Saif e(s)t sauf...
Qu’il est doux de se faire bercer, deux fois par jour sept jours sur sept, par les contes à dormir debout de nos médiamenteurs incompétents et pathétiques. Une nouvelle fois, cela devient à l’évidence une habitude, la presse possédée par les membres de l’oligarchie financière ploutocrate qui se partage pouvoir et l’argent a frappé.
Devant l’inefficacité des brigands du CNT, cautionnés moralement par le philosophe Bernard-Henri Lévy, Botul (photo) pour les intimes, à écarter du pouvoir Mouammar Kadhafi dans des délais politiquement acceptables, l’exécutif français a remis au gout du jour une technique perfectionnée par le nazisme et reprise ensuite par toutes les dictatures : l’intoxication médiatique.
Propagande, vous avez dit propagande?
Comme lors du précédent ivoirien, nos médiamenteurs
le doigt sur la couture, ont repris les éléments de langage accréditant
la version officielle, sans se donner la peine de faire leur travail,
c’est-à-dire en vérifier l’exactitude. Quitte à travestir les faits,
voire mentir, pourquoi se fatiguer à respecter le code de déontologie du
journaliste ? En matière de politique internationale, notamment dans le
cas de la Libye, l’information communiquée à la France d’en bas, relève
d’élucubrations les plus fantaisistes.
Nous avons fini par intégrer après moult explications que la France pays des droits de l’homme, était dirigée par une classe politique admirable et d’une rigueur morale à toute épreuve. C’est donc pour cela que nos gouvernants, en sus du fardeau constitué des menus problèmes des français (chômage, précarisation des classes moyennes etc…), étaient chargés de celui des pauvres gens qui, de par ce vaste monde, seraient sous le joug de dictateurs.
Ce conte inédit de Perrault, nous le connaissons aujourd’hui par
cœur, mais n’étant plus des enfants, nous savons aussi qu’il est
simplement le fruit de l’imagination débordante et du cynisme des gens
peu recommandables qui nous gouvernent. Nicolas Sarkozy et son cercle
rapproché qui entretenaient, il n’y a pas si longtemps, des rapports
très enrichissants avec le pouvoir libyen, connaissent les véritables
raisons de cette expédition guerrière (cf. les dernières révélations de Médiapart).
Petits mensonges entre amis...
Entre
nous, elles sont loin d’être avouables. Mais qu’importe, les relais
médiatiques en France sont à l’image de notre classe politique,
gauche-droite confondues, adeptes des fariboles et mensonges en tout
genre. Ainsi secondé, le pouvoir ne se gêne même plus pour affabuler,
plus c’est gros et plus ça passe!
Les médiamenteurs, se chargent par la suite de diffuser la parole corrompue. Entre dimanche 21 août et lundi 22 au soir, les informations en provenance de Libye ne recouvrent qu’une vérité : celle que veut imposer l’exécutif français. Il faut enrober la réalité, la rendre plus "sexy".
Rien que de très naturel, nous sommes en pré-campagne électorale et
Nicolas Sarkozy au fond du puits sans fond de l’impopularité a besoin
d’air. La «libération» de la Libye, elle, ne
servira nullement le peuple libyen. Les bénéficiaires nous les
connaissons, hormis notre président bien-aimé, ce sont les chefs de
brigands en babouches, défenseurs supposés de la démocratie, les
compagnies pétrolières et celles qui se verront accorder des contrats de
reconstruction, dans un pays soigneusement détruit par l’aviation de
l’OTAN et bien sur l’inutile BHL, qui pourra étaler sa suffisance et sa
vacuité triomphantes sur les plateaux télé et dans les dîners en ville.
Mais cette vérité pas assez bling-bling ne doit pas être mise en avant…
De la fiabilité des sources des médiamenteurs...
La
couverture de l’Opération sirène est un chef d’oeuvre de
désinformation. Tripoli contrôlée, Kadhafi en fuite, sa garde
présidentielle ayant fait défection, des scènes de joie dans les rues et
devant l’ambassade de Libye à Paris. Ces éléments repris par les
médiamenteurs, les maitres de l’axe du bien et le procureur de la CPI,
la marionnette Ocampo, résistent très peu à une analyse simplement
objective.
Dans une ville où des centaines de milliers de tripolitains manifestaient ostensiblement lors des interventions publiques de Mouammar Kadhafi, les rues étaient plus que clairsemées sur les images sensées décrire des scènes de liesse populaire à l’arrivée des Benghazi-boys. Mais nous sommes aujourd’hui rodés, les ivoiriens accueillant un autre démocrate imposé par la France, le préfet-sident Ouattara, avaient eux aussi fait montre d’une discrétion exemplaire, lorsqu’il fallut célébrer la victoire du candidat de la communauté internationale.
Ils avaient préféré se réjouir en privé, loin des caméras, écornant
par la même occasion l’image du nègre heureux, dansant et chantant. Le
ramadan, épuisant les corps, explique certainement la discrétion du
tripolitain… La reddition de la garde présidentielle, d’abord affirmée
au passé composé l’a ensuite été au conditionnel à présent il n’en est
plus fait mention.
Sous les applaudissements de la foule en délire...
Délirante
information que ce sujet passé en boucle sur I-Télé, dont l’absence de
professionnalisme n’est plus à prouver, qui présentait selon les dires
d’un journaliste au bord du délire, des dizaines de manifestants dansant
devant l’ambassade libyenne à Paris.
Comptant ces derniers, les chiffres de 9 ou dix excités relevés infirmaient le commentaire du journaliste-faussaire. A quand les reportages en motion capture et fond vert ?
Suivant James Cameron, les médiamenteurs nous proposerons bientôt un journal représentant le monde tel qu’ils souhaiteraient qu’il soit...
Dans la même veine, Kadhafi annoncé il y a quelques mois au Venezuela par des officiels anglais, serait selon nos médiamenteurs en fuite lundi 22 août, en partance pour le désert libyen, voire l’Algérie. Il n’en est rien, sa position est inconnue de tous, surtout de ceux qui cherchent à le liquider.
Mais le plus croustillant est à venir.
Le chef des brigands de Benghazi (le CNT), Moustapha Abdel Jalil, avait
annoncé sourire aux lèvres, la capture de Saif Al-Islam, fils de
Kadhafi, le lundi 22. Information reprise par les officiels français
anglais et certifiée par la marionnette de la CPI, la voix de ses
maitres, le guignol Ocampo.
Ô surprise! Celui-ci apparait au milieu
de la foule à Tripoli, visiblement en bonne santé faisant, le V de la
victoire dans la nuit de 22 au 23 août. (Saif al-Islam prenant un bain
de foule hier soir).
Big brother is teaching you…
On
ne peut penser aujourd’hui, à l’ère des technologies de communication
triomphantes, qu’il puisse s’agir d’une erreur. Ayant constaté à de
nombreuses reprises, notamment lors de la crise ivoirienne :
1-Que le pouvoir et les médiamenteurs de concert diffusaient sciemment de fausses informations chargées d’influencer les opinions publiques.
2- Qu’ils agissaient de façon coordonnées.
3-Qu’aucun démenti mea culpa ou rectificatif n’était présenté, y compris dans l’hypothèse où le bobard est éventé
4-Qu’il est quasi-impossible de défendre une autre version, même étayée, dans les médiamenteurs.
Nous sommes en droit de nous poser la question de savoir ou va notre démocratie, trahie par le pouvoir de la presse ?
Son degré de décomposition, tant du point de vue de ses institutions
taillées pour un dictateur éclairé et subtil (le Général De Gaulle), que
de celui de la pratique du pouvoir du fait des deux grands partis de
gouvernement (qui finalement ne s’affrontent que pour en jouir) couplée à
l’inexistence de contre-pouvoir ne peuvent qu'entrainer inquiétude et
interrogations.
Théorie du complot et manipulation théorisée...
S’il
ne s’agit pas pour nous de défendre le régime de Mouammar Kadhafi,
force est de constater que la théorie du complot, brandie ici ou là
lorsque la mise en doute de la doxa officielle se fait pressante, est le
seul argument invoqué lorsque l’accumulation d’éléments démontre la
confiscation du pouvoir par une élite possédante et les accointances de
celle-ci avec le pouvoir médiatique. Point n’est besoin d’appartenir à
une société secrète pour avoir un esprit de classe!
L’oligarchie financière et ceux qui bénéficient de ses largesses savent se serrer les coudes lorsqu’il s’agit de protéger le gâteau commun.
Les derniers développements de la propagande chargée de sanctifier l’action criminelle de la France en Libye est dans ce cadre sans équivoque. Nos médiamenteurs ont été peu diserts lors de la révélation, par une journaliste du Guardian, de la mort de civils libyens, notamment des enfants, tués dans leur sommeil par un missile français, porteur de valeurs et principes démocratiques on ne peut plus explosifs.
Le rappel du soutien à la politique de rapine du gouvernement,
émanant de Martine Aubry, est également révélateur. UMP et PS se
rejoignent sur l’essentiel. Identité de mœurs déliquescentes, identité
de politiques économique, sociale ou internationale. La différence est
qu’à l’UMP on a moins de scrupules...
Fait comme des rats...
Quelle
peut être alors la marge de manœuvre du citoyen, face à ce mur du
mensonge bâti, à l’instar du mur de Berlin, pour masquer la réalité ?
Glisser dans l’urne, de façon automatique et périodique, un bulletin de
vote sans valeur, est loin d’être suffisant. Alors que l’information
véritable, sans additif, est comme les produits bio, réservée à une
élite, le citoyen lambda est obligé de se farcir, à son corps défendant,
les exposés lobotomisant et mensongers des médias de masse. Cette
malbouffe informationnelle, entraînant douleurs et indigestions, se
caractérise par une incrédulité teintée de cynisme, de plus en plus
observable au sein de la population.
A force de mentir sur tout et tout le temps, les médias d’information
ont perdu tout crédit. Mais lorsque que plus rien n’est vrai, lorsque
plus personne ne peut ou ne veut informer honnêtement, chacun va faire
son marché où il peut et collecte toute sortes d’informations farfelues,
notamment sur la toile, renforçant ainsi l’atomisation de la nation.
Ceci conforte une société de contrat social à minima, où les graines
d’implosion germent et croissent avec vitalité.
Pour des lendemains qui déchantent...
Dans
l’immédiat, nos pensées accompagnent le peuple libyen qui, après avoir
enterré les victimes innocentes de cette énième manifestation de
l’impérialisme occidental, risque de passer d’un pouvoir autocratique à
une démocratie d’opérette.
Démocratie dans laquelle il aura le droit de surfer sur internet tout
son saoul, pendant que ses libérateurs étrangers le soulageront de son
pétrole et lui inculqueront les valeurs mortifères du capitalisme
financier...
Ahouansou Séyivé