Sacrifice suprême: Comment Pius N. Njawé a sauvé le forum de Washington
New-York - 26 Juillet 2010
© Célestin Ngoa Balla | Le Messager
Autant le dire donc, Pius N. Njawé aura joué un rôle primordial pour le succès de la convention de la diaspora du 10 juillet dernier à Washington..
Dans son édition du mardi 29 juin dernier, Le Messager signait sous la plume de son rédacteur en chef, Fréderic Boungou, un article intitulé « Présidentielle 2011 : un forum de la diaspora aux Etats-Unis pour chasser Biya d’Etoudi ». L’article en question annonçait en exclusivité cette convention organisée à Washington le 10 juillet 2010 par la Cameroon diaspora for change (CAMDIAC). A en croire tous les organisateurs de ce rendez-vous, « c’est grâce à cet article que les gens ont commencé à prendre très au sérieux cette convention ». Et finalement pas moins de 350 personnes vont prendre d’assaut la salle des conférences de Howard University à Washington D.c.
Comme s’il n’avait trop fait, le patron du journal Le messager attendra la veille de la convention pour rééditer sa « Lettre à la diaspora ». C’est en 2001 que Pius Njawé avait en effet publié cette lettre dans laquelle il appelait à la mobilisation des Camerounais vivant à l’étranger de se mobiliser pour un changement politique au Cameroun. « Dès que nous l’avons contacté, il s’est dit ravi de voir que longtemps après, des Camerounais ont finalement adhéré à son idée de fédérer les forces de la diaspora pour une alternance au sommet de l’Etat », dit Jean Bosco Tagne, l’ancien étudiant radié de toutes les Universités du Cameroun pour son activisme dans Le Parlement estudiantin qui fit rage à l’université de Yaoundé au début de la décennie 90. C’est au mois de mai que ce dernier dit avoir engagé les premiers contacts avec Pius Njawé.
Tous corrompus…
L’ancien « parlementaire » qui, depuis son exil à Boston revendique aujourd’hui les textes sur la reforme de l’université au Cameroun dit « connaître Njawé depuis l’époque des grèves universitaires de 90 ». Avant de se lancer au martelage médiatique, Pius N. Njawé, depuis le pays, aurait servi de relais aux hommes de la Camdiac pour convaincre des éminentes figures de l’opposition camerounaise à se rendre à la convention du 10 juillet à Washington. Il mène ces démarches durant les mois de mai et juin. Peut-être aurait-il totalement réussi si pour Ni John Fru Ndi et bien d’autres, on ne comprenait d’une mauvaise oreille de payer de sa propre poche le billet d’avion pour Washington.
Autant le dire donc, Pius N. Njawé aura joué un rôle primordial pour le succès de la convention de la diaspora du 10 juillet dernier à Washington. Mais pas seulement pour son martelage médiatique et les négociations qu’il mène auprès des leaders de l’opposition camerounaise. La présence du boss du journal Le Messager avait, en fait, pour les organisateurs de la convention, le poids de la cerise sur le gâteau. Le débarquement de Pius N. Njawé a fait à tous les observateurs oublier le « niet » de certaines de ces figures politiques que l’on croyait incontournables au Cameroun.
« C’était lui notre joker », révèle Jean Bosco Tagne qui est par ailleurs l’homme qui a mené les négociations pour convaincre Pius N. Njawé de faire le voyage de Washington. Les organisateurs de la convention jurent d’ailleurs avoir « tout fait pour assurer la venue de Pius Njawé ». En dehors de l’homme de presse de renom, Mboa Massok alias « le père des villes mortes » et Guerandi Mbara, l’un des cerveaux du putsch manqué du 6 avril 1984, constituaient les autres cartes les plus prisées par les organisateurs de la convention et bénéficiaient également du privilège de voir leur ticket d’avion pris en charge. C’est que, à en croire Howard Njeck parlant au nom des autres, à la Camdiac, on n’a « plus confiance en aucun des hommes politiques camerounais actuels pour apporter le changement dans le pays, car ils ont déjà tous été corrompus par Paul Biya ». Self-made man, ayant acquis la notoriété grâce à la presse combattante contre le régime de Paul Biya, Pius N. Njawé apparaissait aux yeux des hommes de la Camdiac comme un bon coup.
Bagarres internes
Pourtant de tous leurs invités, les hommes de la CAMDIAC disent avoir pensé à contacter Pius Njawé en dernier lieu. « Nous avons eu l’idée d’inviter d’abord nos leaders politiques pour voir comment la diaspora peut les aider pour qu’ils réussissent l’alternance en 2011. Nous avons invité Puis N. Njawé comme une figure qui mène la lutte pour la liberté d’expression », témoigne Dr Ade. Mais en signant une entrée en scène aussi musclée, Pius faisait plus que de contribuer au rayonnement de la convention du 10 juillet dernier à Washington. Par son acte, le patron de Le Messager contribuait à sauver de l’effacement la Camdiac qui pourtant est sorti des fonts baptismaux en janvier dernier comme organisation non gouvernementale reconnue par l’Etat du Maryland.
En effet, depuis sa création, la CAMDIAC vit des bagarres internes. Née de la volonté de certains responsables d’associations avec le défi de fédérer les milliers d’autres associations camerounaises qui existent sur le sol américain pour peser sur le destin politique du Cameroun, la CAMDIAC devient très tôt un terrain ou excellent les querelles entre « francophones et anglophones ». Ces querelles sont difficiles à éteindre d’autant plus que les membres de la CAMDIAC sont éparpillés sur l’ensemble du territoire américain et ne peuvent tenir des meetings que par « conference call », c’est-à-dire au téléphone, chacun devant partir de son coin. Le Dr Ade venu de Denver dans le Nevada ne cache pas d’ailleurs avoir « vu des yeux pour la première fois pendant la convention du 10 juillet certains de ces gens avec qui je tenais des meetings au téléphone ».
Soupçons
Comme si ce n’était pas assez, la désignation de Célestin Bedzigui comme chairman of Board directors de la CAMDIAC est venu jeter de l’huile sur le feu. L’ancien vice-président de l’UNDP est en effet tenu par certains comme un espion du régime de Yaoundé lâché en Amérique. Tandis que d’autres lui disent s’être compromis pendant les batailles politiques des années 90 et son passage aux Sacheries du Cameroun. Le pasteur Jonathan Awason qui vit dans le Minnesota, chef de file aux Usa du mouvement séparatiste du Cameroun anglophone (le SCNC, ndlr), est l’un de ceux qui défient ouvertement Célestin Bedzigui. Pour ne pas s’en tenir qu’aux mots, Mbame Nelson, un autre « père fondateurs » de la CAMDIAC, a crée une faction qu’il nomme…Camdiac Inc et qui se réclame de n’être pas un pion du pouvoir de Yaoundé.
Pour les supporters de Célestin Bedzigui comme Jean Bosco Tagne, l’ancien collaborateur de Bello Bouba est incontestablement la figure politique camerounaise la plus expérimentée et en vue de la diaspora en Amérique. Il balaie par ailleurs du revers de la main l’assertion selon laquelle Célestin Bedzigui qui vient d’obtenir l’asile politique et a créé son association Global democratic project joue les agents secrets de Biya. Alors, lorsque Célestin Bedzigui se pointe au siège de l’Onu le 15 mars dernier pour tendre une plainte contre Paul Biya qu’il accuse d’avoir ordonné le massacre des jeunes gens à Douala durant les émeutes de février 2008, le fait-il seulement pour convaincre ses détracteurs de la camdiac qu’il n’est pas un vendu ?
© Célestin Ngoa Balla | Le Messager
Autant le dire donc, Pius N. Njawé aura joué un rôle primordial pour le succès de la convention de la diaspora du 10 juillet dernier à Washington..
Dans son édition du mardi 29 juin dernier, Le Messager signait sous la plume de son rédacteur en chef, Fréderic Boungou, un article intitulé « Présidentielle 2011 : un forum de la diaspora aux Etats-Unis pour chasser Biya d’Etoudi ». L’article en question annonçait en exclusivité cette convention organisée à Washington le 10 juillet 2010 par la Cameroon diaspora for change (CAMDIAC). A en croire tous les organisateurs de ce rendez-vous, « c’est grâce à cet article que les gens ont commencé à prendre très au sérieux cette convention ». Et finalement pas moins de 350 personnes vont prendre d’assaut la salle des conférences de Howard University à Washington D.c.
Comme s’il n’avait trop fait, le patron du journal Le messager attendra la veille de la convention pour rééditer sa « Lettre à la diaspora ». C’est en 2001 que Pius Njawé avait en effet publié cette lettre dans laquelle il appelait à la mobilisation des Camerounais vivant à l’étranger de se mobiliser pour un changement politique au Cameroun. « Dès que nous l’avons contacté, il s’est dit ravi de voir que longtemps après, des Camerounais ont finalement adhéré à son idée de fédérer les forces de la diaspora pour une alternance au sommet de l’Etat », dit Jean Bosco Tagne, l’ancien étudiant radié de toutes les Universités du Cameroun pour son activisme dans Le Parlement estudiantin qui fit rage à l’université de Yaoundé au début de la décennie 90. C’est au mois de mai que ce dernier dit avoir engagé les premiers contacts avec Pius Njawé.
Tous corrompus…
L’ancien « parlementaire » qui, depuis son exil à Boston revendique aujourd’hui les textes sur la reforme de l’université au Cameroun dit « connaître Njawé depuis l’époque des grèves universitaires de 90 ». Avant de se lancer au martelage médiatique, Pius N. Njawé, depuis le pays, aurait servi de relais aux hommes de la Camdiac pour convaincre des éminentes figures de l’opposition camerounaise à se rendre à la convention du 10 juillet à Washington. Il mène ces démarches durant les mois de mai et juin. Peut-être aurait-il totalement réussi si pour Ni John Fru Ndi et bien d’autres, on ne comprenait d’une mauvaise oreille de payer de sa propre poche le billet d’avion pour Washington.
Autant le dire donc, Pius N. Njawé aura joué un rôle primordial pour le succès de la convention de la diaspora du 10 juillet dernier à Washington. Mais pas seulement pour son martelage médiatique et les négociations qu’il mène auprès des leaders de l’opposition camerounaise. La présence du boss du journal Le Messager avait, en fait, pour les organisateurs de la convention, le poids de la cerise sur le gâteau. Le débarquement de Pius N. Njawé a fait à tous les observateurs oublier le « niet » de certaines de ces figures politiques que l’on croyait incontournables au Cameroun.
« C’était lui notre joker », révèle Jean Bosco Tagne qui est par ailleurs l’homme qui a mené les négociations pour convaincre Pius N. Njawé de faire le voyage de Washington. Les organisateurs de la convention jurent d’ailleurs avoir « tout fait pour assurer la venue de Pius Njawé ». En dehors de l’homme de presse de renom, Mboa Massok alias « le père des villes mortes » et Guerandi Mbara, l’un des cerveaux du putsch manqué du 6 avril 1984, constituaient les autres cartes les plus prisées par les organisateurs de la convention et bénéficiaient également du privilège de voir leur ticket d’avion pris en charge. C’est que, à en croire Howard Njeck parlant au nom des autres, à la Camdiac, on n’a « plus confiance en aucun des hommes politiques camerounais actuels pour apporter le changement dans le pays, car ils ont déjà tous été corrompus par Paul Biya ». Self-made man, ayant acquis la notoriété grâce à la presse combattante contre le régime de Paul Biya, Pius N. Njawé apparaissait aux yeux des hommes de la Camdiac comme un bon coup.
Bagarres internes
Pourtant de tous leurs invités, les hommes de la CAMDIAC disent avoir pensé à contacter Pius Njawé en dernier lieu. « Nous avons eu l’idée d’inviter d’abord nos leaders politiques pour voir comment la diaspora peut les aider pour qu’ils réussissent l’alternance en 2011. Nous avons invité Puis N. Njawé comme une figure qui mène la lutte pour la liberté d’expression », témoigne Dr Ade. Mais en signant une entrée en scène aussi musclée, Pius faisait plus que de contribuer au rayonnement de la convention du 10 juillet dernier à Washington. Par son acte, le patron de Le Messager contribuait à sauver de l’effacement la Camdiac qui pourtant est sorti des fonts baptismaux en janvier dernier comme organisation non gouvernementale reconnue par l’Etat du Maryland.
En effet, depuis sa création, la CAMDIAC vit des bagarres internes. Née de la volonté de certains responsables d’associations avec le défi de fédérer les milliers d’autres associations camerounaises qui existent sur le sol américain pour peser sur le destin politique du Cameroun, la CAMDIAC devient très tôt un terrain ou excellent les querelles entre « francophones et anglophones ». Ces querelles sont difficiles à éteindre d’autant plus que les membres de la CAMDIAC sont éparpillés sur l’ensemble du territoire américain et ne peuvent tenir des meetings que par « conference call », c’est-à-dire au téléphone, chacun devant partir de son coin. Le Dr Ade venu de Denver dans le Nevada ne cache pas d’ailleurs avoir « vu des yeux pour la première fois pendant la convention du 10 juillet certains de ces gens avec qui je tenais des meetings au téléphone ».
Soupçons
Comme si ce n’était pas assez, la désignation de Célestin Bedzigui comme chairman of Board directors de la CAMDIAC est venu jeter de l’huile sur le feu. L’ancien vice-président de l’UNDP est en effet tenu par certains comme un espion du régime de Yaoundé lâché en Amérique. Tandis que d’autres lui disent s’être compromis pendant les batailles politiques des années 90 et son passage aux Sacheries du Cameroun. Le pasteur Jonathan Awason qui vit dans le Minnesota, chef de file aux Usa du mouvement séparatiste du Cameroun anglophone (le SCNC, ndlr), est l’un de ceux qui défient ouvertement Célestin Bedzigui. Pour ne pas s’en tenir qu’aux mots, Mbame Nelson, un autre « père fondateurs » de la CAMDIAC, a crée une faction qu’il nomme…Camdiac Inc et qui se réclame de n’être pas un pion du pouvoir de Yaoundé.
Pour les supporters de Célestin Bedzigui comme Jean Bosco Tagne, l’ancien collaborateur de Bello Bouba est incontestablement la figure politique camerounaise la plus expérimentée et en vue de la diaspora en Amérique. Il balaie par ailleurs du revers de la main l’assertion selon laquelle Célestin Bedzigui qui vient d’obtenir l’asile politique et a créé son association Global democratic project joue les agents secrets de Biya. Alors, lorsque Célestin Bedzigui se pointe au siège de l’Onu le 15 mars dernier pour tendre une plainte contre Paul Biya qu’il accuse d’avoir ordonné le massacre des jeunes gens à Douala durant les émeutes de février 2008, le fait-il seulement pour convaincre ses détracteurs de la camdiac qu’il n’est pas un vendu ?