Rouleau compresseur: Laurent Esso bloque le verdict de l'affaire Edzoa et Atangana
YAOUNDE - 19 JUILLET 2012
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager
Une des membres de la collégialité des juges du procès de l'ex secrétaire général de la Présidence (Sgpr) et de l'homme d'affaires franco-camerounais a été retiré de l'affaire par le ministre de la Justice. Le délibéré prévu hier sera repris en attendant la nouvelle composition du tribunal le 30 juillet 2012.
© Rodrigue N. TONGUE | Le Messager
Une des membres de la collégialité des juges du procès de l'ex secrétaire général de la Présidence (Sgpr) et de l'homme d'affaires franco-camerounais a été retiré de l'affaire par le ministre de la Justice. Le délibéré prévu hier sera repris en attendant la nouvelle composition du tribunal le 30 juillet 2012.
L'image est poignante. Maître Ndem,
avocat de Titus Edzoa est tout en larmes. Il pleure comme un gosse. Il
crie à l'injustice sauvage qui vient se greffer à moult humiliations
subies tout au long de la procédure qui dure depuis quinze ans. Le
regard absent et pitoyable, son client vient le consoler et le prie à la
limite de ne plus pleurer ainsi. A vingt mètres d'eux, quelques proches
de Michel Thierry Atangana n'en mènent pas large. Par contagion
peut-être, le Franco-Camerounais écrase une larme avant de rentrer dans
le car de la gendarmerie qui va le ramener dans son cachot du
secrétariat d'Etat à la défense (Sed). Le témoin de cette scène qui
vient à peine d'arriver au palais de justice de Yaoundé-Centre
administratif se demande si thanatos est passé par là. «Il n'y a pas eu
de mort», lui répond-on. Mais, c'est tout comme, lance un parent
d'Edzoa. Et pour cause, l'audience de ce 18 juillet 2012 prévue
exclusivement pour le délibéré et le verdict de l'affaire Etat du
Cameroun contre Titus Edzoa, Michel Thierry Atangana, Isaac Njiemoun et
Dieudonné Mapouna n'a pas pu se tenir. Elle ne se tiendra même pas de si
tôt.
L'explication? Madame Etong, une des trois juges de la collégialité ne peut prendre part à l'audience. Elle a été notifiée, la veille, de son affectation (qui date de fin avril 2012) au ministère de la Justice. L'effet sur l'affaire qu'elle s'apprêtait, jusqu'à la veille, à vider avec les juges Nomo Zanga et Batoum est qu'elle est désormais dans l'impasse. Sans la présence d'un des juges, le dossier ne peut être vidé. Ce du fait du rabattement du délibéré. C'est l'air meurtrie que la présidente de la collégialité a dû l'annoncer aux parties vers 11 heures 30 hier mercredi. Du coup, la défense dans l'expectative a fait front pour aller rencontrer le président du tribunal de Grande instance de Yaoundé-Centre administratif (Tgi). Le magistrat Gilbert Schlick leur aurait alors expliqué (d'après leurs confidences) les raisons officielles de l'absence du juge Etong. Laquelle explication revient sur la notification de l'affectation de la magistrate à la chancellerie. Ce qui induit que Madame Etong ne fait plus officiellement partie des effectifs du Tgi et ne peut donc pas prendre part à l'audience du jour.
«Faire éclater la collégialité»
Une provocation de plus, pense Maître Charles Tchoungang, avocat de Michel Atangana au cours d'une conférence de presse qu'il donne avec ses confrères engagés dans la même cause. Pour les avocats de l'homme d'affaires français, malgré tous les efforts fournis pour donner à cette affaire un caractère relevant exclusivement du champ commun, le ministre de la Justice vient de convaincre l'opinion que le procès contre Michel Thierry Atangana est un procès politique. Car, pour lui, la chancellerie est clairement intervenue dans le dossier par des méthodes administratives visant à «faire éclater la collégialité». Ce qui est un déni de justice traduit par l'agression à l'indépendance du pouvoir judiciaire. Le risque, précise-t-il, c'est que l'arrivée d'un nouveau juge pousse à reprendre les débats ou dans le meilleur des cas, que sur la base de la lecture du plumitif d'audiences, ce nouveau magistrat de la collégialité se fasse une religion après quelques temps. Dans tous les cas, il ne s'agira pas d'une simple lecture du délibéré le 30 juillet prochain. Alors question de journaliste: quelles sont les scenarii possibles le 30 juillet ? La réponse imprécise des avocats en dit long sur le flou jeté sur l'affaire. Certains d'entre eux pensent qu'elle sera consacrée à la composition régulière du tribunal. D'autres au recommencement des plaidoiries des avocats.
In fine, personne ne peut dire parmi les avocats de la défense ce que fera le tribunal le 30 juillet. Entre temps, les principaux accusés qui ont déjà purgé leur première peine de prison de 15 ans ne savent pas pourquoi ils sont retenus en prison... Ils ne savent même pas si un jour, ils recouvreront la liberté quoiqu'ayant déjà purgé leur peine. Vous avez dit injustice ?
Les magistrats humiliés
Maître Charles Tchoungang n'est pas passé par quatre chemins pour tancer des individus qui prennent en otage la justice camerounaise. L'avocat de Michel Thierry Atangana estime que par ces agissements, ils ont humilié les trois juges faisant partie de la collégialité en les privant de l'une de leur fonction qui consiste à vider le délibéré d'un procès qu'ils suivent depuis trois ans. Comme lui, Maître Ndem juge l'acte administratif du ministre de la Justice odieux. En retirant un juge d'une affaire à la veille du verdict, Laurent Esso a fait preuve d'une grossière ingérence doublée d'une humiliation infligée à des magistrats de plus de vingt ans de carrière. «La chancellerie leur a mis une camisole de force parce qu'ils ont refusé de garantir à l'exécutif que le verdict sera défavorable aux accusés. Maintenant, ils vont essayer d'introduire un magistrat aux ordres dans l'affaire», tempête un membre du comité de soutien à Michel Atangana. La même source indique que la veille, les juges ont dû éteindre leurs téléphones pour se mettre a l'abri des pressions. Tant usant de multiples coups de fil, la hiérarchie a voulu se rassurer que Titus Edzoa et Michel Atangana écoperaient par tous les moyens, d'une nouvelle peine les empêchant de quitter le gnouf.
L'explication? Madame Etong, une des trois juges de la collégialité ne peut prendre part à l'audience. Elle a été notifiée, la veille, de son affectation (qui date de fin avril 2012) au ministère de la Justice. L'effet sur l'affaire qu'elle s'apprêtait, jusqu'à la veille, à vider avec les juges Nomo Zanga et Batoum est qu'elle est désormais dans l'impasse. Sans la présence d'un des juges, le dossier ne peut être vidé. Ce du fait du rabattement du délibéré. C'est l'air meurtrie que la présidente de la collégialité a dû l'annoncer aux parties vers 11 heures 30 hier mercredi. Du coup, la défense dans l'expectative a fait front pour aller rencontrer le président du tribunal de Grande instance de Yaoundé-Centre administratif (Tgi). Le magistrat Gilbert Schlick leur aurait alors expliqué (d'après leurs confidences) les raisons officielles de l'absence du juge Etong. Laquelle explication revient sur la notification de l'affectation de la magistrate à la chancellerie. Ce qui induit que Madame Etong ne fait plus officiellement partie des effectifs du Tgi et ne peut donc pas prendre part à l'audience du jour.
«Faire éclater la collégialité»
Une provocation de plus, pense Maître Charles Tchoungang, avocat de Michel Atangana au cours d'une conférence de presse qu'il donne avec ses confrères engagés dans la même cause. Pour les avocats de l'homme d'affaires français, malgré tous les efforts fournis pour donner à cette affaire un caractère relevant exclusivement du champ commun, le ministre de la Justice vient de convaincre l'opinion que le procès contre Michel Thierry Atangana est un procès politique. Car, pour lui, la chancellerie est clairement intervenue dans le dossier par des méthodes administratives visant à «faire éclater la collégialité». Ce qui est un déni de justice traduit par l'agression à l'indépendance du pouvoir judiciaire. Le risque, précise-t-il, c'est que l'arrivée d'un nouveau juge pousse à reprendre les débats ou dans le meilleur des cas, que sur la base de la lecture du plumitif d'audiences, ce nouveau magistrat de la collégialité se fasse une religion après quelques temps. Dans tous les cas, il ne s'agira pas d'une simple lecture du délibéré le 30 juillet prochain. Alors question de journaliste: quelles sont les scenarii possibles le 30 juillet ? La réponse imprécise des avocats en dit long sur le flou jeté sur l'affaire. Certains d'entre eux pensent qu'elle sera consacrée à la composition régulière du tribunal. D'autres au recommencement des plaidoiries des avocats.
In fine, personne ne peut dire parmi les avocats de la défense ce que fera le tribunal le 30 juillet. Entre temps, les principaux accusés qui ont déjà purgé leur première peine de prison de 15 ans ne savent pas pourquoi ils sont retenus en prison... Ils ne savent même pas si un jour, ils recouvreront la liberté quoiqu'ayant déjà purgé leur peine. Vous avez dit injustice ?
Les magistrats humiliés
Maître Charles Tchoungang n'est pas passé par quatre chemins pour tancer des individus qui prennent en otage la justice camerounaise. L'avocat de Michel Thierry Atangana estime que par ces agissements, ils ont humilié les trois juges faisant partie de la collégialité en les privant de l'une de leur fonction qui consiste à vider le délibéré d'un procès qu'ils suivent depuis trois ans. Comme lui, Maître Ndem juge l'acte administratif du ministre de la Justice odieux. En retirant un juge d'une affaire à la veille du verdict, Laurent Esso a fait preuve d'une grossière ingérence doublée d'une humiliation infligée à des magistrats de plus de vingt ans de carrière. «La chancellerie leur a mis une camisole de force parce qu'ils ont refusé de garantir à l'exécutif que le verdict sera défavorable aux accusés. Maintenant, ils vont essayer d'introduire un magistrat aux ordres dans l'affaire», tempête un membre du comité de soutien à Michel Atangana. La même source indique que la veille, les juges ont dû éteindre leurs téléphones pour se mettre a l'abri des pressions. Tant usant de multiples coups de fil, la hiérarchie a voulu se rassurer que Titus Edzoa et Michel Atangana écoperaient par tous les moyens, d'une nouvelle peine les empêchant de quitter le gnouf.