Sarkozy en conseil des Ministres : "C'est Marine Le Pen qui m'a fait battre"
Publié le 09/05/2012 à 16h33 | Mise à jour : 09/05/2012 à 17h06
Par Dominique de Laage
Voici les propos qu'a tenus Nicolas Sarkozy ce mercredi à ses ministres à l'issue de son ultime conseil. Il revient sur les résultats de la présidentielle, son bilan, son avenir
Nicolas Sarkozy (AFP PHILIPPE WOJAZER)
Voici les propos qu'a tenus Nicolas Sarkozy ce matin à ses ministres à l'issue de son dernier conseil. Il s'est exprimé après Claude Guéant et François Fillon. Juste avant de signer quelques autographes sur les cartons nominatifs de ses ministres en guise de souvenirs. Et avant de les convier à un apéritif.
- "J'ai connu davantage de défaites que de victoires dans ma vie politique"
"Ce n'est pas un jour triste. Nous avons un devoir de reconnaissance et de cohérence vis-à-vis des Français. De manière générale, en politique, on est toujours trop heureux dans la victoire et trop triste dans la défaite. Les Français ne nous donnent que des baux à durée limitée. Quand on aime la politique, il faut l'aimer dans ses bons et ses mauvais moments. Personnellement, j'ai connu davantage de défaites que de victoires dans ma vie politique. C'est la raison pour laquelle je prends les choses avec sérénité."
- "Il ne nous a manqué que 600 000 voix"
"D'autant que cette défaite ne handicape pas l'avenir. Finalement, il ne nous a manqué que 600 000 voix. Arriver à 48,4% avec toutes les forces que nous avions contre nous, c'est un très beau score. Et cela m'amène à en tirer l'enseignement que nos électeurs ont été plus engagés, plus sincères que certains d'entre nous, pourtant professionnels de la politique. Les Français, rien ne les décourage. Même quand les sondages nous laissaient loin derrière, ils nous ont suivi. Je suis déçu de ne pas leur avoir donné cette victoire. Mais ce n'est pas pour cela qu'il faut céder sur nos convictions. C'est Marine Le Pen qui m'a fait battre, bien plus que François Bayrou. Mais je vous demande de ne rien lâcher vis-à-vis du FN. On gagne toujours à être digne. Restez toujours ouverts et tolérants. Mieux vaut être trahi par des gens en qui on a confiance que de trahir des gens qui vous font confiance. La France est un pays éruptif."
- "Fier de notre bilan...La critique viendra"
"Souhaitons que nos successeurs à la tête de la France auront les succès que les Français et la France méritent. Le sel de la vie, c'est de savoir qu'on va mourir. Le sel de la politique, c'est qu'on vit. Après 35 ans de vie politique, une autre époque s'ouvre pour moi. Je voudrais remercier chaleureusement François Fillon. Malgré tout ce qui a été dit, rares sont les couples en politique à s'être entendus comme nous deux. Bien sûr, nous sommes différents. Mais je suis très fier de notre bilan et notamment des réformes faites sans que la France ne connaisse la moindre violence en cinq ans. La critique viendra. Je vous demande de défendre notre bilan. Battez-vous le plus possible."
- "Je n'ai pas voulu faire comme Lionel Jospin"
"Et surtout, maintenant, occupez-vous de vos familles. Vous et moi les avons fait souffrir. Nous avons au moins eu les avantages de l'action quand nos proches n'en ont eu que les inconvénients. Donc, occupez-vous d'eux. A la place ou je serai, je continuerai à vous aider. J'accepte cette nouvelle vie. C'est du jour où l'on n'accepte plus le changement qu'on a vieilli. Moi, je me sens toujours jeune. Je n'ai pas voulu faire comme Lionel Jospin, dire que je me retirai de manière abrupte. Loin de moi l'idée de le critiquer. Mais j'aurais eu peur que vous pensiez que vous ne comptiez plus pour moi. Or je demeure proche de vous."