Scandale: L’affaire Issa Hayatou
DOUALA - 01 DEC. 2010
© Lindovi Ndjio | La Nouvelle Expression
Après le journal anglais Sunday Times, la Bbc qui vient de mettre à nu des actes de corruption compromettants pour des officiels de la Fifa et de la Caf. La réaction d’Abel Mbengue.
Ce lundi 30 novembre 2010, la British broadcasting corporation (Bbc) a diffusé dans son programme intitulé Panorama, un documentaire qui révèle un scandale de corruption, faisant état de versements secrets de quelques 100 millions de dollars à de hauts responsables de la Fédération internationale de football association (Fifa). Quatre personnalités membres du comité exécutif de l’instance faîtière du football mondial.
D’après Panorama, trois de ces officiels sont impliqués dans une affaire de pots-de-vin. Ce sont Ricardo Teixeira, président du football brésilien, Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football (Caf) et le Paraguayen Nicolas Leoz, président de la confédération sud-américaine. D’après Panorama, tous les trois ont reçu des versements de la société de marketing sportif International Sports and Leisure (Isl), en échange de droits commerciaux exclusifs pour différentes coupes du monde. Pour étayer ses dénonciations, Andrew Jennings, le journaliste de la Bbc, s’est procuré un document de cette la Isl qui détaille 175 versements effectués entre 1989 et 1999, allant jusqu’à 100 millions de dollars payés à des membres de la Fifa tapis dans l’ombre de sociétés écran au Lichtenstein.
En plus de ces trois, Panorama ajoute un quatrième : Jack Warner, le vice-président de la Fifa, déjà accusé d’avoir vendu des billets au marché noir pour la Coupe du monde 2006 et aujourd’hui mis en cause pour avoir tenté d’aider des revendeurs à obtenir des billets pour le mondial 2010.
Ce n’est pas un fait nouveau à la Fifa. Il y a à peine un mois, un autre journal anglais avait déjà dénoncé des actes de corruption au sein de la Fifa, mettant en cause d’autres membres non moins influents de la Fifa. En octobre, le Sunday times révélait des actes de corruption dans le cadre de l’organisation des coupes du monde 2018 et 2022, impliquant six membres du comité exécutif de la Fifa. Il s’agit du Tahitien Reynald Temarii, vice-président de la Fifa, du Tunisien Slim Aloulou, président de la Chambre de Résolution des Litiges de la Fifa et membre de la Commission du Statut du Joueur de la Fifa, Ahongalu Fusimalohi, secrétaire général de la Fédération Tongienne de Football, le Malien Amadou Diakité, membre de la Commission des Arbitres de la Fifa, le Botswanais Ismael Bhamjee, membre d’honneur de la Caf et le Nigérian Amos Adamu, membre du Comité Exécutif de la Fifa.
Le Cio veut voir clair
Le quotidien avait accusé ces personnalités d’avoir voulu vendre leurs voix contre de fortes sommes d’argent, aux pays candidats à l’organisation des deux coupes du monde en question. Notamment 1,6 million d’euros pour Reynald Temarii, et 570 000 euros pour le Nigérian Adamu. Des dénonciations que le président de la Fifa avait prises très au sérieux et avait alors ouvert une enquête le 17 octobre 2010. Laquelle avait abouti un mois plus tard à des suspensions. Ismael Bhamjee, quatre ans, Amadou Diakité, trois ans, et Amos Adamu, trois ans également, ont été sanctionnés avec une plus grande sévérité. Ils devront également s’acquitter d’une amende de 10 000 francs suisses (7 400 euros/4,8 millions de francs Cfa).
Cette fois-ci, selon Bbc, la Fifa fait la sourde oreille sur cette autre affaire qu’elle estime close, tant dans un rapport, elle estime que les événements en question d’avant 2000. Arguant que le 26 juin 2008, la cour criminelle de Zug, avait rendu un verdict ne condamnant aucun de ses fonctionnaires impliqués dans ces faits. Joint au téléphone par France 24, le président de la Caf reconnaît les versements, mais «pas l’objet» qui n’était autre que «une aide à l’occasion du quarantième anniversaire de notre confédération», a-t-il dit.
En attendant, le Comité international olympique (Cio) en est intéressé : «le Cio a pris note des allégations faites par Panorama de Bbc et demandera aux producteurs du programme de transmettre n’importe quelle preuve qu’ils auraient, aux autorités compétentes». Avant d’indiquer que «le Cio a une tolérance nulle contre la corruption et se référera en la matière à sa Commission d’éthique».
Les dénonciations surviennent soixante douze heures avant le vote qui désignera les organisateurs des coupes du monde 2018 et 2022. Alors que la Grande Bretagne est candidate pour 2018. Du coup, des observateurs doutent que cela ait un impact sur la candidature du pays de Sa majesté britannique. D’après le site internet d’Afrique foot, Andy Anson qui dirige la candidature anglaise pour la Coupe du monde 2018, a «déclaré ‘’anti-patriotique’’ la décision de la Bbc de programmer le documentaire à trois jours du scrutin de la Fifa».
Lindovi Ndjio
Réaction: Abel Mbengue, coordonnateur du bureau de la Caf de Yaoundé: «C’est grotesque et malsain»
Comment accueillez-vous cette nouvelle mettant en cause le président de la Caf dans une affaire de corruption ?
Ce n’est pas une nouvelle parce qu’une nouvelle est proche de la vérité. Je dirais une information qui est grotesque en ce qui concerne le personnage mis en évidence et la structure, la Confédération africaine de football. Grotesque aussi parce que c’est malsain qu’à 24heures d’une désignation qui n’est pas la première du genre que des gens perdent la raison. Nous n’avons pas l’habitude de donner un crédit quelconque à ce genre de rumeur. Le calme toujours imperturbable de la Caf reste et demeure ainsi que sa sérénité devant ce genre de démarche malsaine et grotesque pour déstabiliser une structure qui a fait ses preuves.
Il y a ce communiqué de la Fifa qui parle d’affaire close et qu’il n y aurait pas eu de corruption
Il ne peut pas avoir eu de corruption parce qu’on ne corrompt pas Issa Hayatou, je vais vous dire pour quelles raisons. Lorsqu’en 2002, il se présente à l’élection pour la présidence de la Fifa, des manœuvres les plus sordides ont été engagées auprès du siège de la Caf pour déceler la moindre défaillance dans sa gestion. Rien de tout cela. Nous sommes en 2002 et à l’époque l’Afrique et les Africains sont traités comme des corrompus à part entière. Toutes les manœuvres du monde et auprès de l’entourage du président de la Caf pour déceler la moindre aiguille qui pique, la moindre défaillance.
Nous pensons qu’il s’agit de manœuvres pour déstabiliser le vote des Africains pour la désignation des pays candidats à l’organisation des mondiaux de 2018 et 2022. Sur quatre votants, un Africain a été suspendu comme vous le savez et il en reste trois. Donc, il faut déstabiliser une certaine solidarité, une certaine sérénité dans l’indépendance accordée par l’Afrique à ses représentants pour voter. Chacun est libre à la Caf de voter et c’est le principe sacré que le président de la Caf à impliquer à savoir qu’il ne faut pas violer les consciences. Et en observant, vous verrez que le vote du président de la Caf reste une énigme insaisissable. Hayatou est insaisissable par culture, par éducation et par tempérament.
Propos recueillis par François Xavier Eya
© Lindovi Ndjio | La Nouvelle Expression
Après le journal anglais Sunday Times, la Bbc qui vient de mettre à nu des actes de corruption compromettants pour des officiels de la Fifa et de la Caf. La réaction d’Abel Mbengue.
Ce lundi 30 novembre 2010, la British broadcasting corporation (Bbc) a diffusé dans son programme intitulé Panorama, un documentaire qui révèle un scandale de corruption, faisant état de versements secrets de quelques 100 millions de dollars à de hauts responsables de la Fédération internationale de football association (Fifa). Quatre personnalités membres du comité exécutif de l’instance faîtière du football mondial.
D’après Panorama, trois de ces officiels sont impliqués dans une affaire de pots-de-vin. Ce sont Ricardo Teixeira, président du football brésilien, Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football (Caf) et le Paraguayen Nicolas Leoz, président de la confédération sud-américaine. D’après Panorama, tous les trois ont reçu des versements de la société de marketing sportif International Sports and Leisure (Isl), en échange de droits commerciaux exclusifs pour différentes coupes du monde. Pour étayer ses dénonciations, Andrew Jennings, le journaliste de la Bbc, s’est procuré un document de cette la Isl qui détaille 175 versements effectués entre 1989 et 1999, allant jusqu’à 100 millions de dollars payés à des membres de la Fifa tapis dans l’ombre de sociétés écran au Lichtenstein.
En plus de ces trois, Panorama ajoute un quatrième : Jack Warner, le vice-président de la Fifa, déjà accusé d’avoir vendu des billets au marché noir pour la Coupe du monde 2006 et aujourd’hui mis en cause pour avoir tenté d’aider des revendeurs à obtenir des billets pour le mondial 2010.
Ce n’est pas un fait nouveau à la Fifa. Il y a à peine un mois, un autre journal anglais avait déjà dénoncé des actes de corruption au sein de la Fifa, mettant en cause d’autres membres non moins influents de la Fifa. En octobre, le Sunday times révélait des actes de corruption dans le cadre de l’organisation des coupes du monde 2018 et 2022, impliquant six membres du comité exécutif de la Fifa. Il s’agit du Tahitien Reynald Temarii, vice-président de la Fifa, du Tunisien Slim Aloulou, président de la Chambre de Résolution des Litiges de la Fifa et membre de la Commission du Statut du Joueur de la Fifa, Ahongalu Fusimalohi, secrétaire général de la Fédération Tongienne de Football, le Malien Amadou Diakité, membre de la Commission des Arbitres de la Fifa, le Botswanais Ismael Bhamjee, membre d’honneur de la Caf et le Nigérian Amos Adamu, membre du Comité Exécutif de la Fifa.
Le Cio veut voir clair
Le quotidien avait accusé ces personnalités d’avoir voulu vendre leurs voix contre de fortes sommes d’argent, aux pays candidats à l’organisation des deux coupes du monde en question. Notamment 1,6 million d’euros pour Reynald Temarii, et 570 000 euros pour le Nigérian Adamu. Des dénonciations que le président de la Fifa avait prises très au sérieux et avait alors ouvert une enquête le 17 octobre 2010. Laquelle avait abouti un mois plus tard à des suspensions. Ismael Bhamjee, quatre ans, Amadou Diakité, trois ans, et Amos Adamu, trois ans également, ont été sanctionnés avec une plus grande sévérité. Ils devront également s’acquitter d’une amende de 10 000 francs suisses (7 400 euros/4,8 millions de francs Cfa).
Cette fois-ci, selon Bbc, la Fifa fait la sourde oreille sur cette autre affaire qu’elle estime close, tant dans un rapport, elle estime que les événements en question d’avant 2000. Arguant que le 26 juin 2008, la cour criminelle de Zug, avait rendu un verdict ne condamnant aucun de ses fonctionnaires impliqués dans ces faits. Joint au téléphone par France 24, le président de la Caf reconnaît les versements, mais «pas l’objet» qui n’était autre que «une aide à l’occasion du quarantième anniversaire de notre confédération», a-t-il dit.
En attendant, le Comité international olympique (Cio) en est intéressé : «le Cio a pris note des allégations faites par Panorama de Bbc et demandera aux producteurs du programme de transmettre n’importe quelle preuve qu’ils auraient, aux autorités compétentes». Avant d’indiquer que «le Cio a une tolérance nulle contre la corruption et se référera en la matière à sa Commission d’éthique».
Les dénonciations surviennent soixante douze heures avant le vote qui désignera les organisateurs des coupes du monde 2018 et 2022. Alors que la Grande Bretagne est candidate pour 2018. Du coup, des observateurs doutent que cela ait un impact sur la candidature du pays de Sa majesté britannique. D’après le site internet d’Afrique foot, Andy Anson qui dirige la candidature anglaise pour la Coupe du monde 2018, a «déclaré ‘’anti-patriotique’’ la décision de la Bbc de programmer le documentaire à trois jours du scrutin de la Fifa».
Lindovi Ndjio
Réaction: Abel Mbengue, coordonnateur du bureau de la Caf de Yaoundé: «C’est grotesque et malsain»
Comment accueillez-vous cette nouvelle mettant en cause le président de la Caf dans une affaire de corruption ?
Ce n’est pas une nouvelle parce qu’une nouvelle est proche de la vérité. Je dirais une information qui est grotesque en ce qui concerne le personnage mis en évidence et la structure, la Confédération africaine de football. Grotesque aussi parce que c’est malsain qu’à 24heures d’une désignation qui n’est pas la première du genre que des gens perdent la raison. Nous n’avons pas l’habitude de donner un crédit quelconque à ce genre de rumeur. Le calme toujours imperturbable de la Caf reste et demeure ainsi que sa sérénité devant ce genre de démarche malsaine et grotesque pour déstabiliser une structure qui a fait ses preuves.
Il y a ce communiqué de la Fifa qui parle d’affaire close et qu’il n y aurait pas eu de corruption
Il ne peut pas avoir eu de corruption parce qu’on ne corrompt pas Issa Hayatou, je vais vous dire pour quelles raisons. Lorsqu’en 2002, il se présente à l’élection pour la présidence de la Fifa, des manœuvres les plus sordides ont été engagées auprès du siège de la Caf pour déceler la moindre défaillance dans sa gestion. Rien de tout cela. Nous sommes en 2002 et à l’époque l’Afrique et les Africains sont traités comme des corrompus à part entière. Toutes les manœuvres du monde et auprès de l’entourage du président de la Caf pour déceler la moindre aiguille qui pique, la moindre défaillance.
Nous pensons qu’il s’agit de manœuvres pour déstabiliser le vote des Africains pour la désignation des pays candidats à l’organisation des mondiaux de 2018 et 2022. Sur quatre votants, un Africain a été suspendu comme vous le savez et il en reste trois. Donc, il faut déstabiliser une certaine solidarité, une certaine sérénité dans l’indépendance accordée par l’Afrique à ses représentants pour voter. Chacun est libre à la Caf de voter et c’est le principe sacré que le président de la Caf à impliquer à savoir qu’il ne faut pas violer les consciences. Et en observant, vous verrez que le vote du président de la Caf reste une énigme insaisissable. Hayatou est insaisissable par culture, par éducation et par tempérament.
Propos recueillis par François Xavier Eya