Ruée vers la Fécafoot: Les profils des potentiels successeurs de M. Iya Mohammed

Yaoundé, 03 Juillet 2013
© Jean Robert Fouda | Repères

MM. John Begheni Ndeh, David Mayebi, Antoine Essomba Eyenga, Pierre Batamak, Mme Marlène Emvoutou et bien d'autres rêvent de succéder au Président sortant, M. Mohammed Iya, dont l'élection a été annulée par la Commission des recours de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) pour irrégularités aggravées. Et pourtant, ils sont loin d'être irréprochables.

M. David Mayebi au cœur de plusieurs affaires de détournement

Dans son ouvrage intitulé «Desperate Football House», M. Jean Lambert Nang, ancien Directeur général de la Fécafoot ¬appelé «le roi du pétrole brut». On y apprend que l'ancien sociétaire d'Union de Douala traîne une image de hors-la-loi. Lui qui est au cœur de plusieurs affaires sulfureuses. L'ouvrage révèle qu'il ne fait pas bon de s'afficher en compagnie de M. Mayebi, dont «l'aisance matérielle et financière découle de ses innombrables coupes sombres dans les retombées des contrats passés entre la Fécafoot et ses sponsors».

Comme pour conforter ses allégations, un rapport de la Police judiciaire transmis au vice-Premier Ministre en charge de la Justice par les soins du Procureur général près la Cour d'Appel du Centre, M. Jean-Pierre Mvondo Evezo’o révèle un trou de plus de trois milliards de FCFA dans les comptes de la Fécafoot entre 2000 et 2004. Le Procureur note que «les nommés Mayebi David, Alioum Alhadji, et Jombi Doff sont susceptibles d'être poursuivis pour détournement de deniers publics et complicité».

En plus, M. Mayebi aurait empoché plus de 143 millions de FCFA versés par la Fifpro durant 7 ans, soit près d'un milliard de FCFA. «Des responsables de la Fédération internationale des footballeurs professionnels m'ont informé qu'ils octroient 220.000 euros (143 000 000 KM) par an à l'Afc pour son fonctionnement. Or, le Président Mayebi qui perçoit régulièrement cet argent selon la Fifpro, prétend qu'il ne reçoit rien», a affirmé en janvier 2009 un membre de l'ancien bureau directeur de l'Afc, M. Timothée Mackongo.

M. David Mayebi Président du syndicat national des footballeurs du Cameroun, Président de la Fédération internationale des footballeurs professionnels (Fifpro) zone Afrique et membre du Comité exécutif de la Fécafoot a été en 2012, «révoqué de toute activité avec effet immédiat pour insubordination caractérisée et propos injurieux à l'encontre de la Fécafoot, de son Président et de ses dirigeants». De plus, en application de l'article 16 des statuts de la Fécafoot, l'Association des footballeurs du Cameroun (Afc) dont il était alors le Président a été exclue de la Fécafoot pour violations graves et répétées de ses obligations prévues à l'article 15 alinéa 1.


Francis Mveng, nommé par procuration

Il a relégué au second plan sa profession de base, notamment la pharmacie, pour consacrer l'essentiel de son temps au football, activité très lucrative. Francis Mveng bénéficie d'une délégation de pouvoir de M. Iya Mohammed, pour gérer les affaires courantes durant sa période de détention. Cette procuration aurait été délivrée en violation de l'article 39 des statuts de la Fécafoot relatif à la vacance de la présidence dûment constaté par le Comité exécutif.

A ce jour, M. John Begheni Ndeh, 1er vice-président de la Fécafoot revendique le droit de gérer les affaires de la Fédération dans la mesure où Iya Mohammed est incarcéré dans les cellules du Sed, pour des affaires liées à sa gestion de la Sodecoton. Mais, le troisième vice-président qu'est M. Francis Mveng, lui dénie cette qualité au motif que c'est à lui que le Président de la Fécafoot a remis une procuration pour diriger l'instance faîtière du football camerounais.

Ayant présenté les vertus du vice-Président le plus médiatique, le pharmacien se trouve être désormais 0 tous les fronts, mais là où il n'a rien à faire. Il le dit à qui veut l'entendre, que «je parle au nom du Président de la Fédération camerounaise de football».

Et, en bon profane, ne manque pas l'occasion d'étaler ses tares intellectuelles et morales, couvrant d'injures et de propos diffamatoires les journalistes dont le seul crime est souvent d'enquêter sur la gestion des retombées des compétitions internationales et des partenariats avec diverses entreprises (Pmuc, Orange, Mtn, Brasseries du Cameroun) et l'équipementier Puma. Francis Mveng, selon des informations puisées au cœur de la Fécafoot, se trouve à la tête d'un véritable empire financier, qui a pris soin de bâtir, non pas avec les revenus de la pharmacie, mais des nombreuses missions effectuées à l'étranger, de la gestion des compétitions locales, Mtn Elite one, Mtn Elite two et football féminin.



M. Tombi A Roko Sidiki, suspendu pour insubordination notoire

Leader de la faction du comité d'urgence qui s'était désolidarisée en mars dernier du bureau dirigé par Iya Mohammed (président sortant de la Fécafoot), John Begheni Ndeh et ses pairs de l'opposition ont décidé de suspendre de ses fonctions pour insubordination notoire, Tombi A Roko, le Secrétaire général de la Fécafoot. Cette suspension va durer jusqu’à la tenue d'une réunion du comité exécutif qui sera convoqué conformément à l'article 42 des statuts de la Fécafoot.

Le Secrétaire général de la Fécafoot a porté plainte contre trois journalistes pour diffamation. Bouba Ngomna présentateur de l'émission «Sports on The Hertz» sur Radio Tiémeni Siantou (Rts), Ernest Obama de la chaîne de télévision Vision 4 et Théophile Awana, Directeur de publication de Chrono sport, ont révélé le 25 septembre 2010, que M. Tombi à Roko Sidiki avait détourné 30 mille euro (20 millions de FCFA environ). Un argent issu de l'organisation du match amical Cameroun-Italie à Monaco, le 3 mars 2010, du transfert de Stéphane Mbia et de l'acquisition d'un véhicule de service.

Le journaliste de Chrono Sports était même allé jusqu'à affirmer que le collaborateur de Iya Mohamed, responsable selon lui, de la plupart des transferts frauduleux de joueurs, avait surfacturé le prix de sa voiture de service, soit 35 millions de FCFA et empoché le surplus. C'est donc tout ceci qui a poussé M. Tombi à Roko à déposer sa plainte à la Direction de la police judiciaire à Yaoundé. C'est le 28 juillet 2009 qu'il a été nommé au poste de Sg. Il a commencé comme simple membre. Ensuite, il a été trésorier au niveau régional dans le Littoral, premier vice-président chargé de l'administration et des finances, et président de la ligue par intérim dans la même région et responsable de la commission des arbitres. Un parcours émaillé de scandales.


M. Essomba Eyenga, moteur des tripatouillages à la Fécafoot

Il a été suspendu de toutes les activités liées au football pour une durée de trois ans en 2004. Le principal grief fait l'ancien Président du Tonner kalara club de Yaoundé, est d'avoir roué de coups l'arbitre du match aller des demi-finales de la coupe du Cameroun qui a opposé, son équipe à Coton Sport de Garoua.

Dans son livre, M. jean-Lambert Nang fait un portrait peu flatteur de M. Antoine Essomba Eyenga. Pour l'auteur de «Desperate Football House», l'enfant terrible du football camerounais est un des moteurs du tripatouillage du fichier informatisé de la Fécafoot.

L'ancien Président du Tonnerre de Yaoundé a jeté en pâture de nombreux jeunes footballeurs partis en aventure dans des destinations exotiques comme l'Indonésie, la Chine, le Mexique, etc. Ceci après avoir «facilement» obtenu des lettres de sortie «complaisamment» signées par ses «complices» de la Fécafoot.

M. Jean-Lambert Nang écrit qu'Essomba Eyenga vit aux crochets du football qu'il pressurise, suce et ponctionne à souhait. Et que des preuves patentes témoignent de son indescriptible cupidité et des sommes mirobolantes qu'il tire de ses innombrables forfaitures. Et de constater que, à force de parler plus fort que tout le monde, le patron du Cabinet Essomba, Conseils et études fiscaux, se forge une image de «monsieur propre» du football camerounais. Un personnage à multiple casquettes, qui, en plus d'être vice-président de la Fécafoot, membre du Tribunal arbitral du Sport, est aussi membre de la Commission de Futsal et beach Soccer de la Fifa.


Mme Marlène Emvoutou, accusée d'escroquerie

Elle nie désormais tout en bloc, après avoir affirmé, mainte fois, avoir donné des pots de vins à tous les membres de l'Assemblée générale élective de la Fécafoot, contre leurs votes lors du scrutin tenu le 19 juin 2013 à Yaoundé.

Ces révélations ont scandalisé la communauté nationale et internationale. Et pourtant, Mme Marlène Emvoutou, la plaignante, ne se fait pas prier pour narguer les Camerounais qui l'accusent d'être une corruptrice patentée. «J'accepte que j'ai corrompu et qu'on nous radie tous, que celui qui nie me porte plainte pour diffamation», a-t-elle écrit sur sa page facebook. Celle qui est à l'origine du scandale des pots de vins à la Fécafoot fait même par la suite d'autres révélations croustillantes: «Certaines indiscrétions à la Fécafoot m'ont révélé que cette Commission s'apprête à radier tous les membres concernés et moi avec. Alors, je tiens à vous informer que tous les 25 membres du Comité exécutif de la Fécafoot ont reçu chacun 5 millions de mes mains et devant témoins, a par ailleurs précisé la plaignante. Elle dit avoir remis cet argent en premier au 1er vice-président démissionnaire, Seidou Mbombo Njoya, le 18 juin à 1h du matin, en présence de l'officier de police Zang, en charge de sa sécurité. Par la suite, le Secrétaire général de la Fécafoot, Tombi à Roko Sidiki a perçu 13 millions pour payer les hôtels et la restauration» des délégués. Mme Marlène Emvoutou cite comme témoins Serges Nguiffe et le policier Zang. De même, M. Francis Mveng a reçu 5 millions devant Benoit Assam. Tous les autres membres de l’Assemblée générale ont reçu chacun 100 000 Fcfa, soit 9 800 000 de FCFA (calcul en fonction du nombre de votants). Elle dit avoir remis 5 millions à chaque membre du comité exécutif, soit 125.000.000 de FCFA, en plus des 2 millions perçus par le 3e vice-président de la Fécafoot, Pierre Batamak.

Marlène Emvoutou aurait donc dépensé 147.800 000 FCFA pour prétendre au poste de Président de la Fécafoot. De même, elle est accusée d'escroquerie. Le 19 juin 2013, elle a été arrêtée et conduite dans les services de la Police judiciaire. Pourquoi? La présidente de la Ligue régionale de football du Sud serait accusée par un homme «non identifié» selon nos sources, qui lui revendique une dette de près de 3 millions de FCFA dans une «affaire de recrutement de joueur» qui dure depuis plus de trois ans.


M. Pierre Batamak et le scandale du football des jeunes

L'image de certaines personnes est fortement écornée au plan national et international. Elles sont davantage célèbres, non pas pour des actes positifs qu'elles auraient posées par le passée, mais davantage à cause des scandales financiers dont elles se sont autrefois rendues coupables.

Le parcours du 3e vice-président, M. Pierre Batamak, est aussi parsemé de scandales. Au-delà des pots de vins de Mme Emvoutou, l'administrateur du Littoral est également poursuivi par le Secrétariat d'Etat à la Défense pour «détention illégale d'arme à feu», à la suite des incidents de Pouma où, au cours d'un match organisé sans aucune autorisation, des échauffourées avaient éclaté entre les membres de la ligue régionale du football du Littoral.

En 2006, M. Pierre Batamak, alors Président de la Commission nationale du football jeunes, a participé à l'organisation calamiteuse d'un tournoi national minime, cadet et junior. La compétition fut reportée plusieurs reprises. M. Batamak était allé aux Etats-Unis, laissant de jeunes joueurs dans la misère et la faim. Cela n'a pourtant pas empêché Iya Mohammed de continuer à lui faire confiance.



M. John Begheni Ndeh, pas épargné par l'affaire albatros

M. John Begheni Ndeh est par ailleurs le Directeur général de la Mission de développement du Nord-Ouest (Mideno), un organisme public. Ancien Ministre des Transports au moment des opérations d'achat de l'Albatros, le foireux avion présidentiel qui a déjà fait quelques prisonniers parmi ses collègues du gouvernement d'alors. Celui qui se prévaut de n'avoir joué aucun rôle de premier plan dans cette affaire, est de plus en plus contrarié par M. Inoni Ephraïm, l'ancien Premier Ministre emprisonné depuis mois dans le cadre de ce scandale.

Au cours d'une audience, l'ex Pm a déclaré que «John Begheni Ndeh venait régulièrement à la Présidence rencontrer le Secrétaire général n°2, René Owona, pour négocier les contours d'un partenariat entre Apm et son Ministère». Du coup, les choses semblent se compliquer pour John Begheni Ndeh, qui aurait tenté de trouver quelques soutiens dans le monde du football pour se prémunir contre des ennuis politiques.


M. Seydou Mbombo Njoya, le fils du Sultan lâche prise

Le premier vice-président du bureau du 19 juin dernier a décidé de jeter l'éponge pour des raisons qu'il explique dans une «lettre d'information» signée au soir du 29 juin dernier. Morceaux choisis: «mon éducation et les fonctions que j'ai le privilège d'occuper dans les instances de notre pays et sur le plan international ne m'autorisent pas à nager dans des eaux troubles. Par conséquent, en mon âme et conscience, je préfère me retirer en souhaitant bonne chance à ceux qui auront désormais la charge de diriger la Fédération camerounaise de football».

Dans cette nouvelle configuration du bureau exécutif de la Fécafoot, M. Seidou Mbombo Njoya, le 1er vice-président de la Fécafoot s'est bâti une triste réputation de looser. Son visage est devenu familier aux téléspectateurs camerounais au début des années 1990, à travers une émission consacrée à la Loterie nationale du Cameroun (Lonacam). Pendant quelques années, il va faire des paris sur le football son affaire. Avec la Loterie, il lance le pari sportif camerounais. La faillite de la Lonacam va lui inspirer une initiative similaire: «le Cameroon foot pools». Un projet qui fera également long feu.

Deuxième vice-président du Conseil d'administration de la ligue de football professionnel du Cameroun depuis 2011, le fils du roi des Bamoun Ibrahim Mbombo Njoya est également membre de la commission des compétitions de la Confédération africaine de football.


RÉACTIONS


M.EMILE ONAMBELE ZIBI, Président Tonnerre de Yaoundé et porte-parole des clubs d'élite: «John Begheni Ndeh n'est pas un saint»

«Ceux qui se battent aujourd'hui contre Iya Mohammed sont les mêmes qui l'ont soutenu pendant 15 ans. Maintenant, que leur propre machine les a broyés, ils commencent à manifester bruyamment pour embarquer les Camerounais dans l'inconnu. Le gouvernement aurait mieux fait de sceller d'abord la Fécafoot, au lieu de prendre ouvertement fait et cause pour un individu, comme c'est clairement le cas actuellement avec John Begheni Ndeh, qui se fait escorter par des gendarmes pour entrer à la fédération. Il faut déjà en profiter pour rappeler que John Begheni Ndeh qu'on brandit subitement aujourd'hui comme un saint me semble tout le contraire. Nous n'accepterons pas d'être manipulés et nous disons déjà non à l'imposture sur toutes ses formes. Personne ne pourra nous imposer un candidat. Ceux qui agissent de la sorte n'aiment pas le football. Ils courent seulement après les 5 milliards de FCFA laissés par l'équipe sortante dans les caisses de la Fécafoot. Que peuvent-ils apporter de plus à notre football après avoir été les camarades de lutte d'Iya Mohammed pendant plus d'une décennie? Je voudrai également dire que le profil idéal pour gérer une fédération de football n'est pas le footballeur. Le football se joue avec les pieds, la Fécafoot se gère avec la tête».



03/07/2013
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