Roger Milla se déchaîne: "Qu’Iya Mohammed sache que je vais être très dur avec eux dans les prochains jours"
Douala - 26 Août 2010
© Lindovi Njio | La Nouvelle Expression
Après avoir prolongé son séjour hors du Cameroun après la coupe du monde 2010, l’ambassadeur itinérant, resté quelque peu en retrait de l’actualité au Cameroun, malgré qu’il fût parfois interpellé, voire incriminé, s’exprime sur tous les sujets qui ont fait l’actualité : le Mondial 2010, l’agonie du football camerounais, le nouvel encadrement technique des Lions, ses rapports conflictuels avec la Fecafoot dont il est le président d’honneur, ses rapports avec Samuel Eto’o… dans ce franc-parler qu’on lui connaît.
Parti pour la coupe du monde 2010, vous ne venez que de rentrer au pays. Malgré l’éloignement, on va tout de même y revenir. Vous êtes certainement d’avis que pour un coup d’essai, le premier Mondial de football en Afrique a été un coup de maître ?
Tout à fait, parce que pour un pays africain, organiser un grand événement comme la coupe du monde ou les jeux olympiques, c’est vraiment extraordinaire. L’Afrique du sud a réussi son pari ; le continent africain a vraiment réussi son pari et nous en sommes fiers.
Vous y avez rencontré d’autres personnalités telles Mandela, Blatter, Jacob Zuma… De quoi ont parlé tant de sommités ?
Ce n’est pas la première fois que je rencontre Mandela. Ça fait plus de six fois que je le rencontre depuis qu’il est sorti de prison. J’ai été reçu par le président Zuma. Avec Blatter, je suis tout le temps en communication et autres. C’est vrai qu’il y avait toutes les grandes vedettes autour de la coupe du monde. Nous nous sommes croisés, ça fait énormément plaisir de se retrouver et de parler de l’avenir du football mondial.
"Afrique du Sud 2010" a donc été un succès sur le plan organisationnel, mais un échec presque total sur le plan du jeu, côté africain. Comment avez-vous vécu cela ?
C’est pour cela que je dis que chaque pays, chaque individu qui fait partie de ces pays, fasse son mea culpa à travers cette coupe du monde. Ça veut dire qu’il y a quelque chose qu’il faut changer. Qu’on sache que si quelque chose n’est pas parfait dans quatre ou huit ans, rien ne va changer. A ceux qui comprennent, ou qui veulent la réussite du football africain, de savoir comment s’y prendre et changer un peu la situation.
Ça a dû être encore plus difficile à vivre pour vous qui avez contribué à hisser les Lions au niveau qu’on connaît.
Beaucoup n’ont pas pensé de cette manière. Beaucoup n’ont pas cru que le Cameroun avait une très grande carte à jouer en Afrique du sud. C’est pour ça qu’il faut qu’il y a ait une grande assise ici au Cameroun, que chacun ait ses responsabilités, que chacun reste dans son domaine et fasse son travail comme il faut. Il ne faut plus accepter que le Cameroun soit humilié comme ça partout où on va. C’est trop pour le peuple camerounais. C’est trop pour le président de la république qui sort d’énormes sommes d’argent pour ce football. Je crois qu’il faut réagir.
Il y a eu le forum sur le football que le chef de l’Etat a prescrit. Vous n’y croyez pas ?
Vous savez, un forum ce n’est pas pour changer automatiquement les données d’une discipline. Le forum a été fait pour peut-être préparer l’avenir de notre football dans quatre, cinq, six ou sept ans. Ça ne peut pas être immédiat. Il faut déjà savoir ce qui a été fait dans ce forum, ce qui a été proposé, ce qui va être fait. C’est çà qu’il faut voir et essayer de mettre en place. Les résultats d’un forum ne peuvent pas être immédiats. Il faut attendre d’ici trois ou quatre ans pour voir si ce qui a été dit au forum sera profitable au football camerounais.
Selon vous, quelle thérapie doit-on appliquer illico presto, puisque vous avez beaucoup dénoncé l’indiscipline avant même le mondial, sans être apparemment entendu. Et que les fruits du forum sont à attendre dans le futur ?
Le message n’est pas passé parce que ceux qui mettent le désordre dans le football camerounais ne peuvent pas accepter ce genre de message. Maintenant, ce n’est plus à moi de parler de ce problème. Le peuple sait que j’ai parlé de ce problème, et c’est le moment de prendre des décisions.
Autrefois vous ne croyiez pas à Paul Le Guen. Quel regard portez-vous sur le nouvel encadrement technique des Lions ?
Je suis content qu’on ait un encadrement technique tout neuf pour notre équipe nationale. Je souhaite simplement que cet encadrement technique soit à la hauteur par rapport au successeur, surtout en ce qui concerne la discipline. Mais je ne suis pas inquiet parce que François Omam Biyick va faire correctement son travail, surtout côté discipline. Il ne va pas se laisser influencer par n’importe qui dans cette équipe nationale. Pareil pour Clemente parce qu’il sort du chômage et il a besoin de résultats. Donc automatiquement, il va essayer de faire correctement du bon travail. Comme on dit souvent, on juge le maçon au pied du mur. Tout le monde attend que le travail soit bien fait, que la discipline règne dans cette équipe. Maintenant, nous attendons qu’ils commencent leur travail, surtout moi. Personnellement, je serai toujours là pour les encourager, les accompagner dans leur travail s’ils ont besoin de moi. C’est tout à fait normal que je sois là, surtout lorsque le travail est bien fait. S’il est mal fait, j’apporterai toujours mes critiques, comme toujours.
Alors que pour les derniers événements malheureux, on vous a très peu entendu ?
Mais personne n’a demandé ma contribution !
Vous affichez donc obstinément votre engagement à aider le football camerounais, alors que la Fécafoot qui gère ce foot est en train de vous tourner le dos ?
Non ! La Fécafoot ne me tourne pas le dos. C’est moi qui tourne le dos maintenant à la Fécafoot. Moi je suis sorti de la salle parce que je ne peux pas admettre ce qui a été fait par le président de la fédération. S’il n’est pas un monsieur honnête, s’il n’est pas intelligent pour le comprendre, c’est son problème. Mais moi je n’ai aucun problème avec lui. Seulement, je demande que le président de la fédération présente des excuses. Je suis président d’honneur. Il ne peut pas se permettre d’aller commettre une lettre sans s’enquérir de ce que pense le Comité exécutif, sans même m’appeler. Il a mon numéro de téléphone ; il aurait pu m’appeler pour me dire ce qui ne va pas ! Donc je n’ai pas apprécié. J’ai exigé qu’il me demande des excuses devant tout le comité exécutif, il a dit qu’il ne le fait pas. Bon, je les laisse avec leur fédération. Mais qu’il sache que je vais être très dur et très sauvage avec eux dans les prochains jours.
Vous leur avez donné un moratoire; qu’en est-il ?
Non, je ne leur ai pas donné un moratoire sur place. C’est maintenant que je le leur donne. Je leur ai simplement dit que je sortais de la salle et que je ne continuais plus la réunion.
Dans la foulée, vous avez incriminé Tombi à Roko, le secrétaire général de la Fecafoot et Abdouraman Hamadou, le chef de cabinet d’Iya Mohammed. Vous croyez qu’ils y sont pour quelque chose dans ce différend ?
Abdouraman m’a vu samedi lors de la finale de la coupe du Cameroun de football féminin. Il m’a dit qu’il n’y était pour rien. C’est un garçon que j’estime beaucoup parce que je sais qu’il se bat beaucoup. J’ai vraiment vu sa sincérité lorsqu’il me le disait. J’ai dit que si ce n’est pas Abdouraman, ça ne peut être que le secrétaire général de la fédération. Et je vais vous dire que ce secrétaire général ne fait que faire des gaffes et des gaffes. J’ai un document que si je vous montre, c’est une catastrophe. Et c’est un document que je vais aller directement présenter au président Blatter. Et ça va être très dur pour la fédération à ce moment-là.
Pourquoi n’avez-vous pas réagi au moment même où le président de la Fecafoot et au ministre des Sports ont commis leurs lettres qui semblaient faire de vous le fauteur de troubles dans l’équipe nationale ?
Pourquoi réagir ? Ils ont fait une note et je n’étais pas au Cameroun. La note a été lue par tout le monde. J’ai demandé à tous mes fans, à tous ceux qui me supportent, tous ceux qui croient à moi, de ne pas répondre et d’attendre mon retour. Maintenant je suis rentré et je réponds à leurs lettres.
Vous n’avez pas dit que des choses dures à l’endroit de Samuel Eto’o. Vous avez aussi dit qu’il était un atout pour le Cameroun ! Comment interprétez-vous cela ?
Je n’ai même pas dit de mauvaises choses. S’ils comprennent français et s’ils savent lire le français ? Ceux qui comprennent le français ont lu et compris ; et ils m’ont donné raison. Je ne vois même pas quelle mauvaise chose j’ai dite dans mon interview. C’est simplement que les Camerounais ne veulent pas voir la vérité en face. On ne peut pas continuer à tromper le peuple comme cela. Chaque fois qu’il y a du désordre, on dit qu’il y a la sérénité. Laquelle ? Il ne peut pas y avoir la sérénité dans une équipe alors qu’il y a des joueurs qui se battent ! Tout le monde le sait, tout le monde le voit ! C’est là le problème. On ne peut pas accepter que cela continue comme cela. Sinon, nous ne ferons absolument rien du tout. Il faut mettre de l’ordre dans cette équipe. Que chacun respecte sa place. Que chacun ne fasse rien que son travail. Tous ceux qui sont là pour prendre de l’argent aux joueurs, qu’ils arrêtent cela. Il ne faut pas qu’ils descendent très bas. S’ils n’ont rien à apporter au football camerounais, qu’ils cessent ce côté bas qui ne fait que desservir le football camerounais. Qu’ils arrêtent leurs petites conneries là. Que ce soit au ministère ou à la fédération, qu’ils arrêtent cela. Qu’ils fassent le travail comme il faut. Après, ils seront payés.
Aujourd’hui, quelles sont vos relations avec Eto’o ?
Depuis nous ne nous sommes pas vus. Je ne peux pas vous dire si les relations sont bonnes ou pas. En tout cas, je n’ai jamais eu de problème avec lui et je ne voudrais même pas avoir de problème avec lui. S’il a été mal conseillé, il a mal réagi, c’est son problème. Cela ne m’intéresse plus. La coupe du monde est terminée, on a vu les résultats. Maintenant, il peut jouer ses champion’s league et gagner, cela ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est le Cameroun.
Comment appréciez-vous cette sortie presque en catimini de Rigobert Song ?
Je suis désolé, il n’est pas sorti en catimini. Il a fait comme tous les joueurs font souvent. Il a annoncé son retrait de l’équipe nationale du Cameroun. Je pense que c’est une très bonne chose pour lui.
Pourtant, aucune autorité du football camerounais n’a assisté à la conférence de presse au cours de laquelle il annonçait ce retrait. Cela ne signifie-t-il rien ?
Il n’a pas besoin d’appeler les autorités quand il annonce son retrait. Il pouvait même le faire dans la rue : rencontrer un journaliste dans la rue et lui dire ‘’je me retire de l’équipe nationale’’. Il n’a pas besoin d’appeler les autorités ! C’est lorsqu’il va faire son jubilé qu’il va les inviter. Il faut que les gens comprennent que ce sont deux choses différentes. Le retrait d’un joueur de l’équipe nationale n’a pas besoin d’être accompagné d’une grande fête. Par contre, à son jubilé, il va inviter tous ceux qui voudront venir.
Jean Lambert Nang le présente comme le dernier Lion doté de l’«esprit Lion», en relevant qu’il était aussi le dernier relais avec la mythique génération de 90 dont vous faites partie. Vous partagez cet avis ?
Je pense que Jean Lambert Nang n’a pas tort et cela se vérifie. Et cela se vérifie parce que depuis 1994 que Rigobert Song est dans les Lions, pour moi, il a été toujours exemplaire. Chacun a ses défauts. Chaque être humain commet des erreurs. Mais je pense qu’un garçon comme lui sort grandi de cette équipe nationale. Et je lui tire un coup de chapeau.
Pour finir, un mot sur la nouvelle cuvée des Lions ?
Je souhaite que les choses aillent le mieux possible. Surtout, qu’on instaure une discipline de fer dans cette équipe. Nous avons une très bonne équipe. Nous avons de très grands joueurs. On l’a encore vu contre la Pologne (match amical Pologne-Cameroun (0-3) du 11 août 2010, Ndlr). Même si la Pologne était faible, on a vu qu’on a des jeunes qui veulent porter le vert-rouge-jaune, qui veulent représenter le Cameroun partout où ils iront. Et je pense qu’il faut encourager cette jeunesse-là.
© Lindovi Njio | La Nouvelle Expression
Après avoir prolongé son séjour hors du Cameroun après la coupe du monde 2010, l’ambassadeur itinérant, resté quelque peu en retrait de l’actualité au Cameroun, malgré qu’il fût parfois interpellé, voire incriminé, s’exprime sur tous les sujets qui ont fait l’actualité : le Mondial 2010, l’agonie du football camerounais, le nouvel encadrement technique des Lions, ses rapports conflictuels avec la Fecafoot dont il est le président d’honneur, ses rapports avec Samuel Eto’o… dans ce franc-parler qu’on lui connaît.
Parti pour la coupe du monde 2010, vous ne venez que de rentrer au pays. Malgré l’éloignement, on va tout de même y revenir. Vous êtes certainement d’avis que pour un coup d’essai, le premier Mondial de football en Afrique a été un coup de maître ?
Tout à fait, parce que pour un pays africain, organiser un grand événement comme la coupe du monde ou les jeux olympiques, c’est vraiment extraordinaire. L’Afrique du sud a réussi son pari ; le continent africain a vraiment réussi son pari et nous en sommes fiers.
Vous y avez rencontré d’autres personnalités telles Mandela, Blatter, Jacob Zuma… De quoi ont parlé tant de sommités ?
Ce n’est pas la première fois que je rencontre Mandela. Ça fait plus de six fois que je le rencontre depuis qu’il est sorti de prison. J’ai été reçu par le président Zuma. Avec Blatter, je suis tout le temps en communication et autres. C’est vrai qu’il y avait toutes les grandes vedettes autour de la coupe du monde. Nous nous sommes croisés, ça fait énormément plaisir de se retrouver et de parler de l’avenir du football mondial.
"Afrique du Sud 2010" a donc été un succès sur le plan organisationnel, mais un échec presque total sur le plan du jeu, côté africain. Comment avez-vous vécu cela ?
C’est pour cela que je dis que chaque pays, chaque individu qui fait partie de ces pays, fasse son mea culpa à travers cette coupe du monde. Ça veut dire qu’il y a quelque chose qu’il faut changer. Qu’on sache que si quelque chose n’est pas parfait dans quatre ou huit ans, rien ne va changer. A ceux qui comprennent, ou qui veulent la réussite du football africain, de savoir comment s’y prendre et changer un peu la situation.
Ça a dû être encore plus difficile à vivre pour vous qui avez contribué à hisser les Lions au niveau qu’on connaît.
Beaucoup n’ont pas pensé de cette manière. Beaucoup n’ont pas cru que le Cameroun avait une très grande carte à jouer en Afrique du sud. C’est pour ça qu’il faut qu’il y a ait une grande assise ici au Cameroun, que chacun ait ses responsabilités, que chacun reste dans son domaine et fasse son travail comme il faut. Il ne faut plus accepter que le Cameroun soit humilié comme ça partout où on va. C’est trop pour le peuple camerounais. C’est trop pour le président de la république qui sort d’énormes sommes d’argent pour ce football. Je crois qu’il faut réagir.
Il y a eu le forum sur le football que le chef de l’Etat a prescrit. Vous n’y croyez pas ?
Vous savez, un forum ce n’est pas pour changer automatiquement les données d’une discipline. Le forum a été fait pour peut-être préparer l’avenir de notre football dans quatre, cinq, six ou sept ans. Ça ne peut pas être immédiat. Il faut déjà savoir ce qui a été fait dans ce forum, ce qui a été proposé, ce qui va être fait. C’est çà qu’il faut voir et essayer de mettre en place. Les résultats d’un forum ne peuvent pas être immédiats. Il faut attendre d’ici trois ou quatre ans pour voir si ce qui a été dit au forum sera profitable au football camerounais.
Selon vous, quelle thérapie doit-on appliquer illico presto, puisque vous avez beaucoup dénoncé l’indiscipline avant même le mondial, sans être apparemment entendu. Et que les fruits du forum sont à attendre dans le futur ?
Le message n’est pas passé parce que ceux qui mettent le désordre dans le football camerounais ne peuvent pas accepter ce genre de message. Maintenant, ce n’est plus à moi de parler de ce problème. Le peuple sait que j’ai parlé de ce problème, et c’est le moment de prendre des décisions.
Autrefois vous ne croyiez pas à Paul Le Guen. Quel regard portez-vous sur le nouvel encadrement technique des Lions ?
Je suis content qu’on ait un encadrement technique tout neuf pour notre équipe nationale. Je souhaite simplement que cet encadrement technique soit à la hauteur par rapport au successeur, surtout en ce qui concerne la discipline. Mais je ne suis pas inquiet parce que François Omam Biyick va faire correctement son travail, surtout côté discipline. Il ne va pas se laisser influencer par n’importe qui dans cette équipe nationale. Pareil pour Clemente parce qu’il sort du chômage et il a besoin de résultats. Donc automatiquement, il va essayer de faire correctement du bon travail. Comme on dit souvent, on juge le maçon au pied du mur. Tout le monde attend que le travail soit bien fait, que la discipline règne dans cette équipe. Maintenant, nous attendons qu’ils commencent leur travail, surtout moi. Personnellement, je serai toujours là pour les encourager, les accompagner dans leur travail s’ils ont besoin de moi. C’est tout à fait normal que je sois là, surtout lorsque le travail est bien fait. S’il est mal fait, j’apporterai toujours mes critiques, comme toujours.
Alors que pour les derniers événements malheureux, on vous a très peu entendu ?
Mais personne n’a demandé ma contribution !
Vous affichez donc obstinément votre engagement à aider le football camerounais, alors que la Fécafoot qui gère ce foot est en train de vous tourner le dos ?
Non ! La Fécafoot ne me tourne pas le dos. C’est moi qui tourne le dos maintenant à la Fécafoot. Moi je suis sorti de la salle parce que je ne peux pas admettre ce qui a été fait par le président de la fédération. S’il n’est pas un monsieur honnête, s’il n’est pas intelligent pour le comprendre, c’est son problème. Mais moi je n’ai aucun problème avec lui. Seulement, je demande que le président de la fédération présente des excuses. Je suis président d’honneur. Il ne peut pas se permettre d’aller commettre une lettre sans s’enquérir de ce que pense le Comité exécutif, sans même m’appeler. Il a mon numéro de téléphone ; il aurait pu m’appeler pour me dire ce qui ne va pas ! Donc je n’ai pas apprécié. J’ai exigé qu’il me demande des excuses devant tout le comité exécutif, il a dit qu’il ne le fait pas. Bon, je les laisse avec leur fédération. Mais qu’il sache que je vais être très dur et très sauvage avec eux dans les prochains jours.
Vous leur avez donné un moratoire; qu’en est-il ?
Non, je ne leur ai pas donné un moratoire sur place. C’est maintenant que je le leur donne. Je leur ai simplement dit que je sortais de la salle et que je ne continuais plus la réunion.
Dans la foulée, vous avez incriminé Tombi à Roko, le secrétaire général de la Fecafoot et Abdouraman Hamadou, le chef de cabinet d’Iya Mohammed. Vous croyez qu’ils y sont pour quelque chose dans ce différend ?
Abdouraman m’a vu samedi lors de la finale de la coupe du Cameroun de football féminin. Il m’a dit qu’il n’y était pour rien. C’est un garçon que j’estime beaucoup parce que je sais qu’il se bat beaucoup. J’ai vraiment vu sa sincérité lorsqu’il me le disait. J’ai dit que si ce n’est pas Abdouraman, ça ne peut être que le secrétaire général de la fédération. Et je vais vous dire que ce secrétaire général ne fait que faire des gaffes et des gaffes. J’ai un document que si je vous montre, c’est une catastrophe. Et c’est un document que je vais aller directement présenter au président Blatter. Et ça va être très dur pour la fédération à ce moment-là.
Pourquoi n’avez-vous pas réagi au moment même où le président de la Fecafoot et au ministre des Sports ont commis leurs lettres qui semblaient faire de vous le fauteur de troubles dans l’équipe nationale ?
Pourquoi réagir ? Ils ont fait une note et je n’étais pas au Cameroun. La note a été lue par tout le monde. J’ai demandé à tous mes fans, à tous ceux qui me supportent, tous ceux qui croient à moi, de ne pas répondre et d’attendre mon retour. Maintenant je suis rentré et je réponds à leurs lettres.
Vous n’avez pas dit que des choses dures à l’endroit de Samuel Eto’o. Vous avez aussi dit qu’il était un atout pour le Cameroun ! Comment interprétez-vous cela ?
Je n’ai même pas dit de mauvaises choses. S’ils comprennent français et s’ils savent lire le français ? Ceux qui comprennent le français ont lu et compris ; et ils m’ont donné raison. Je ne vois même pas quelle mauvaise chose j’ai dite dans mon interview. C’est simplement que les Camerounais ne veulent pas voir la vérité en face. On ne peut pas continuer à tromper le peuple comme cela. Chaque fois qu’il y a du désordre, on dit qu’il y a la sérénité. Laquelle ? Il ne peut pas y avoir la sérénité dans une équipe alors qu’il y a des joueurs qui se battent ! Tout le monde le sait, tout le monde le voit ! C’est là le problème. On ne peut pas accepter que cela continue comme cela. Sinon, nous ne ferons absolument rien du tout. Il faut mettre de l’ordre dans cette équipe. Que chacun respecte sa place. Que chacun ne fasse rien que son travail. Tous ceux qui sont là pour prendre de l’argent aux joueurs, qu’ils arrêtent cela. Il ne faut pas qu’ils descendent très bas. S’ils n’ont rien à apporter au football camerounais, qu’ils cessent ce côté bas qui ne fait que desservir le football camerounais. Qu’ils arrêtent leurs petites conneries là. Que ce soit au ministère ou à la fédération, qu’ils arrêtent cela. Qu’ils fassent le travail comme il faut. Après, ils seront payés.
Aujourd’hui, quelles sont vos relations avec Eto’o ?
Depuis nous ne nous sommes pas vus. Je ne peux pas vous dire si les relations sont bonnes ou pas. En tout cas, je n’ai jamais eu de problème avec lui et je ne voudrais même pas avoir de problème avec lui. S’il a été mal conseillé, il a mal réagi, c’est son problème. Cela ne m’intéresse plus. La coupe du monde est terminée, on a vu les résultats. Maintenant, il peut jouer ses champion’s league et gagner, cela ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse c’est le Cameroun.
Comment appréciez-vous cette sortie presque en catimini de Rigobert Song ?
Je suis désolé, il n’est pas sorti en catimini. Il a fait comme tous les joueurs font souvent. Il a annoncé son retrait de l’équipe nationale du Cameroun. Je pense que c’est une très bonne chose pour lui.
Pourtant, aucune autorité du football camerounais n’a assisté à la conférence de presse au cours de laquelle il annonçait ce retrait. Cela ne signifie-t-il rien ?
Il n’a pas besoin d’appeler les autorités quand il annonce son retrait. Il pouvait même le faire dans la rue : rencontrer un journaliste dans la rue et lui dire ‘’je me retire de l’équipe nationale’’. Il n’a pas besoin d’appeler les autorités ! C’est lorsqu’il va faire son jubilé qu’il va les inviter. Il faut que les gens comprennent que ce sont deux choses différentes. Le retrait d’un joueur de l’équipe nationale n’a pas besoin d’être accompagné d’une grande fête. Par contre, à son jubilé, il va inviter tous ceux qui voudront venir.
Jean Lambert Nang le présente comme le dernier Lion doté de l’«esprit Lion», en relevant qu’il était aussi le dernier relais avec la mythique génération de 90 dont vous faites partie. Vous partagez cet avis ?
Je pense que Jean Lambert Nang n’a pas tort et cela se vérifie. Et cela se vérifie parce que depuis 1994 que Rigobert Song est dans les Lions, pour moi, il a été toujours exemplaire. Chacun a ses défauts. Chaque être humain commet des erreurs. Mais je pense qu’un garçon comme lui sort grandi de cette équipe nationale. Et je lui tire un coup de chapeau.
Pour finir, un mot sur la nouvelle cuvée des Lions ?
Je souhaite que les choses aillent le mieux possible. Surtout, qu’on instaure une discipline de fer dans cette équipe. Nous avons une très bonne équipe. Nous avons de très grands joueurs. On l’a encore vu contre la Pologne (match amical Pologne-Cameroun (0-3) du 11 août 2010, Ndlr). Même si la Pologne était faible, on a vu qu’on a des jeunes qui veulent porter le vert-rouge-jaune, qui veulent représenter le Cameroun partout où ils iront. Et je pense qu’il faut encourager cette jeunesse-là.