RUSSIE :: Poutine accuse les États-Unis de vouloir contrôler la Fifa
Le président russe reproche à Washington de chercher, dans le scandale de corruption qui secoue la Fifa, à empêcher la réélection de Joseph Blatter à la tête de la Fédération internationale de football.
Condamné par l’Europe et les États-Unis, Sepp Blatter peut au moins compter sur un ami de poids: Vladimir Poutine. Jeudi matin, le président russe a ostensiblement pris la défense de l’institution footballistique en dénonçant l’ingérence de la justice américaine, et donnant ainsi à son intervention des accents de guerre froide en version sportive. «Le fait que ces arrestations soient commanditées par le côté américain dans une accusation de corruption semble très étrange. Corruption de qui? De fonctionnaires internationaux», s’est étonné le chef du kremlin. Et celui-ci d’ajouter: «Certains d’entre eux ont peut-être enfreint quelque chose, mais ceci n’a aucun rapport avec les États-Unis. Voici encore une tentative claire (de Washington, NDLR), d’étendre sa juridiction sur d’autres états». Plus tôt, le quotidien gouvernemental Rossiskaya Gazeta avait accusé les États-Unis de vouloir «contrôler la Fifa».
Le procureur de Brooklyn a beau avoir démenti l’existence d’un quelconque lien entre les interpellations de sept hauts dirigeants de la FIFA et l’attribution de la coupe du Monde à la Russie, en 2018, Moscou se sent directement visé par ces opérations. Comme si dans l’esprit du Kremlin, le sort du patron de la Fifa était lié à celui de la future compétition russe.
« Sepp Blatter avait toutes les chances d’être élu vendredi et nous savons toute la pression qui a été exercé sur lui dans le but d’interdire l’organisation de notre coupe du monde » Vladimir Poutine
«Sepp Blatter avait toutes les chances d’être élu vendredi et nous savons toute la pression qui a été exercé sur lui dans le but d’interdire l’organisation de notre coupe du monde», a dénoncé Vladimir Poutine. Selon lui, il s’agit d’«une très grossière violation des règles de fonctionnement des organisations internationales». Officiellement, c’est la justice suisse qui, en mars, a lancé une enquête sur l’attribution de l’événement à la Russie en 2018 et au Qatar, en 2022.
Le ministre russe des sports, Vitaly Mutko, également membre du comité exécutif de la Fifa a assuré que ces démêlés judiciaires n’auraient aucune incidence sur la compétition russe. La préparation de celle-ci, tout comme celle des jeux olympiques de Sotchi en 2014, donne néanmoins lieu à de nombreux retards. La moitié seulement des chantiers seraient actuellement dans les délais. Trois stades seraient aujourd’hui prêts sur les douze attendus. Le stade du Zénith de Saint-Pétersbourg, en particulier, dont la construction a débuté en 2006, accuse un retard de 35 jours. Selon le quotidien Vedomosti, les organisateurs russes songent à imposer des amendes de 2 millions de roubles aux maître d’œuvre pour chaque jour de retard (36.000 euros). La Fifa, justement, a suggéré au gouvernement russe de réduire de onze à neuf le nombre de villes organisatrices. Vladimir Poutine s’oppose à cette idée.