Secteur privé – La leçon qui vient des non diplômés: Des analphabètes plus performants que les diplômés de l'Enseignement Supérieur
DOUALA - 05 Juin 2012
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus
C'est la conclusion à laquelle à abouti la première édition de l'Université du Gicam tenue à Douala du 1er au 3 juin 2012 au vu du nombre des entreprises détenues par des gens qui ne sont pas allés à l'école.
I- 14% de chefs d'entreprises ne sont pas diplômés
Le groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) a constaté au cours des trois jours qu'ont duré ses travaux que bon nombre de nos hommes d'affaires dont certains ayant une surface financière n'ont passé que quelques années à l'école primaire. A Aurore Plus, on le savait depuis qu'environ 44% de nos hommes d'affaires n'ont fait que le cycle primaire dans leurs études (parmi lesquels 14% sans diplômes). Il y a lieu de distinguer ici deux générations quand on parle d'affaires. La première génération comprend les septuagénaires et les octogénaires et même les nonagénaires et la deuxième, les gens nés après la deuxième guerre mondiale donc à partir de 1945. Dans cette première génération on retrouve de redoutables hommes d'affaires tels Victor Fotso, Joseph Kadji Defosso, André Sohaing, Samuel Kondo, et bien d'autres. La plupart de ces gens n'ont passé, pour certains qu'une ou deux années à l'école, d'autres n'y ont jamais mis les pieds. Mais en même temps, on ne peut pas généraliser car à côté des hommes d'affaires de la trempe de Victor Fotso ou Kadji Defosso qui n'ont pas fait l'école, l'octogénaire Samuel Kondo a bel et bien fait des études universitaires dans les années 1950.
Quand on prend les cas des Victor Fotso, Kadji Defosso, Sohaing André, on constate qu'ils sont partis de rien. La plupart a commencé à vendre des produits de première nécessité au bord de la route ou dans des échoppes avant de développer leurs affaires qui ont atteint aujourd'hui des proportions grandioses. Même si à un moment, ils ont pu bénéficier de crédits bancaires, il faut plutôt voir dans leur réussite l'ardeur au travail, le refus de la vie facile, le sens ou le goût de l'épargne. On dirait que chez ces gens le fait de n'avoir pas fait des études à un niveau poussé est compensé par le pragmatisme, par un phénomène ou un instinct de compensation. Et l'esprit d'initiative.
Même quand ces pépés ont embauché des diplômés de l'enseignement supérieur bardés de titres universitaires, ils ont toujours eu un œil sur leurs affaires, car sait-on jamais ce qui peut se cacher derrière un diplômé de l'enseignement. Souvent quand les milliardaires d'une autre génération initient leurs propres enfants diplômés de l'enseignement supérieur aux affaires, la greffe ne prend pas.
Raison pour laquelle ils sont obligés de rester longtemps à la tête de leurs affaires pour qu'elles ne tombent pas. Cette inaptitude des rejetons à suivre les pas de leurs géniteurs pose d'énormes problèmes à ces derniers.
II- Autopsie d'une réussite
Un sens très aigu des affaires. Nous avons pris pour modèle, exemple Victor Fotso qui a un sens très poussé des affaires. Voici ce que dit de lui quelqu'un qui le connaît: «Quand vous présentez un projet au vieux, il est capable de vous dire si le domaine dans lequel vous voulez investir va vous donner satisfaction, si vous aller réussir ou non. Il vous donne la réponse après quelques secondes de réflexion sans avoir fait une étude de marché. Et il est capable de vous expliquer pourquoi votre, projet peut marcher ou échouer. Quand il vous conseille de ne pas investir dans un projet, il ne faut pas insister; si vous le faites vous courrez à votre perte. Cela beaucoup de jeunes gens l'ont expérimenté et se sont rendus compte à la fin que le vieux avait raison».
Les gens ont pris la mauvaise habitude de railler ces gérontes quand ils s'expriment en français, cela est incongru et n'a aucun sens. Est-ce parce qu'ils s'expriment dans un français approximatif que Victor Fotso ou Joseph Kadji Defosso n'ont pas leur place dans la société? Ne voit-on pas le rôle éminent qu'ils jouent dans la société comme bâtisseurs, comme hommes d'affaires qui font travailler des milliers de personnes? On raconte cette histoire qui s'est déroulé dans la brasserie du grand père Kadji Defosso. Quand le multimilliardaire originaire du Haut-Nkam, maire Rdpc de Bana entre dans la brasserie, il constate que les machines sont à l'arrêt. Il demande ce qui se passe, on lui répond qu'il y a coupure de courant, à cette réponse le vieux s'exclame et appelle un technicien et lui dit en substance «où avez-vous mis le courant que je viens d'acheter, est-ce que vous avez regardé s'il n'y a rien dans le magasin?» Le vieux n'avait pas compris qu'il y avait tout simplement coupure d'électricité, que ce n'était pas un problème de fils électriques.
Il y a Jean Bernard Ndongo Essomba, président du Groupe parlementaire Rdpc à l'Assemblée nationale. Cet homme n'est pas allé bien loin dans les études dans sa Lékié natale. Il a commencé par faire le coxage du cacao avant de monter progressivement en puissance dans les affaires jusqu'à devenir ce qu'il est aujourd'hui, un puissant homme d'affaires, milliardaire de son état qui a investi dans plusieurs secteurs, actionnaire de Chococam. Ce n'est pas seulement au Cameroun qu'on trouve des gens n'ayant pas fait de longues études mais qui ont réussi dans les affaires. On peut citer en France l'exemple de plusieurs personnes dont Pierre Castel, le propriétaire des Brasseries du Cameroun, un multimilliardaire parti de rien... Cet homme a arrêté les études au cours élémentaire. Déjà à l'école primaire où il n'était pas dans son élément, il vendait déjà à ses camarades de classe, des bonbons et bien d'autres choses. Aujourd'hui, il possède un grand nombre de brasseries sur toute la côte occidentale de l'Afrique.
III- L’Echec des longs crayons?
Ceux qui ont fait des études universitaires, surtout dans la science économique, la finance pensent qu'ils ont un plus par rapport à ceux qui n'ont pas étudié ces disciplines. C’est vrai mais également -faux. Car il faut marquer une distinction entre créer une affaire, une entreprise et occuper un poste ou travailler comme cadre dans une entreprise créée par une autre personne ou une société d'Etat. En effet, nous constatons que les Victor Fotso et autres n'ont pas eu besoin d'avoir des diplômes du secondaires ou universitaires pour se lancer dans les affaires, créer leur entreprise.
Généralement, ce qui se passe c'est que ceux qui ont fait des études universitaires s'accordent un long moment de réflexion avant de se jeter à l'eau. Ils hésitent beaucoup, veulent avoir le maximum d'argent, s'entourent de toutes sortes de précautions, font parfois des études de marché avant de se lancer. Celui qui n'est pas allé loin dans ses études ne s'embarrasse parfois pas de toutes ses précautions. Une fois qu'il a réuni son pécule et arrêté un jour, il se jette à l'eau. Bien entendu, le taux d'échec est bien élevé parmi ceux qui se lancent dans les affaires sans avoir fait des études secondaires ou supérieures. Il peut même être supérieur à celui des diplômes de l'enseignement supérieur puisqu'ils sont les plus nombreux à se lancer dans les affaires.
Toutefois, tout n'est pas noir chez les longs crayons. Nous connaissons de très belles réussites en leur sein, soit à partir des affaires que les parents ont laissées et qu'ils ont développées soit à partir de ce qu'ils ont créé de leurs propres mains. Les Fadil par exemple ont conservé et développé ce que leur père a laissé, à tel point qu'aujourd'hui au Cameroun c'est un Groupe qui pèse, compte sur l'échiquier national.
© Michel Michaut Moussala | Aurore Plus
C'est la conclusion à laquelle à abouti la première édition de l'Université du Gicam tenue à Douala du 1er au 3 juin 2012 au vu du nombre des entreprises détenues par des gens qui ne sont pas allés à l'école.
I- 14% de chefs d'entreprises ne sont pas diplômés
Le groupement interpatronal du Cameroun (Gicam) a constaté au cours des trois jours qu'ont duré ses travaux que bon nombre de nos hommes d'affaires dont certains ayant une surface financière n'ont passé que quelques années à l'école primaire. A Aurore Plus, on le savait depuis qu'environ 44% de nos hommes d'affaires n'ont fait que le cycle primaire dans leurs études (parmi lesquels 14% sans diplômes). Il y a lieu de distinguer ici deux générations quand on parle d'affaires. La première génération comprend les septuagénaires et les octogénaires et même les nonagénaires et la deuxième, les gens nés après la deuxième guerre mondiale donc à partir de 1945. Dans cette première génération on retrouve de redoutables hommes d'affaires tels Victor Fotso, Joseph Kadji Defosso, André Sohaing, Samuel Kondo, et bien d'autres. La plupart de ces gens n'ont passé, pour certains qu'une ou deux années à l'école, d'autres n'y ont jamais mis les pieds. Mais en même temps, on ne peut pas généraliser car à côté des hommes d'affaires de la trempe de Victor Fotso ou Kadji Defosso qui n'ont pas fait l'école, l'octogénaire Samuel Kondo a bel et bien fait des études universitaires dans les années 1950.
Quand on prend les cas des Victor Fotso, Kadji Defosso, Sohaing André, on constate qu'ils sont partis de rien. La plupart a commencé à vendre des produits de première nécessité au bord de la route ou dans des échoppes avant de développer leurs affaires qui ont atteint aujourd'hui des proportions grandioses. Même si à un moment, ils ont pu bénéficier de crédits bancaires, il faut plutôt voir dans leur réussite l'ardeur au travail, le refus de la vie facile, le sens ou le goût de l'épargne. On dirait que chez ces gens le fait de n'avoir pas fait des études à un niveau poussé est compensé par le pragmatisme, par un phénomène ou un instinct de compensation. Et l'esprit d'initiative.
Même quand ces pépés ont embauché des diplômés de l'enseignement supérieur bardés de titres universitaires, ils ont toujours eu un œil sur leurs affaires, car sait-on jamais ce qui peut se cacher derrière un diplômé de l'enseignement. Souvent quand les milliardaires d'une autre génération initient leurs propres enfants diplômés de l'enseignement supérieur aux affaires, la greffe ne prend pas.
Raison pour laquelle ils sont obligés de rester longtemps à la tête de leurs affaires pour qu'elles ne tombent pas. Cette inaptitude des rejetons à suivre les pas de leurs géniteurs pose d'énormes problèmes à ces derniers.
II- Autopsie d'une réussite
Un sens très aigu des affaires. Nous avons pris pour modèle, exemple Victor Fotso qui a un sens très poussé des affaires. Voici ce que dit de lui quelqu'un qui le connaît: «Quand vous présentez un projet au vieux, il est capable de vous dire si le domaine dans lequel vous voulez investir va vous donner satisfaction, si vous aller réussir ou non. Il vous donne la réponse après quelques secondes de réflexion sans avoir fait une étude de marché. Et il est capable de vous expliquer pourquoi votre, projet peut marcher ou échouer. Quand il vous conseille de ne pas investir dans un projet, il ne faut pas insister; si vous le faites vous courrez à votre perte. Cela beaucoup de jeunes gens l'ont expérimenté et se sont rendus compte à la fin que le vieux avait raison».
Les gens ont pris la mauvaise habitude de railler ces gérontes quand ils s'expriment en français, cela est incongru et n'a aucun sens. Est-ce parce qu'ils s'expriment dans un français approximatif que Victor Fotso ou Joseph Kadji Defosso n'ont pas leur place dans la société? Ne voit-on pas le rôle éminent qu'ils jouent dans la société comme bâtisseurs, comme hommes d'affaires qui font travailler des milliers de personnes? On raconte cette histoire qui s'est déroulé dans la brasserie du grand père Kadji Defosso. Quand le multimilliardaire originaire du Haut-Nkam, maire Rdpc de Bana entre dans la brasserie, il constate que les machines sont à l'arrêt. Il demande ce qui se passe, on lui répond qu'il y a coupure de courant, à cette réponse le vieux s'exclame et appelle un technicien et lui dit en substance «où avez-vous mis le courant que je viens d'acheter, est-ce que vous avez regardé s'il n'y a rien dans le magasin?» Le vieux n'avait pas compris qu'il y avait tout simplement coupure d'électricité, que ce n'était pas un problème de fils électriques.
Il y a Jean Bernard Ndongo Essomba, président du Groupe parlementaire Rdpc à l'Assemblée nationale. Cet homme n'est pas allé bien loin dans les études dans sa Lékié natale. Il a commencé par faire le coxage du cacao avant de monter progressivement en puissance dans les affaires jusqu'à devenir ce qu'il est aujourd'hui, un puissant homme d'affaires, milliardaire de son état qui a investi dans plusieurs secteurs, actionnaire de Chococam. Ce n'est pas seulement au Cameroun qu'on trouve des gens n'ayant pas fait de longues études mais qui ont réussi dans les affaires. On peut citer en France l'exemple de plusieurs personnes dont Pierre Castel, le propriétaire des Brasseries du Cameroun, un multimilliardaire parti de rien... Cet homme a arrêté les études au cours élémentaire. Déjà à l'école primaire où il n'était pas dans son élément, il vendait déjà à ses camarades de classe, des bonbons et bien d'autres choses. Aujourd'hui, il possède un grand nombre de brasseries sur toute la côte occidentale de l'Afrique.
III- L’Echec des longs crayons?
Ceux qui ont fait des études universitaires, surtout dans la science économique, la finance pensent qu'ils ont un plus par rapport à ceux qui n'ont pas étudié ces disciplines. C’est vrai mais également -faux. Car il faut marquer une distinction entre créer une affaire, une entreprise et occuper un poste ou travailler comme cadre dans une entreprise créée par une autre personne ou une société d'Etat. En effet, nous constatons que les Victor Fotso et autres n'ont pas eu besoin d'avoir des diplômes du secondaires ou universitaires pour se lancer dans les affaires, créer leur entreprise.
Généralement, ce qui se passe c'est que ceux qui ont fait des études universitaires s'accordent un long moment de réflexion avant de se jeter à l'eau. Ils hésitent beaucoup, veulent avoir le maximum d'argent, s'entourent de toutes sortes de précautions, font parfois des études de marché avant de se lancer. Celui qui n'est pas allé loin dans ses études ne s'embarrasse parfois pas de toutes ses précautions. Une fois qu'il a réuni son pécule et arrêté un jour, il se jette à l'eau. Bien entendu, le taux d'échec est bien élevé parmi ceux qui se lancent dans les affaires sans avoir fait des études secondaires ou supérieures. Il peut même être supérieur à celui des diplômes de l'enseignement supérieur puisqu'ils sont les plus nombreux à se lancer dans les affaires.
Toutefois, tout n'est pas noir chez les longs crayons. Nous connaissons de très belles réussites en leur sein, soit à partir des affaires que les parents ont laissées et qu'ils ont développées soit à partir de ce qu'ils ont créé de leurs propres mains. Les Fadil par exemple ont conservé et développé ce que leur père a laissé, à tel point qu'aujourd'hui au Cameroun c'est un Groupe qui pèse, compte sur l'échiquier national.