Le mot d’ordre d’arrêt de travail a été observé, hier lundi, au Centre hospitalier universitaire et à l’hôpital central de Yaoundé.
Sur le portail de l’hôpital central de Yaoundé (Hcy), l’écriteau «nous ne sommes plus au niveau du directeur», met le passant au parfum de ce qui peut être l’ambiance à l’intérieur. Les femmes en blouses blanches assises à même le sol, donnent le ton de leurs réclamations à coups de sifflets. La présence de leurs collègues et des patients curieux les galvanisent davantage «nous souffrons, on se nourrit des avocats et de la banane», ironise une infirmière, une autre d’ajouter «nous irons jusqu'au bout».
Toutes ces plaintes sont détaillées à souhait sur les multiples affiches qui sont déployées «stop au détournement des malades», «l’amendement des statuts particuliers des corps des fonctionnaires de santé», «où sont les primes des contractuels, bulletin de solde nul», «nous en avons marre de la maltraitance merci de nous écouter», «après Dieu c’est qui? Pourquoi nous négliger?».
Les revendications du personnel médical sont regroupées en huit points dont les plus cruciaux sont la prise en charge gratuite des personnels de santé malade et de leur famille nucléaire et l’amendement du statut particulier des corps des fonctionnaires de la santé publique.«Je suis du personnel médical mais je dois payer mes soins et ceux de ma famille au même titre qu’un patient ordinaire», regrette une gréviste. Pour ce qui est de la directrice, Bella Assoumpta, c’est bouche cousue «elle a demandé qu’on ferme le portail afin que les médias ne soient pas alertés», explique une infirmière. Du côté du centre hospitalier et universitaire de Yaoundé (Chuy), se sont les hommes en grande majorité qui mène la cadence.
Cependant, les revendications vont dans le même sens. «Le statut a été adopté et enregistré aux greffes en janvier 2008 par le conseil d’administration, il n’a même pas été appliqué qu’on envisage déjà de le réviser», affirme le vice président du syndicat national des personnels des établissements du secteur de la santé du Cameroun (Synpems), Balla Clément. Entre autres ils se plaignent du traitement du personnel à deux mesures «certains bénéficient déjà des avantages liés au statuts et d’autres pas.
Dans le même sillage, en avril 2011, le ministre de la santé publique, André Mama Fouda invite les responsables du Chu «à bien vouloir examiner avec grand attention cette situation dans le sens de l’exécution des résolutions des sessions sociales des 1er mars 2007 et 9 février 2011 qui n’ont pas toutes été suivies d’effet». Suite à la grève du 5 mars dernier, à l’Hcy le ministre de la santé publique avait recommandé, lors d’une réunion, que le personnel soit pris en charge gratuitement.
Mais jusqu’à ce jour, ces consignes n’ont pas été appliquées par la directrice. Toutes les recommandations ainsi édictées par la hiérarchie sont restées lettre morte. Tout comme le mot d’ordre de dialogue prôné ce week-end par le Minsanté dans un communiqué rendu public et destiné à désamorcer la grève. Le ministre Mama Fouda n’a pas été entendu. Même si le slogan des grévistes du Chu dit : «on ne désavoue pas le chef de l’Etat». De plus, le président de la représentation syndicale, M. Awona Essomba, et d’autres personnels font l’objet de poursuites judiciaires diligentées par le directeur du Chu, Maurice Nkam, depuis mars dernier.