Rwanda: Victoire Ingabire condamnée à 8 ans de prison
L'opposante
rwandaise Victoire Ingabire, de l’FDU-Inkingi, a été condamnée à 8 ans
de prison par la Haute Cour du Rwanda. Il s’agit d’un verdict
relativement clément, étant donné que le Parquet avait requis la
perpétuité. Ingabire va faire appel.
La Cour a condamné Victoire Ingabire pour "conspiration contre les
autorités par le terrorisme et la guerre" et pour "négation du
génocide". L’opposante rwandaise a en effet été jugée coupable d’avoir
financé les rebelles des FDLR dans l’est de la RDC, mais a par contre
été acquittée de l'accusation de "propagation de l'idéologie de
génocide".
Pas heureuse
Le verdict a manifestement été influencé par les
pressions internationales exercées sur le gouvernement rwandais, estime
Raissa, la fille de Victoire Ingabire. "Sans ces pressions, la situation
de ma mère serait bien plus grave", dit-elle. Raissa, qui vit aux
Pays-Bas, n’est pas heureuse du verdict et continue d’insister sur
l’innocence de sa mère.
Au Rwanda, le vice-président de l’FDU-Inkingi, Boniface Twagirimana,
n’est pas non plus satisfait. Victoire Ingabire méritait d’être remise
en liberté, selon lui. "Tout comme tous les opposants politiques dans ce
pays qui ont été accusés de crimes similaires."
Président du Rwanda
Après avoir passé des années exilée aux Pays-Bas,
Victoire Ingabire, qui appartient à l’ethnie hutu, est retournée au
Rwanda dans l’intention de se présenter à l’élection présidentielle en
2010.
A son arrivée à Kagila, elle a appelé, en sa qualité de présidente des
Forces démocratiques unifiées, à poursuivre en justice les responsables
des crimes commis contre les Hutus. Peu après ses déclarations, elle a
été placée en résidence surveillée. Entre-temps, le président sortant
Paul Kagame, un Tutsi et chef du Front patriotique rwandais (FPR), était
réélu.
Procès équitable ou pas
Détenue dans une prison de la capitale rwandaise, Victoire Ingabire boycotte son procès depuis le mois d’avril dernier. La chef de l’opposition et ses sympathisants accusent Kagame de vouloir éliminer tous ses adversaires politiques.
Des militants pour les droits de l’homme ainsi que
des hommes politiques étrangers ont émis des doutes quant à l’équité du
procès de Victoire Ingabire. Des députés néerlandais ont également à
plusieurs reprises posé des questions sur l’état de droit au Rwanda.
Pour sa part, le ministre rwandais de la Justice Tharcisse Karugarama
déclarait à Radio Nederland Wereldomroep : "C’est après le procès que
nous devrions pouvoir dire s’il a été équitable et transparent."
Les autorités néerlandaises ont plusieurs fois prêté assistance au
gouvernement rwandais en autorisant des perquisitions dans le domicile
de Victoire Ingabire près de Rotterdam et en envoyant des documents
susceptibles de servir de preuves au procès à Kigali. Le Rwanda et les
Pays-Bas ont signé dans le passé un accord d’assistance juridique.
Dans un document publié en 2011, le ministre néerlandais des Affaires
étrangères écrivait qu’il n’avait aucune raison de douter de l’équité du
procès de Victoire Ingabire. "Il n’existe aucune raison claire et
solide de rejeter la demande du Rwanda de lui prêter assistance dans le
procès de Victoire Ingabire", écrivait le ministre.