SECTES ET MOEURS: Ces francs-maçons présumés qui nous gouvernent
YAOUNDE - 04 OCT. 2012
© Thierry Djoussi | La Météo
Sur la foi d'une enquête publiée par l'essayiste Charles Ateba Eyene, La Météo donne à lire à ses lecteurs les noms des francs-maçons qui tiendraient la République sous leur coupe.
© Thierry Djoussi | La Météo
Sur la foi d'une enquête publiée par l'essayiste Charles Ateba Eyene, La Météo donne à lire à ses lecteurs les noms des francs-maçons qui tiendraient la République sous leur coupe.
Comment devient-on «quelqu'un» au
Cameroun? Par le travail et la foi, diront des parents à leurs enfants.
Charles Ateba Eyene n'y croit que dalle. Pour cet écrivain aussi prolixe
que grande gueule, l'ascenseur social à un nom au Cameroun:
Franc-maçonnerie. Pince sans rire, ce membre suppléant désigné du comité
central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc)
parti au pouvoir a commis tout un livre (381 pages) pour marteler sa
conviction. «Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du
magico-anal et des réseaux mafieux -De véritables freins contre
l'émergence en 2035 -(La logique au cœur de la performance» est le
titre de l'œuvre, parue en septembre dernier aux éditions Saint-Paul de
Yaoundé, qui défraie la chronique tant par sa crudité que par ses
quelques légèretés.
La nomination aux postes de responsabilité est, sous plusieurs cieux, un acte discrétionnaire de la plus haute autorité de l'Etat. Mais au Cameroun «certaines nominations laissent perplexe», écrit Charles Ateba Eyene à la page 79. «Vous pouvez remplir toutes les autres conditions: niveau d'études, appartenance au Rdpc, être de parents fidèles au régime, soutenir les idéaux promus parle chef de l'Etat... mais si vous n'êtes pas un frater ou un templier, vos chances de nomination à un poste important s'estompent», affirme-t-il noir sur blanc.
La confiance avant le talent.
«Chez nous, on ne promeut que les hommes de confiance», se désole l'écrivain. Ce sentiment est d'ailleurs la chose la mieux partagée dans les milieux estudiantins. A quoi donc tient cette confiance, ce précieux sésame pour l'emploi ou la carrière au Cameroun? En vérité, dans le langage franc-maçon une personne de confiance est une personne qui a fait allégeance à la loge, jurant par ce pacte de mettre les intérêts des «fraters» devant l'intérêt général. Sans nul doute que les esprits faibles, les carriéristes sans génie ne se font pas prier pour souscrire à ces pactes anti-républicains. «(Ce sont) ces gens sans talent [qui] sont propulsés à des postes de travail stratégiques et passent le temps à jouer aux courtisans en faisant l'éloge du président, surtout des parrains», observe l'auteur. Conséquence de ces promotions à tête chercheuse: le Cameroun est gouverné parla médiocrité régnante, qui chaque jour qui passe le tire un peu plus vers le bas. Emergence en 2035, un mensonge d'Etat? Il y a lieu de le craindre si jamais l'on ne régénère nos pensées, nos critères de nomination et n'épousons les exigences de la gouvernante moderne. Charles Ateba Eyene est de cet avis. Mais au fait, la franc-maçonnerie ne produit-elle que du mauvais? Que non!
Des bâtisseurs d'antan
L'Amérique doit à ses francs-maçons historiquement célèbres sa puissance économique, sa domination culturelle et la suprématie (quoiqu'aujourd'hui sérieusement concurrencée parla Chine) technologique. Georges Washington, Théodore Roosevelt, Benjamin Franklin furent d'obédience maçonnique et ne s'en cachaient guère. Leur intelligence, leur force et leur abnégation ont été mises au service de la splendeur des Etats-Unis d'Amérique, leur pays. Idem dans les grandes démocraties européennes où le nom franc-maçonnerie est associé dans l'imagerie populaire aux bâtisseurs de grands édifices publics, de châteaux, de ponts, de routes, etc.
Celle bonne réputation contraste avec celle que renvoient les francs-maçons notoires et la franc-maçonnerie au Cameroun. Qu'est-ce qui explique cette dégénérescence? Ateba Eyene, dans son livre sus évoqué, y va de son explication : «L'une des raisons pour lesquelles les loges camerounaises ne produisent pas la lumière est que les gens qui y entrent ne le font vraiment pas par conviction, mais par simple calcul. Depuis que les Camerounais ont intégré que la promotion socioprofessionnelle dans notre pays passe désormais par les loges, tous y vont pour être nommés, gagner les marchés publics ou bénéficier d'autres équipements du pouvoir an nom de la solidarité des loges.» Et l'auteur des «Paradoxes du pays organisateur» de s'indigner qu'«au lieu d'être des symboles de l'excellence et de la compétence, les loges au Cameroun ressemblent à des réceptacles qui reçoivent le tout-venant de la société».
Toujours en termes d'image dégradée, la franc-maçonnerie (la Rose-croix aussi) est considérée comme le sanctuaire de l'homosexualité au Cameroun. «Cette pratique devient la condition pour une ascension professionnelle», commente l'écrivain faisant ainsi chorus avec l'opinion générale.
Répertoire maçonnique.
La liste des francs-maçons présumés du Cameroun publiée dans l'ouvrage «Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du magico-anal et des réseaux...» ne cherche à incriminer quiconque, précise son auteur. Lequel s'en explique en ces termes «...nous connaissions particulièrement certaines personnes dont les noms figurent dans la liste. Nous pouvons citer à cet effet Massi Gam's, le président de la Conac et René Sadi. C'est pour nous des cas surprenants, car dans nos entretiens réguliers, ils ne nous ont jamais donné l'impression de cautionner les pratiques liées aux sectes et aux loges». Soit.
Cependant cette liste tirée, il faut le dire, du journal L'Indic ne répond-elle pas à un agenda secret qui consiste à affubler tout le gotha politique de l'étiquette «franc-maçon»? Le cas de Madeleine Tchuinte, ministre de la Recherche scientifique et de l'Innovation, dont le nom s'y trouve est à ce point illustratif. Interrogé par nos confrères sur les preuves de l'appartenance de l'ancienne députée (qui dément avec énergie) à quelque loge maçonnique que ce soit, Charles Ateba Eyene a donné une réponse qui laisse tout observateur neutre sur sa soif : «C'est dommage qu'au Cameroun, les gens n'assument pas leurs orientations spirituelles. La franc-maçonnerie n'est pas une injure ou une moquerie. En Occident et au Etats-Unis où on fait la vraie maçonnerie et la vraie Rose-Croix, personne ne se cache». Où ont les preuves? avait demandé un célèbre contemporain...
La nomination aux postes de responsabilité est, sous plusieurs cieux, un acte discrétionnaire de la plus haute autorité de l'Etat. Mais au Cameroun «certaines nominations laissent perplexe», écrit Charles Ateba Eyene à la page 79. «Vous pouvez remplir toutes les autres conditions: niveau d'études, appartenance au Rdpc, être de parents fidèles au régime, soutenir les idéaux promus parle chef de l'Etat... mais si vous n'êtes pas un frater ou un templier, vos chances de nomination à un poste important s'estompent», affirme-t-il noir sur blanc.
La confiance avant le talent.
«Chez nous, on ne promeut que les hommes de confiance», se désole l'écrivain. Ce sentiment est d'ailleurs la chose la mieux partagée dans les milieux estudiantins. A quoi donc tient cette confiance, ce précieux sésame pour l'emploi ou la carrière au Cameroun? En vérité, dans le langage franc-maçon une personne de confiance est une personne qui a fait allégeance à la loge, jurant par ce pacte de mettre les intérêts des «fraters» devant l'intérêt général. Sans nul doute que les esprits faibles, les carriéristes sans génie ne se font pas prier pour souscrire à ces pactes anti-républicains. «(Ce sont) ces gens sans talent [qui] sont propulsés à des postes de travail stratégiques et passent le temps à jouer aux courtisans en faisant l'éloge du président, surtout des parrains», observe l'auteur. Conséquence de ces promotions à tête chercheuse: le Cameroun est gouverné parla médiocrité régnante, qui chaque jour qui passe le tire un peu plus vers le bas. Emergence en 2035, un mensonge d'Etat? Il y a lieu de le craindre si jamais l'on ne régénère nos pensées, nos critères de nomination et n'épousons les exigences de la gouvernante moderne. Charles Ateba Eyene est de cet avis. Mais au fait, la franc-maçonnerie ne produit-elle que du mauvais? Que non!
Des bâtisseurs d'antan
L'Amérique doit à ses francs-maçons historiquement célèbres sa puissance économique, sa domination culturelle et la suprématie (quoiqu'aujourd'hui sérieusement concurrencée parla Chine) technologique. Georges Washington, Théodore Roosevelt, Benjamin Franklin furent d'obédience maçonnique et ne s'en cachaient guère. Leur intelligence, leur force et leur abnégation ont été mises au service de la splendeur des Etats-Unis d'Amérique, leur pays. Idem dans les grandes démocraties européennes où le nom franc-maçonnerie est associé dans l'imagerie populaire aux bâtisseurs de grands édifices publics, de châteaux, de ponts, de routes, etc.
Celle bonne réputation contraste avec celle que renvoient les francs-maçons notoires et la franc-maçonnerie au Cameroun. Qu'est-ce qui explique cette dégénérescence? Ateba Eyene, dans son livre sus évoqué, y va de son explication : «L'une des raisons pour lesquelles les loges camerounaises ne produisent pas la lumière est que les gens qui y entrent ne le font vraiment pas par conviction, mais par simple calcul. Depuis que les Camerounais ont intégré que la promotion socioprofessionnelle dans notre pays passe désormais par les loges, tous y vont pour être nommés, gagner les marchés publics ou bénéficier d'autres équipements du pouvoir an nom de la solidarité des loges.» Et l'auteur des «Paradoxes du pays organisateur» de s'indigner qu'«au lieu d'être des symboles de l'excellence et de la compétence, les loges au Cameroun ressemblent à des réceptacles qui reçoivent le tout-venant de la société».
Toujours en termes d'image dégradée, la franc-maçonnerie (la Rose-croix aussi) est considérée comme le sanctuaire de l'homosexualité au Cameroun. «Cette pratique devient la condition pour une ascension professionnelle», commente l'écrivain faisant ainsi chorus avec l'opinion générale.
Répertoire maçonnique.
La liste des francs-maçons présumés du Cameroun publiée dans l'ouvrage «Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du magico-anal et des réseaux...» ne cherche à incriminer quiconque, précise son auteur. Lequel s'en explique en ces termes «...nous connaissions particulièrement certaines personnes dont les noms figurent dans la liste. Nous pouvons citer à cet effet Massi Gam's, le président de la Conac et René Sadi. C'est pour nous des cas surprenants, car dans nos entretiens réguliers, ils ne nous ont jamais donné l'impression de cautionner les pratiques liées aux sectes et aux loges». Soit.
Cependant cette liste tirée, il faut le dire, du journal L'Indic ne répond-elle pas à un agenda secret qui consiste à affubler tout le gotha politique de l'étiquette «franc-maçon»? Le cas de Madeleine Tchuinte, ministre de la Recherche scientifique et de l'Innovation, dont le nom s'y trouve est à ce point illustratif. Interrogé par nos confrères sur les preuves de l'appartenance de l'ancienne députée (qui dément avec énergie) à quelque loge maçonnique que ce soit, Charles Ateba Eyene a donné une réponse qui laisse tout observateur neutre sur sa soif : «C'est dommage qu'au Cameroun, les gens n'assument pas leurs orientations spirituelles. La franc-maçonnerie n'est pas une injure ou une moquerie. En Occident et au Etats-Unis où on fait la vraie maçonnerie et la vraie Rose-Croix, personne ne se cache». Où ont les preuves? avait demandé un célèbre contemporain...