle continentale, le train d’atterrissage du Pélican - l’avion présidentiel- coince. Panique à bord de l’appareil. L’équipage de service tente le plus dur pour atteindre la piste d’atterrissage. Pas évident. Une éternité semble s’écouler. L’avion finira par atterrir « difficilement » à Douala. Et Paul Biya regagnera Yaoundé par la route, bien escorté. Explication : le général Benaè Mpecke, rosicrucien affiché, selon certains, avait déconseillé au Président Biya ce voyage.
Des indiscrétions attribuent également au feu conseiller militaire du président de la République une stature, bien au-dessus des ministres de la Défense et des chefs d’état-major des armées. C’était « l’ultime verrou » auprès du chef des armées. Il aura marqué d’une emprunte mémorable le différend frontalier entre le Nigeria et le Cameroun concernant la péninsule de Bakassi. Lui qui devait se prononcer sur les propositions de la hiérarchie militaire soupçonnée de faire dans la surenchère et l’affairisme. Certaines voies crédibles pensent d’ailleurs c’est à ce natif de Mboamanga dans le département de l’océan que le Cameroun doit le triomphe de la voie du droit jusqu’au bout, plutôt que celle de l’affrontement armée avec le Nigeria.
Le général Bénae de son vivant était également perçu comme un faiseur et « défaiseur » de carrière dans l’armée. On lui a attribué également la paternité ou au moins d’avoir fortement influencé la réforme de l’armée camerounaise. En tandem, avec le général français à la retraite Germanos, un autre stratège militaire du président Biya, militaire au CV impressionnant. Diplômé de Saint Cyr. Ancien sous-chef des opérations à l’Etat Major des armées. Ancien directeur du Service de l’information et des relations publiques de l’armée française (Sirpa). Ancien directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale (Ihedn). Ancien commandant du prestigieux régiment étranger des parachutistes, commandant de la Légion d’honneur. Selon des sources crédibles, le militaire français qui revendiquait une certaine intimité avec le réseau Sarkozy devra quitter les cercles du pouvoir de Yaoundé quelques temps après. Son carnet d’adresses s’étant révélé erroné et son goût pour l’affairisme très affiché, écornant ainsi « l’image de la France au Cameroun ».
Dans une actualité plus récente, le Général Raymond Germanos, sera rattrapé par une affaire de pédopornographie. Il a été condamné en avril dernier par le tribunal correctionnel de Paris à dix mois de prison avec sursis pour détention d’images pédo-pornographiques et radié de l’armée française.
© Cathy Corinne Koum | La Nouvelle Expression
Entre puissance ésotérique et compétence avérée, les commentaires vont bon train sur les « protecteurs » du président de la République.
« L’ange gardien de Paul Biya ». L’attribut collé à Avi Abraham Sivan, le commandant du Bataillon d’intervention rapide -décédé lundi 22 novembre, dans un crash d’hélicoptère- par un quotidien de la place laisse percevoir l’importance de l’homme dans la sécurité du président de la République. Peut être à raison.
Le colonel retraité de l’armée israélienne et ancien attaché de défense à l’ambassade d’Israël au Cameroun dirigeait jusqu’à sa mort deux unités bien spéciales de l’armée camerounaise : la garde présidentielle et le Bataillon d’intervention rapide, considérée par une certaine opinion comme deux armées dans l’armée.
Les deux unités bénéficient d’un régime spécial. Contrairement aux corps de l’armée qui sont assujettis au ministère de la Défense, elles dépendent directement de la présidence de la République. De même que Abraham Avi Sivan lié par un contrat privé à la présidence de la République.
Un statut particulier qui ne lui fait pas beaucoup d’amis au sein de l’armée régulière qu’on dit « délaissée et pour beaucoup désœuvrée avec des moyens très insuffisants, très peu d’armes et de munitions. » N’empêche. Avi Abraham Sivan qu’on crédite d’une rigueur exceptionnel dans le travail et d’un certain sens de l’éthique a la confiance du chef de l’Etat. Il lui revient donc de former et commander la garde présidentielle et le Bir créé dans un premier temps pour contrer l’offensive des coupeurs de route, grands bandits devant Dieu et les hommes œuvrant dans le septentrion et l’Est du Cameroun.
Par la suite, les compétences du Bir « vont s’étendre au service non plus seulement de la sécurité nationale, mais à la disposition de l’actuel chef d l’Etat en cas de menace de son pouvoir, comme on l’a vu lors des émeutes de février 2008. » Le Bir impose désormais sa présence à Bakassi où l’armée régulière aurait fait preuve de certains manquements…
C’est à travers ce corps à qui on reconnaît une formation de très haut niveau et une réputation certaine dans l’usage des armes que l’israélien va confirmer sa réputation de formateur de haut rang fauché définitivement…dans un accident de travail
Bénaé
Un autre stratège militaire de Paul Biya également fauché brutalement par la mort, c’est le général Blaise Bénaé Mpécké foudroyé par une crise cardiaque début janvier 2007. Des avis introduits dans le cercle du pouvoir au Cameroun le présentait jusqu’à sa mort comme « conseiller militaire du chef de l’Etat, mystique dont les avis influençaient l’agenda de Paul Biya. »
Une anecdote dans ce dernier registre? Un jour de 1991, alors que le président de la République regagne le pays au terme d’un sommet à l’échelle continentale, le train d’atterrissage du Pélican - l’avion présidentiel- coince. Panique à bord de l’appareil. L’équipage de service tente le plus dur pour atteindre la piste d’atterrissage. Pas évident. Une éternité semble s’écouler. L’avion finira par atterrir « difficilement » à Douala. Et Paul Biya regagnera Yaoundé par la route, bien escorté. Explication : le général Benaè Mpecke, rosicrucien affiché, selon certains, avait déconseillé au Président Biya ce voyage.
Des indiscrétions attribuent également au feu conseiller militaire du président de la République une stature, bien au-dessus des ministres de la Défense et des chefs d’état-major des armées. C’était « l’ultime verrou » auprès du chef des armées. Il aura marqué d’une emprunte mémorable le différend frontalier entre le Nigeria et le Cameroun concernant la péninsule de Bakassi. Lui qui devait se prononcer sur les propositions de la hiérarchie militaire soupçonnée de faire dans la surenchère et l’affairisme. Certaines voies crédibles pensent d’ailleurs c’est à ce natif de Mboamanga dans le département de l’océan que le Cameroun doit le triomphe de la voie du droit jusqu’au bout, plutôt que celle de l’affrontement armée avec le Nigeria.
Le général Bénae de son vivant était également perçu comme un faiseur et « défaiseur » de carrière dans l’armée. On lui a attribué également la paternité ou au moins d’avoir fortement influencé la réforme de l’armée camerounaise. En tandem, avec le général français à la retraite Germanos, un autre stratège militaire du président Biya, militaire au CV impressionnant. Diplômé de Saint Cyr. Ancien sous-chef des opérations à l’Etat Major des armées. Ancien directeur du Service de l’information et des relations publiques de l’armée française (Sirpa). Ancien directeur de l’Institut des hautes études de défense nationale (Ihedn). Ancien commandant du prestigieux régiment étranger des parachutistes, commandant de la Légion d’honneur. Selon des sources crédibles, le militaire français qui revendiquait une certaine intimité avec le réseau Sarkozy devra quitter les cercles du pouvoir de Yaoundé quelques temps après. Son carnet d’adresses s’étant révélé erroné et son goût pour l’affairisme très affiché, écornant ainsi « l’image de la France au Cameroun ».
Dans une actualité plus récente, le Général Raymond Germanos, sera rattrapé par une affaire de pédopornographie. Il a été condamné en avril dernier par le tribunal correctionnel de Paris à dix mois de prison avec sursis pour détention d’images pédo-pornographiques et radié de l’armée française.